Un beau matin

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 février 2023

SUCCINCTEMENT.
Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps.

 

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★ 

texte
Élie Castiel

 

De la subite mélancolie 

à la lueur des possibles

 

Force est de souligner que Lea Seydoux illumine l’écran par sa gestuelle, son phrasé, ses paroles mesurées que, selon le cas, intempestives. Le film de Mia Hansen-Løve, toujours autour de la famille et de l’affect, sillonne les endroits parisiens (intérieurs et ailleurs) pour nous proposer un récit aussi émouvant que bouleversant.

Ancien prof de philosophie, collectionneur de livres, comme il se doit, possédant une bibliothèque-maison non négligeable, Georg décline, comme ça, du jour au lendemain. Et puis, la maladie, celle-ci dégénérative comme plusieurs autres, qui s’empare du corps et surtout de l’esprit pour le conduire vers cet inconnu si redouté.

Comme tout film de l’Hexagone qui se respecte, notamment quand le récit se passe dans un milieu urbain plutôt favorisé, l’émotion n’est pas toujours palpable, plutôt intérieure, galvanisée par petites intervalles.

Si d’une part, Hansen-Løve filme la décrépitude, le déclin, avec une sensibilité des plus perspicaces, il n’en demeure pas moins qu’elle soumet le personnage de Sandra (encore une fois troublante et hypersensible Seydoux). Elle porte constamment un sac dans son dos comme s’il contenait tous les pièges de son existence. Elle porte des jeans, a les cheveux en garçonne, croit aux vertus de la famille. Elle est traductrice et interprète, mais a de la difficulté à interpréter sa propre existence.

Et si cette fois-ci, c’était le bon moment!

Mais le cinéma, et surtout la fiction, étant ce qu’elle est, les spectateurs se sentent apprivoiser pas ce genre de personnages, sorte d’effets-miroir d’eux -mêmes.

Les autres interprètes, dont Nicole Garcia, Pascal Greggory et Melvil Poupaud, compatissent avec l’idée de la cinéaste-scénariste dont l’écriture est à la fois issue du drame sentimental que du portrait intimiste autour d’une galerie de personnages.

Le murmure est privilégié. Quelque chose de Bergmanien (clin d’œil peut-être à Bergman’s Island, toujours signé Hansen-Løve) située sur l’île de Farö). Le chuchotement, comme un recul face au « dit » au trop prononcé. Le sous-entendu, le peu brillant, le suggéré, c’est ce qu’affectionne en haut lieu la cinéaste. C’est ce qu’on appelle en langage courant « discrétion ».

[ … ] le cinéma, et surtout la fiction, étant ce qu’elle est, les spectateurs se sentent apprivoiser pas ce genre de personnages, sorte d’effets-miroir d’eux-mêmes.

Ce beau poème amoureux sur un deuil annoncé, autant de la part du malade que parmi ses proches, notamment dans le cas de Sandra, se conclut sur un plan lumineux, dans tous les sens du terme, un moment privilégié où la jeune femme ne porte pas dans son dos les poids laborieux de son existence; et sa robe, affiche des couleurs scintillantes, comme le printemps.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mia Hansen-Løve

Scénario
Mia Hansen-Løve
Direction photo
Denis Lenoir

Montage
Marion Monnier
Musique
[ Pièces variées ]

Mia Hansen-Løve
Parler des choses que l’on connaît.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2022 – Durée : 1 h 52 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

One Fine Morning

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Les Films du Losange ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Un homme heureux

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 février 2023

SUCCINCTEMENT.
Alors que Jean, maire très conservateur d’une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu’elle ne peut plus taire…

S A N S
COMMENTAIRES.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Tristan Séguéla

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
France

Année : 2022 – Durée : 1 h 29 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

For Better and for Worst

Dist. [ Contact ] @
A-Z Films
[ Gaumont ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien 
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Une jeune fille qui va bien

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 février 2023

SUCCINCTEMENT.
Été 1942. Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre. Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

L’insouciante

 

L’épure semble conduire intimement les
pas de Sandrine Kiberlain, comédienne
tentant l’aventure de la réalisation avec
un premier long métrage – après le
court sujet remarqué Bonne figure (2016)
– certes prometteur, mais n’opérant pas
à tous les niveaux.

