Chambres d’écho

CRITIQUE
[ Scène. ]

★★★ ½

 

Dès le début, le discours tenu par le comédien Étienne Pilon annonce ce que sera le résultat. Un texte aux allures récitatrices plutôt qu’interprétées. C’est sans doute dans l’ordre des choses.

Ce

qui

reste

de

nous

      texte
      Élie Castiel

Pour une raison bien simple. Philippe Ducros est auteur, dramaturge, certes, mais aussi combatif. Contre les injustices, contre les abus de pouvoir. Militant dans l’âme sans doute. Mais pour qu’une pièce de théâtre puisse autant captiver que nous pousser à remettre en question certains de nos préacquis, nous devons être les témoins d’une mise en contexte (mise en scène) incarnée, poussé par un enivrement face aux mots prononcés, aux paroles qui comptent, au rythme qui, ici, fait parfois défaut.

Il faut une tonalité, un son de la voix, une allure corporelle et non pas de simples mouvements d’allers-retours. Il faut, dans un sens large, une sorte de connivence entre l’espace dramaturgique et les spectateurs.

Comme deux présences indicibles.
Crédit : @ Maxime Côté

Philippe Ducros signe la mise en scène et peut-être bien qu’il est trop prisonnier de son texte. Un écrit aux causes nobles, certes, vu les tensions actuelles autour du monde, y compris, bien entendu, le Moyen-Orient, ce qui semble être son endroit de prédilection.

Ducros ou le compromis par la raison. Ducros ou la conviction que le chaos ne peut disparaître que si on intervient. Ducros ou la soif de liberté.

Un conflit : en Syrie. Insoutenable. Un personnage : Samia. Elle risque le tout pour le tout. Et elle l’exprime. Dans ce champ/contrechamp assez particulier entre un alter ego de l’auteur et celle pour qui il écrit, quelque chose comme de l’anti-théâtre, comme si le décor (ici d’une simplicité hellénisante, comme dans les vieilles tragédies grecques), quelques moniteurs qui affichent ce qui se passe aujourd’hui. Hezbollah et autres appartenances. Liban, Syrie… Que dire de plus.

Les fonctionnaires du pouvoir,
sur tous les écrans
Crédit : @ Maxime Côté

Projections de phrases en anglais, traduites en français (malheureusement en lettres trop petites pour pouvoir lire convenablement) comme pour actualiser le discours.

[ … ] un refus de sensibilité. Un rejet de l’image sentimental. Un barrage contre le côté spectaculaire du théâtre. Pas d’effets spéciaux, mais un rapport au théâtre où le concret l’emporte sur le fallacieux, où ce qu’on peut supposer être de la froideur n’est en sorte que distanciation nécessaire.

Pour les spectateurs, une sorte d’allocution pédagogique qui assume sa prédestination, comme un avertissement, non pas venu de dieu, mais des Dieux. Comme s’ils étaient nombreux et non pas unique, éternel.

Pour cela, un refus de sensibilité. Un rejet de l’image sentimental. Un barrage contre le côté spectaculaire du théâtre. Pas d’effets spéciaux, mais un rapport au théâtre où le concret l’emporte sur le fallacieux, où ce qu’on peut supposer être de la froideur n’est en sorte que distanciation nécessaire.

En fin de compte, ne s’agit-il pas de théâtre engagé, un spécimen qu’on avait perdu de vue, depuis longtemps déjà.

En quelque sorte, que reste-t’il de nous? Peut-être bien que nous commencions finalement à réagir.

ÉQUIPE DE CRÉATION
Texte
Philippe Ducros
Mise en scène
Philippe Ducros

Assistance à la m.e.s.
Charlotte Ménard
Interprètes

Étienne Pilon
Mounia Zahzam

Vidéo
Gaspard Philippe
Scénographie

Nadine Jafaar
Lumières

Thomas Godefroid
Costumes
Marianne Lonergan Pilotto
Musique
Ludovic Bonnier

Production
Hôtel-Motel
En collaboration avec Espace Libre

Durée
1 h 25 min

[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets
@ Espace Libre
Jusqu’au 4 mars 2023

Avis
Déconseillé aux jeunes enfants

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]