Le Coyote

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 31 mars 2023

SUCCINCTEMENT.
Chef cuisinier dans ses beaux jours, Camilo est aujourd’hui un cinquantenaire usé qui travaille pour une compagnie d’entretien ménager. Un ancien collègue va lui donner sa chance dans un resto à Baie-Comeau. Mais il n’a pas compté sur la visite de Tania, sa fille avec qui il avait coupé les liens, qui lui demande de s’occuper de son petit-fils.

 

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE

★★★★

texte
Élie Castiel

Les points d’attache de Katherine Jerkovic, diplômée en cinéma de l’Université Concordia, plus précisément dans le domaine de la réalisation, se situent entre la Belgique et l’Uruguay. Cette double appartenance lui confère-t-elle une sorte d’immunité diplomatique cinématographique?

 

Les

routes

ondulées

de

l’ailleurs

 

Autant dire que c’est Montréal (et La Malbaie) qu’elle a choisi pour illustrer le récit d’un immigrant mexicain installé ici depuis longtemps. Et puis, le grand miracle qui s’accomplit lorsqu’il a la possibilité d’obtenir un poste de chef dans un restaurant de La Malbaie.

Un renversement de la part de Jerkovic montrant jusqu’à quel point la trajectoire immigrante peut s’avérer errante, occupant un vaste territoire selon les possibilités qui s’ouvrent aux nouveaux arrivants. Cette étape dans la vie de Camilo (sensible Jorge Martinez Colorado, alliant avec justesse distanciation, nostalgie, résilience et plus encore, résignation). Après tout, la chance lui sourit.

Et puis, des nouvelles de sa fille qu’il n’a pas vue depuis des lustres (vous connaîtrez les détails en allant voir le film) qui lui demande de s’occuper de son petit-fils, Zachary (très juste et naturel Enzo Desmeules Saint-Hilaire).

Hésitation de la part de Camilo qui voit son projet bouleversé, suivi d’une espèce d’épiphanie, de volte-face inespéré face à son existence dans la découverte de ses véritables racines familiales.

Vers quelque chose de plus profond.

Sur ce point, sans pathos, sans effets mélodramatiques, avec un sens particulièrement aigu de la psychologie, Jerkovic distille ces retournements de situations en les convertissant en comportement tout à fait normaux.

À un certain point, les liens entre Camilo et Zachary, d’abord circonspects, deviennent des modes de vie.

Et puis, le retour de Tanya, sa fille (très compétente Eva Avila), avec qui les « nouveaux » rapports ne peuvent qu’être anguleux. Belle occasion pour la cinéaste de situer son travail dans la direction d’acteurs.

Plus fidèle à sa latinité, Jerkovic aborde ces thèmes si prisés comme le rachat, la quête d’un idéal, la réalisation qu’il peut être brisé en accueillant une expérience toute nouvelle dans la vie.

[ … ] La mise en scène, à la fois touchante et se permettant de prendre un certain recul, parvient justement à entretenir un certain équilibre, nécessaire pour désengorger l’ensemble.

La direction photo de Léna Mill-Reuillard (très remarquée dans le brillant Une colonie de Geneviève Dulude-De Celles) ajuste l’objectif selon les situations, les lieux, chacun donnant droit à un changement dans la couleur.

Plus fidèle à sa latinité, Jerkovic aborde ces thèmes si prisés comme le rachat, la quête d’un idéal, la réalisation qu’il peut être brisé en accueillant une expérience toute nouvelle dans la vie.

La mise en scène, à la fois touchante et se permettant de prendre un certain recul, parvient justement à entretenir un certain équilibre, nécessaire pour désengorger l’ensemble.

Reste, néanmoins, que dans cet univers de changements constants, Jerkovic administre cette notion si précieuse de solidarité pour palier à l’inévitable solitude. Une force qui vient de l’esprit, soumise également aux variantes du cœur.

Encore une fois, les cinéastes de la diversité tracent de plus en plus les chemins d’une complète insertion dans le cinéma québécois, quelles que soient les origines. C’est tout à fait normal.

