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Vendredi 12 mai 2023
Le FILM
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★ ½
texte
Élie Castiel
L’amour en fuite
Pour certains, quelque chose d’hérétique, d’impudique même. Enfreindre l’originalité des œuvres lyriques pour leur insuffler une dose de contemporanéité. Et totalement, puisque dans ce Carmen, le décor est situé quelque part dans la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Seul lien avec l’originale, la latinité de l’héroïne. Et encore, des personnages qui font fi du livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Encore moins de la musique de Bizet.
On soulignera qu’il s’agit d’une adaptation libre du Mérimée. Quelque chose comme un road-movie clair-obscur qui parcours les terrains vagues des lieux et ceux du cœur. Une histoire d’amour, certes. Benjamin Millepied ne peut s’en empêcher. Et une chorégraphie, ou « des » chorégraphies, dont celle qui inaugure le film demeure la plus intéressante, par son exubérance, son tempérament, la manière d’être et de bouger de la danseuse – magistrale, souveraine Marina Tamayo (dans le film, Zilah, la mère de Carmen).
Cette séquence d’ouverture laisse présager une suite endiablée, fiévreuse, comme dans l’opéra. Et puis, soudain, sans qu’on s’y attende, une suite d’évènements frontaliers qui abordent la fiction codifiée et dans le même temps saupoudrée d’un élan de surréalisme jamais vu auparavant.
Autant les spectateurs que les critiques sont désorientés, comme pris par une étrange sensation de « (re)nouveau » difficile à percer, et pourtant quelque chose du domaine du « déjà-vu », mais à laquelle le réalisateur-chorégraphe, dont c’est ici le premier long métrage, injecte une dose d’effets formels et narratifs à la fois improvisés et contrôlés au millimètre près.
L’abandon, même en état de danger, est une source d’inspiration.
Des va-et-vient entre l’amour fou et celui en fuite. Elle, c’est Carmen (versatile et sculpturale Melissa Barrera) et lui, c’est Aidan (et non pas un prénom d’emprunt à l’opéra). Millepied semble ignorer Bizet pour, avec humilité, il faut l’admettre, se rendre compte de la tâche difficile dans laquelle il s’est commodément placé.
Parfois même laborieusement puisque les efforts pour évincer les origines du projet lui font des tours. Entre hésitations, doutes, joutes amoureuses plus ou moins bien senties, chorégraphies inusitées – même si Paul Mescal dans ses quelques mouvements n’est pas très convaincants à son corps d’athlète défendant, la Barrera, elle, sait de quoi il est question.
Quelque chose comme un mélange hybride de genres, de sensations et de conventions émerge de cette Carmen – il faut même avoir du toupet pour reprendre le titre original de l’œuvre de Bizet – donnant aux deux interprètes principaux, hormis de Palma dont nous avons évoqué les atouts plus haut, la possibilité de s’engager, et pourquoi pas, se compromettre, dans une proposition risquée, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une première incursion dans le long métrage.
Et un petit côté LGBT, pour faire inclusif, l’homoérotisme (qui se défend bien de l’être) du corps masculin et la présence de Rossy de Palma, propriétaire associée d’une boîte de nuit en plein terrain perdu et qui, à l’intérieur possède une salle de premier choix, comme si l’établissement était situé dans une grande ville. Comment Masilda (de Palma) s’est-elle retrouvée là?
Un côté jouissivement almodóvarien, saupoudré de LGBTisme
De Palma, encore une fois, c’est Almodóvar par loyauté, mais ayant poursuivi une carrière internationale. Ce qui ne l’a pas empêché de toujours frôler avec ses premières amours. Elle reste fidèle à ses origines dramatiques, son sens de l’humour queer, même si apparemment elle ne l’est pas.
Peu importe. Le film de Benjamin Millepied, époux de l’israélo-américaine Nathalie Portman, conçoit l’originale à sa façon. Ne peut-il pas se le permettre, lui, qui avait chorégraphié la partie dansée dans Black Swan, de Darren Aronofsky, au grand étonnement de tous?
Quelque chose comme un mélange hybride de genres, de sensations et de conventions émerge de cette Carmen – il faut même avoir du toupet pour reprendre le titre original de l’œuvre de Bizet – donnant aux deux interprètes principaux, hormis de Palma dont nous avons évoqué les atouts plus haut, la possibilité de s’engager, et pourquoi pas, se compromettre, dans une proposition risquée, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une première incursion dans le long métrage.
Paul Mescal, l’Irlandais, qui se taille une place de plus en plus visible au cinéma (trois nouveaux films à venir, dont le Merrily We Roll Along, de Richard Linklater, et avant cela, le Gladiator 2, de Ridley Scott, partage son jeu entre son côté Pinup-Boy (qui lui sied quand même très bien) et une volonté simcère de correspondre adroitement avec ce que signifie concevoir un rôle.
Entretemps, on se permettra de bien apprécier ce drame romantique dont les enjeux amoureux subsistent au passage du temps, du moins au cinéma.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Benjamin Millepied
Scénario
Loïc Barrere, Alexander Dinelaris
D’après le roman de Prosper Mérimée
Direction photo
Jörg Widmer
Montage
Dany Cooper
Musique
Nicolas Brittell. Chansons : Nicolas Brittell,
Taura Stinson & Julieta Venegas
Benjamin Millepied.
Dans son cas, entamer un premier
long chorégraphié est chose normale.
Genre
Conte poétique
Origine
Australie / France
États-Unis
Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min
Langue
V.o. : anglais, espagnol; s.-t.a. ou s.-t.f.
Carmen
Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Sony Pictures Classics ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
CRITIQUE.
[ En ligne ]
Sortie
Mardi 16 mai 2023
★★★
Squatter
pour
tenter
de mieux
briller
texte
Élie Castiel
Quelques courts sujets, dont le plus récent, Copa-Loca, date de 2017, situe l’action dans une station estivale désaffectée, au même titre que dans Broadway, au toit d’un endroit de divertissement quelque part à Athènes, où seul le cinéma en plein air semble encore en activité. Le reste, abandonné.
Christos Massalas, fin de la trentaine, serait-il attiré par les accoutrements autant vestimentaires que psychologiques des protagonistes qu’il met en scène? La Grèce touristique est catégoriquement refusée ici. Elle n’a pas droit de cité. Hellas, la nouvelle, fait maintenant partie prenante de l’Europanéité et ce sentiment d’appartenance semble avoir créer une sorte d’appréhension inconsciente, notamment chez citoyens des grandes villes, là où on peut, souvent malgré soi, le plus manifester cette appartenance à une Europe des nations.Suite