Tori et Lokita

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 04 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
En Belgique, deux mineurs étrangers tentent de survivre.

Pas l’un

sans

l’autre

CRITIQUE.

texte
Luc Chaput

★★★ ½
Un enfant pose des questions à une plus vieille
que lui et améliore ses réponses en cas d’erreur.

Dans la province de Liège, les frères cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne auscultent depuis plus de trente ans la société occidentale et son rapport aux plus faibles.

Tori et Lokita vivent dans un centre pour Menas, mineurs étrangers non accompagnés. Pendant leur périlleux voyage vers l’Europe, ces deux Africains ont établi rapidement une affinité élective qui les fait se considérer comme frère et sœur.

Les deux acteurs non professionnels Pablo Schils et Joely Mbundu qui sont à leurs premières armes relèvent admirablement le défi. Ils attirent constamment par leur vibrante jeunesse le regard et l’empathie dans ce dense cri du cœur sur le sort catastrophique réservé à ces mineurs jetés sur les bas-côtés de l’Histoire.

En ouverture, la caméra cadre fixement Lokita qui répond difficilement aux questions des enquêteurs de l’immigration sur ses liens avec Tori. Lokita, adolescente et soutien de famille, trouve en Tori, ce garçon débrouillard, un allant pour continuer à y croire malgré les difficultés. Tori, considéré comme enfant sorcier dans son pays, a réussi à obtenir les papiers de régularisation de statut qui manquent à sa sœur de cœur.

Comme sœur et frère.

Le scénario des cinéastes amène les deux protagonistes loin du dit Centre à trouver par nécessité des petits boulots risqués qui les forcent à côtoyer la petite pègre locale et à revoir leurs anciens passeurs qui sont de même acabit. La mise en scène place directement les deux jeunes et leurs interlocuteurs dans des situations réalistes. Le montage de Marie-Hélène Dozo, leur constante collaboratrice depuis La promesse, propulse le récit dans un entonnoir de plus en plus périlleux dont la vérité est soutenue par la cinématographie, souvent à l’épaule, d’allure documentaire de Benoît Dervaux.

Les deux acteurs non professionnels Pablo Schils et Joely Mbundu qui sont à leurs premières armes relèvent admirablement le défi. Ils attirent constamment par leur vibrante jeunesse le regard et l’empathie dans ce dense cri du cœur sur le sort catastrophique réservé à ces mineurs jetés sur les bas-côtés de l’Histoire.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jean-Pierre Dardenne
Luc Dardenne

Scénario
Jean-Pierre Dardenne
Luc Dardenne

Images
Benoît Dervaux

Montage
Marie-Hélène Dozo

Musique
[ Artistes variés ]

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
France

Belgique

Année : 2022 – Durée : 1 h 29 min

Les frères Dardenne.
Une complicité à toute épreuve.

Langue(s)
V.o. : français

Tori et Lokita

Dist. [ Contact ]
@
Maison 4 :3

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Tromperie

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 04 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Londres, 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé en Angleterre. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, refuge des deux amants.

Pour

ainsi

dire

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel
Le plan, ici, c’est la parole, le verbe.
Le narratif et le formel s’entrelacent
pour rendre l’infilmable concret,
organique. Une stratégie que l’auteur
de Frère et sœur rend palpable.
D’un ennui barbant par moments
puisqu’il est impossible d’entrer
intellectuellement dans la tête de
Philip (Roth), l’écrivain juif, dont
l’ouvrage Deception renvoie à cette
adaptation cinématographique inusitée.

Et que le puissant Denis Podalydès, en véritable maître de son art, prêt à toutes les situations, rend perméable, véritable, malgré le peu de possibilités qui s’offrent à lui.

Mise en abyme, façon de parler, que le directeur photo Yorick Le Saux – maître des lieux, des corps, des visages, des mouvements lorsque les étreintes s’organisent dans une sorte de chorégraphie des sens – rend possible en la transcendant, en recréant des ambiances et offrant des couleurs gaies (dans le vrai sens du terme), contrairement aux normes plus obscures dans Frère et sœur.

Entre le charnel et le discursif, entre ce qui nous touche et ce qui nous éloigne, entre en jeu la judaïcité du romancier (peut-il en faire autrement), un des thèmes aussi dans Frère et sœur; encore une fois, Arnaud Desplechin faisant état de la particularité du cinéma hexagonal dans un contexte de rapprochement à l’autre.

Une sorte d’effacement derrière
la possibilité de croire à l’amour.

Mais aussi, dans ce cas-ci, une thématique farouchement hétérosexuelle, décomplexée puisque légale, standardisé, mais interdite par les gestes, parfois maladroits, improvisés, imaginés, de l’adultère. On aime et on possède, on croit à l’amour, mais on répond par le contraire. C’est dans les principes, on suppose de celles et ceux qui créent. Seule façon, apparemment, d’y parvenir à construire une proposition intellectuelle.