Après Les routes en février (2018), Katherine Jerkovic a senti le besoin de continuer son périple vers la découverte de l’ailleurs, même si incertain.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Katherine Jerkovic

Scénario
Katherine Jerkovic
Direction photo
Léna Mill-Rémillard

Montage
Sophie Farkas Bolla
Musique
David Drury

Katherine Jerkovic.
S’intéresser aux autres.

Genre
Drame

Origine
Canada
Année : 2022 – Durée : 1 h 29 min
Langue
V.o. : français, espagnol, anglais;

s.-t.f. ou s.-t.a.
Coyote

Dist. [ Contact ] @
FunFilm

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa en attente

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Les Cyclades

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 31 mars 2023

SUCCINCTEMENT.
Adolescentes, Blandine et Magalie étaient inséparables. Les années ont passé et elles se sont perdues de vue. Alors que leurs chemins se croisent de nouveau, elles décident de faire ensemble le voyage dont elles ont toujours rêvé. Direction la Grèce.

CRITIQUE

★★ ½

À

coups

de

bas

et

de

quelques

hauts

texte
Élie Castiel

On aurait voulu dire de belles choses sur le tout dernier film de Marc Fitoussi, Les Cyclades, titre prometteur, voir promotionnel pour d’aucuns. Et surtout tournant principalement autour de personnages féminins.

Comme d’habitude, cette tendresse, cet engouement pour la femme depuis son premier long, La vie d’artiste (2007), suivi de Copacabana (2010) ou en passant par le segment Le troll (du cosigné Selfie, 2019).

L’homme, connais pas vraiment. Ou tout du moins, des individus qui se présentent comme ça, au hasard des situations – comme dans un endroit peu fréquenté d’une des îles des Cyclades, en Grèce, où, entre copains, on s’adonne au joie du surfing, en attendant…

Ce qui rend sans nul doute la proposition plus originale, le lieu, filmé magnifiquement bien par l’objectif amusé et étonné d’Antoine Roch. En fait, ces îles que certains découvrent ne sont-elles pas le point culminant d’une intrigue qui s’étend inlassablement sans se rendre compte que le temps passe?

Pour se rappeler de ce temps-là.

À la folie, certes douce, mais trop poussée, de Magalie (ici, Laure Calamy un peu trop excitée), on ose préférer la douce timidité et l’inquiétude non justifiée, mettons presque toujours, de Blandine (beau jeu d’Olivia Côté).

Deux femmes aux antipodes – comme quoi les contraires n’attirent pas toujours du premier coup, bien que… ). C’est lorsque se présente le personnage de Bijou (Kristin Scott Thomas jouant la carte de la vulgarité jusque dans ses limites) que Fitoussi reprend son statut de chef d’orchestre, cette fois-ci plus décidé.

Le drame est plus intéressant que la comédie. Les problèmes entourant les personnages percutent nos âmes sensibles. Le cinéaste a plus de pain sur la planche pour rendre cette comédie « comédie dramatique ». Là, nos deux étoiles (★★) du début accueillent, légitimement, une nouvelle demie.

Les Cyclades ou la revanche des comédies d’une certaine époque qu’on a perdu de vue depuis très longtemps et qui tentent de se frayer un chemin dans la mêlée industrielle actuelle de nouvelles sorties (en salle – vraiment, s’en est trop).

Et pourtant, d’habitude, Fitoussi fait dans la subtilité, sans retouche; dans l’élégance d’une certaine époque révolue qu’il met au goût du jour. Mais pas dans ces Cyclades où mis à part Blandine, toutes et toutes veulent s’éclater sans penser à rien – on est après tout en vacances.

Tout bien considéré, on ne lésinera pas sur l’image CinémaScope sensiblement léchée et la couleur bleutée de ces lieux où le temps semble s’être arrêter.

Et puis, la faune locale? – elle n’existe pas, aucun mot grec prononcé dans ces lieux de paradis, sauf les quelques-uns chuchotés par Dimitris (Panos Koronis, disons, absent) voulant que notre vocabulaire a emprunté plusieurs mots de la langue grecque – on le sait, mais avons parfois tendance à l’oublier.

