Tromperie

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 04 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Londres, 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé en Angleterre. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, refuge des deux amants.

Pour

ainsi

dire

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel
Le plan, ici, c’est la parole, le verbe.
Le narratif et le formel s’entrelacent
pour rendre l’infilmable concret,
organique. Une stratégie que l’auteur
de Frère et sœur rend palpable.
D’un ennui barbant par moments
puisqu’il est impossible d’entrer
intellectuellement dans la tête de
Philip (Roth), l’écrivain juif, dont
l’ouvrage Deception renvoie à cette
adaptation cinématographique inusitée.

Et que le puissant Denis Podalydès, en véritable maître de son art, prêt à toutes les situations, rend perméable, véritable, malgré le peu de possibilités qui s’offrent à lui.

Mise en abyme, façon de parler, que le directeur photo Yorick Le Saux – maître des lieux, des corps, des visages, des mouvements lorsque les étreintes s’organisent dans une sorte de chorégraphie des sens – rend possible en la transcendant, en recréant des ambiances et offrant des couleurs gaies (dans le vrai sens du terme), contrairement aux normes plus obscures dans Frère et sœur.

Entre le charnel et le discursif, entre ce qui nous touche et ce qui nous éloigne, entre en jeu la judaïcité du romancier (peut-il en faire autrement), un des thèmes aussi dans Frère et sœur; encore une fois, Arnaud Desplechin faisant état de la particularité du cinéma hexagonal dans un contexte de rapprochement à l’autre.

Une sorte d’effacement derrière
la possibilité de croire à l’amour.

Mais aussi, dans ce cas-ci, une thématique farouchement hétérosexuelle, décomplexée puisque légale, standardisé, mais interdite par les gestes, parfois maladroits, improvisés, imaginés, de l’adultère. On aime et on possède, on croit à l’amour, mais on répond par le contraire. C’est dans les principes, on suppose de celles et ceux qui créent. Seule façon, apparemment, d’y parvenir à construire une proposition intellectuelle.

L’exploit complice semble être de connivence avec cette exploration d’une partie intime de l’individu que le cinéma ne peut vraiment filmer. Même si, par sa nature, moins abouti que Frère et sœur, il n’en demeure pas moins que Tromperie est également, dans la carrière de Desplechin, une divagation fort captivante.

En quelque sorte, c’est comme si Arnaud Desplechin se mettait subversivement dans la peau de l’auteur dont il brosse un détail du portrait insaisissable. Un seul détail qui parle de plusieurs enjeux existentiels. Léa Seydoux participe sensuellement et entièrement à ce badinage mi-espiègle mi-sérieux sur les jeux de l’amour et du hasard.

L’exploit complice semble être de connivence avec cette exploration d’une partie intime de l’individu que le cinéma ne peut vraiment filmer. Même si, par sa nature, moins abouti que Frère et sœur, il n’en demeure pas moins que Tromperie est également, dans la carrière de Desplechin, une divagation fort captivante. Agréablement déroutant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Arnaud Desplechin

Scénario
Arnaud Desplechin
D’après le roman Deception, de Philip Roth

Images
Yonick Le Saux

Montage
Laurence Briaud

Musique
Grégoire Hetzel

Arnaud Desplechin.
Comme s’il fallait se mettre
dans la peau de l’écrivain.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2022 – Durée : 1 h 44 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Deception

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Musée

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]