Une jeune fille qui va bien

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 février 2023

SUCCINCTEMENT.
Été 1942. Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre. Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

L’insouciante

 

L’épure semble conduire intimement les
pas de Sandrine Kiberlain, comédienne
tentant l’aventure de la réalisation avec
un premier long métrage – après le
court sujet remarqué Bonne figure (2016)
– certes prometteur, mais n’opérant pas
à tous les niveaux.

Les premiers plans, frontaux, obsédants, augurent déjà la proposition de belle façon, celle en tout cas d’éviter que le récit tombe dans le piège de la démesure, sans trop d’ombrages relevant de ce qu’on a déjà pu dire, et surtout montrer, sur une histoire que le cinéma ne cesse d’aborder.

L’étoile jaune dont il est question est rarement mentionnée et quand c’est le cas, c’est sous une forme quasi parcimonieuse, puisqu’on se sent Français et que la France ne peut faire de faux pas. En contrepoint, magnifique dernier plan qui clôt le film abruptement et exprime par-là même le rôle du cinéma. Cette fameuse morale dont on parlait il n’y a pas si longtemps et déjà perdue de vue.

Kiberlain l’exprime à tout vent et ne se retient nullement. La présence de Rebecca Marder y est pour quelque chose. Elle plonge corps et âme dans une aventure qui la dépasse, mais en fait qu’elle ignore (par choix? / pour oublier? / par conscience?). Elle accumule les petites aventures sentimentales, est animée d’un goût particulier pour les planches. Le reste ne l’intéresse guère, même si elle affiche un tendre affection, même constante, pour la famille. Orpheline de mère, père attachant même si prudent face à ce qui se passe « en ce moment ».

Pour le moment, à l’intérieur, tout se passe normalement.

C’est justement le paradoxe du quotidien que montre la comédienne-cinéaste avec un sens mesuré de la litote, de ce je-ne-sais-quoi qui consiste à dénaturer l’instant, le moment, le spontané, comme mesures cinématographiques et non pas prises de réalisme.

Kiberlain utilise beaucoup la grammaire des images en mouvement plus par expérimentation qu’elle ne le fait pour alimenter un récit qui aurait très bien pu virer au cauchemar, comme tant de films l’ont fait.

Et pourtant, à force de bien observer, chaque instant, du moins pour les membres de cette famille, nous semble le dernier, chaque réunion autour de la table affiche une sensation de finitude comme des derniers instants de bonheur éphémère.

Anachronique par moments, Kiberlain libère les époques (de plus en plus fréquent dans le cinéma actuel), sourit plutôt que de souffrir les temps durs qui approchent à grands pas et, mine de rien, propose une image concluante, véritable coup de poing lancé aux spectateurs, comme ça, sans prévenir.

Nul doute que Sandrine Kiberlain opte pour la délicatesse, cet art si rare de réussir à exprimer le pire à coups de fragiles pinceaux qu’on applique ingénieusement.

Sans doute vedette montante, Anthony Bajon (entre autres, Un autre monde de Stéphane Brizé et Athena, de Romain Gavras) réussit son personnage dans toutes les séquences, même quand il souffre d’une peine d’amour. Il aborde les situations comme si elles définissaient une manière d’exister, de se comporter, de conquérir l’espace.

Anachronique par moments, Kiberlain libère les époques (de plus en plus fréquent dans le cinéma actuel), sourit plutôt que de souffrir les temps durs qui approchent à grands pas et, mine de rien, propose une image concluante, véritable coup de poing lancé aux spectateurs, comme ça, sans prévenir.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sandrine Kiberlain

Scénario
Sandrine Kiberlain
Direction photo
Guillaume Schiffman

Montage
François Gédigier
Musique
Patrick Desremaux
Marc Marder

Rebecca Marder (arière-plan), Sandrine Kiberlain (avant).
Une complicité fusionnelle.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France

Allemagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 38 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

A Radiant Girl

Dist. [ Contact ] @
Cinéma du Parc
[ Film Movement ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

Classement(suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]