L’exploit complice semble être de connivence avec cette exploration d’une partie intime de l’individu que le cinéma ne peut vraiment filmer. Même si, par sa nature, moins abouti que Frère et sœur, il n’en demeure pas moins que Tromperie est également, dans la carrière de Desplechin, une divagation fort captivante.

En quelque sorte, c’est comme si Arnaud Desplechin se mettait subversivement dans la peau de l’auteur dont il brosse un détail du portrait insaisissable. Un seul détail qui parle de plusieurs enjeux existentiels. Léa Seydoux participe sensuellement et entièrement à ce badinage mi-espiègle mi-sérieux sur les jeux de l’amour et du hasard.

L’exploit complice semble être de connivence avec cette exploration d’une partie intime de l’individu que le cinéma ne peut vraiment filmer. Même si, par sa nature, moins abouti que Frère et sœur, il n’en demeure pas moins que Tromperie est également, dans la carrière de Desplechin, une divagation fort captivante. Agréablement déroutant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Arnaud Desplechin

Scénario
Arnaud Desplechin
D’après le roman Deception, de Philip Roth

Images
Yonick Le Saux

Montage
Laurence Briaud

Musique
Grégoire Hetzel

Arnaud Desplechin.
Comme s’il fallait se mettre
dans la peau de l’écrivain.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2022 – Durée : 1 h 44 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Deception

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Musée

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

La traviata

 

Fidèle

à la

tradition…

ce qui donne

un spectacle

respectable

CRITIQUE.
[ MET Live on Screen ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel
Il n’est guère surprenant que contrairement à
Sondra Radvanovska, dans le rôle de  Médée,
qui ne s’était pas déclarée à l’entracte, Nadine
Sierra, se donne à ce jeu et répond convenablement
à la question de l’animatrice
(Renée Fleming),
à savoir quelles sont parmi
les Violetta du passé
qui l’ont influencé.
Différence d’égo,
de sensibilité, de perception.

Quoi qu’on en pense, la production de Michael Meyer s’avère de bonne tenue, fidèle à la tradition, costumes d’époque, enjolivement des décors, mise en scène structurée selon une approche agréablement classique.

Les décors, eux, oscillent entre une majestuosité à la Zeffirelli et une touche moins encombrante, proche des moyens de plus en plus économique dans les arts de la représentation. Ce qui n’empêche en aucun cas de participer à cette tragédie verdienne de la passion. Une histoire d’amour et de mort qui se perd dans la nuit des temps, tant les classes sociales – lui, Alfredo, le fils d’un riche bourgeois; elle, courtisane qui a décidé de se réhabiliter.

Nadine Sierra, qu’on a vu il n’y a pas si longtemps dans le post-moderniste teinté, soudainement, de retour à la tradition, brille dans cette Traviata, la femme déchue, perdue, oscillant entre le plaisir de vivre et la maladie qui la tenaille. Sierra est de toutes les émotions, de tous les états d’âme. Et sa relation avec les interprètes signalent farouchement un respect de la scène autant qu’une sensibilité, avouons-le, innée à vivre le moment.

Nadine Sierra (Violetta), Stephen Costello (Alfredo).
Une passion qui répond à des contraintes sociales.

Cette fois-ci les mouvements de caméra ne sont pas aussi audacieux, mais les voix bien adaptées pour la circonstance et la musique imbattable de Verdi suffisent à nous combler.

Dommage qu’à quelques secondes de la tombée du rideau, le système de satellite fait défaut. Nous entendons les applaudissements et les cris de la salle, mais sans image. Ces moments font également partie de ce qu’on peut ressentir à voir un opéra sur Grand Écran.

Nul doute que La traviata de Nadine Sierra est une évidence, un moment fort de la saison 2022-2023 du MET.

Nous avons quand même pu voir quelques secondes où la présence de Sierra sur scène est émouvante, elle sentant l’amour du public, mais conservant un humilité bien latine et qui consiste à donner le plus de soi.

Nul doute que La traviata de Nadine Sierra est une évidence, un moment fort de la saison 2022-2023 du MET.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Musique
Giuseppe Verdi

Au pupitre
Daniele Callegari

Production
Michael Mayer

Interprétation
Nadine Sierra (Violetta Valérie)

Stephen Costello (Alfredo Germont)
Luca Salsi (Giorgio Germont)

Costumes Susan Hilferty

Lumières Kevin Adams

Réalisation-cinéma Gary Halvorson

Rediffusion & Billets
@ cineplex
Samedi 26 novembre 2022

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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