Les premiers plans, frontaux, obsédants, augurent déjà la proposition de belle façon, celle en tout cas d’éviter que le récit tombe dans le piège de la démesure, sans trop d’ombrages relevant de ce qu’on a déjà pu dire, et surtout montrer, sur une histoire que le cinéma ne cesse d’aborder.

L’étoile jaune dont il est question est rarement mentionnée et quand c’est le cas, c’est sous une forme quasi parcimonieuse, puisqu’on se sent Français et que la France ne peut faire de faux pas. En contrepoint, magnifique dernier plan qui clôt le film abruptement et exprime par-là même le rôle du cinéma. Cette fameuse morale dont on parlait il n’y a pas si longtemps et déjà perdue de vue.

Kiberlain l’exprime à tout vent et ne se retient nullement. La présence de Rebecca Marder y est pour quelque chose. Elle plonge corps et âme dans une aventure qui la dépasse, mais en fait qu’elle ignore (par choix? / pour oublier? / par conscience?). Elle accumule les petites aventures sentimentales, est animée d’un goût particulier pour les planches. Le reste ne l’intéresse guère, même si elle affiche un tendre affection, même constante, pour la famille. Orpheline de mère, père attachant même si prudent face à ce qui se passe « en ce moment ».

Pour le moment, à l’intérieur, tout se passe normalement.

C’est justement le paradoxe du quotidien que montre la comédienne-cinéaste avec un sens mesuré de la litote, de ce je-ne-sais-quoi qui consiste à dénaturer l’instant, le moment, le spontané, comme mesures cinématographiques et non pas prises de réalisme.

Kiberlain utilise beaucoup la grammaire des images en mouvement plus par expérimentation qu’elle ne le fait pour alimenter un récit qui aurait très bien pu virer au cauchemar, comme tant de films l’ont fait.

Et pourtant, à force de bien observer, chaque instant, du moins pour les membres de cette famille, nous semble le dernier, chaque réunion autour de la table affiche une sensation de finitude comme des derniers instants de bonheur éphémère.

Anachronique par moments, Kiberlain libère les époques (de plus en plus fréquent dans le cinéma actuel), sourit plutôt que de souffrir les temps durs qui approchent à grands pas et, mine de rien, propose une image concluante, véritable coup de poing lancé aux spectateurs, comme ça, sans prévenir.

Nul doute que Sandrine Kiberlain opte pour la délicatesse, cet art si rare de réussir à exprimer le pire à coups de fragiles pinceaux qu’on applique ingénieusement.

Sans doute vedette montante, Anthony Bajon (entre autres, Un autre monde de Stéphane Brizé et Athena, de Romain Gavras) réussit son personnage dans toutes les séquences, même quand il souffre d’une peine d’amour. Il aborde les situations comme si elles définissaient une manière d’exister, de se comporter, de conquérir l’espace.

Anachronique par moments, Kiberlain libère les époques (de plus en plus fréquent dans le cinéma actuel), sourit plutôt que de souffrir les temps durs qui approchent à grands pas et, mine de rien, propose une image concluante, véritable coup de poing lancé aux spectateurs, comme ça, sans prévenir.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sandrine Kiberlain

Scénario
Sandrine Kiberlain
Direction photo
Guillaume Schiffman

Montage
François Gédigier
Musique
Patrick Desremaux
Marc Marder

Rebecca Marder (arière-plan), Sandrine Kiberlain (avant).
Une complicité fusionnelle.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France

Allemagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 38 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

A Radiant Girl

Dist. [ Contact ] @
Cinéma du Parc
[ Film Movement ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

Classement(suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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