Ces endroits idylliques sont-ils habités? À part la patronne d’une petite auberge perdue quelques part pour archéologues étrangers venus faire des fouilles – et qui parle un français plus qu’acceptable, pas âme qui vive.

Tout bien considéré, on ne lésinera pas sur l’image CinémaScope sensiblement léchée et la couleur bleutée de ces lieux où le temps semble s’être arrêter.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Marc Fitoussi

Scénario
Marc Fitoussi
Direction photo
Antoine Roch

Montage
Catherine Schwartz
Musique
Mocky

Marc Fitoussi.
Une forte envie de lâcher du leste.

Genre
Comédie dramatique

Origine
France / Grèce
Belgique
Année : 2022 – Durée : 1 h 50 min
Langue
V.o. : français

Les Cyclades
Kykládes

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

 

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Lost King

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 31 mars 2023

SUCCINCTEMENT.
Une historienne amateure britannique cherche la sépulture d’un roi honni.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

 

Un fantôme

en plein jour

 

À l’issue d’une conférence, une historienne amateure discute avec un généalogiste qui lui dit que pendant la Réforme britannique, les emplacements où se trouvaient églises et monastères détruits n’étaient habituellement pas reconstruits à cause du caractère possiblement sacré des lieux.

Richard III, dernier roi Plantagenêt1 anglais, est mort il y a plus de cinq siècles et la dynastie Tudor qui lui a succédé après cette guerre civile a considérablement noirci son image. Le premier dramaturge de cette ère, le génial William Shakespeare en a fait dans sa pièce éponyme un être vil, meurtrier d’enfants et donc devant être abattu. Le sort de son cadavre, après la fameuse et courte bataille de Bosworth près de Leicester, était toujours inconnu il y a moins de vingt ans.

Un revenant qu’on accueille avec enthousiasme.

Le scénario de Coogan et Pope reprend plusieurs éléments de la biographie de Philippa Langley tout en les modifiant. La quête de cette membre de la Richard III Society a duré environ quatorze ans et la séquence de la représentation théâtrale sert surtout à relier cette recherche avec l’histoire littéraire et politique britannique. Plusieurs dialogues jouent d’ailleurs sur les nombreux Richard que peut rencontrer la dite Philippa.

Stephen Frears, dans plusieurs scènes retrouve l’allant de Philomena dans cette comédie dramatique qui relate avec une certaine légèreté les circonvolutions de cette enquête dont l’issue nous est connue depuis plus de dix ans.

Sally Hawkins, déjà si centrale dans The Shape of Water, incarne avec une vive intelligence cette femme, frappée du syndrome de fatigue chronique qui trouve, dans ce projet qui prend une forme visible, un nouvelle raison de vivre. Steve Coogan dissimule un peu son esprit sarcastique habituel dans le rôle de l’ex-mari quelque peu dépassé par les événements.

Stephen Frears, dans plusieurs scènes retrouve l’allant de Philomena dans cette comédie dramatique qui relate avec une certaine légèreté les circonvolutions de cette enquête dont l’issue nous est connue depuis plus de dix ans. Nous sommes pourtant bien loin, dans cette critique de la condescendance de certains universitaires engoncés dans leurs certitudes, de la maestria du portrait de la famille royale frappée par un drame dans The Queen.

 1 Richard de la Pole, dit Blanche Rose, neveu de Richard III, est l’ancêtre entre autres de Montesquieu et Frontenac.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Stephen Frears

Scénario
Steve Coogan. D’après le livre de
Philippa Langley, The Search for Richard III
Direction photo
Zach Nicholson

Montage
Pia Di Ciaula
Musique
Alexandre Desplat

Stephen Frears.
Revoir l’Histoire,
sans arrière-pensées.

Genre
Comédie dramatique

Origine
Grande-Bretagne
Année : 2022 – Durée : 1 h 48 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Le roi perdu

Dist. [ Contact ] @
n. d.
[ IFC Films ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

 

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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