Hawa

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Quelques pêcheurs traversent des expériences qui mettent leurs nerfs à dure épreuve.

CRITIQUE.
★★★★ 

texte
Élie Castiel

L’intruse

En solo, Hawa est le premier long métrage du bengali Mejbaur
Rahman Sumon. Un grand cinéaste est né. Grandiose. Sens du
rythme,de la continuité, de l’intrigue, de la direction d’acteurs et
de tous ces
éléments filmiques qui assurent la qualité et l’originalité
d’un grand film. Présenté au Cineplex Forum comme un nouveau
Bollywood, au même rythme de presque toutesles semaines,
The Wind
(titre en anglais) et une surprise de taille.

Les plans ne sont pas simplement des unités, des codes, des technicalités indépendantes, mais de véritables portraits hallucinants de sobriété et dans le même temps de savoir-faire assurant la cohésion de l’ensemble. La caméra de Kamrul Hasan Khosru et de Tanveer Ahmed Shovon participent de cette envie infatigable de filmer, le plan devenant une sorte de témoignage vivant et en même temps objet artistique. Collaboration continue du montage assuré par Sazal Alok.

… le son, cette unité filmique qui donne la possibilité à Uttam Naskar, Raihan Rehan et Rajesh Saha de joindre les silences avec les bruits les plus intenses. Une sorte de réaffirmation de ce que représente vraiment la fabrication d’un film. Bollywood n’a que bien se tenir.

Dans ce bateau de pêcheurs d’un village bengali, un capitaine et son équipe, des jeunes et des moins jeunes, manifestant une virilité assumée, d’où une tension érotique qui se manifeste dès les premières images, due certainement au naturel des interprètes, ne reculant devant rien pour assumer leur condition masculine. Ils sourient sans cesse, pensent au produit de la pêche. Avec l’argent qu’ils gagneront, comme ils disent dans une chanson entamée en groupe, ils pourront acheter un sari à leur belle et pourront la marier. La classe sociale est établie à travers des implications narratives d’une désarmante simplicité.

Et cette charge érotique, corporelle, devient plus alerte, prête à exploser lorsqu’une jeune et sculpturale jeune femme venue de l’eau, comme ça, comme une sirène, se retrouve dans l’embarcation et vient semer la discorde – alors que dans ce travail, à cet endroit du monde, il est interdit d’avoir des femmes dans les bateaux pour pêcheurs.

Que regardent-ils avec tant de curiosité?

Des rivalités s’ensuivent, pas à pas, au rythme des situations, et que le cinéaste filme avec un sens inné du récit, de la dramaturgie et contrairement au cinéma indien (hindi et pendjabi confondus) ose les interdits jusqu’à un certain point, les disparités sociales, les dialogues crus, les émanations psychologiques (et même parfois physiques) venant de chaque personnage. Les gros plans sont monnaie courante, mais tous d’une beauté radieuse, poussant les acteurs à insuffler une dose de naturel et en même temps de tragique ou de léger à leurs personnages.

Un film qui donne au cinéma bengali ses titres de noblesse; un cinéma peu courtisé pour des raisons économiques, mais avec Hawa, une nouvelle page s’annonce parce qu’il est primordial qu’il participe dans de nombreux festivals.

Les cordes sensibles des personnages, tous, sans exception, d’excellents acteurs, sont mises à dure épreuve, incluant celles de la seule femme à bord qui, du coup, disparaît comme par magie sans laisser de trace, pour apparaître dans le dernier plan, d’une majestuosité à fleur de peau. Métaphore de la sirène sans doute. Et le bateau, sans donner des détails, nous ramène à notre adolescence et à la lecture de l’incontournable Le vaisseau fantôme de Frederick Marryat.

L’issue est partout.

Hawa donne le vertige et nous participons aveuglement à cet état physiologique. Le film fonctionne selon diverses traditions : le cinéma fantastique, le thriller psychologique, le drame social et quelque chose que Sumon invente comme par affectation, un nouveau genre à l’intérieur du film de fiction, le film « aquatique », centré sur la mer, l’océan, l’immensité où cette embarcation peuplée d’une humanité survoltée n’est qu’une petite entité perdue.

Métaphore aussi de notre monde, de notre humanité bien trop menue et qui se permet mille et un déchirements. Suivre le récit tragique dans Hawa, c’est également devenir le témoin passif de notre condition humaine.

Finalement, le son, cette unité filmique qui donne la possibilité à Uttam Naskar, Raihan Rehan et Rajesh Saha de joindre les silences avec les bruits les plus intenses. Une sorte de réaffirmation de ce que représente vraiment la fabrication d’un film. Bollywood n’a que bien se tenir.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mejbaur Rahman Sumon

Scénario
Mejbaur Rahman Sumon

Direction photo
Sazal Alok

Montage
Kamrul Hasan Khosru

Musique
Emon Chowdhury
Raseed Sharif Shoaib

Mejbaur Rahman Sumon, cinéaste.
Une volonté d’échapper au système.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Bangladesh

Année : 2022 – Durée : 2 h 11 min

Langue(s)
V.o. : bengali; s.-t.a.

The Wind

Dist. [ Contact ] @
Md. Ifthekar Kamal Shawon
[ Amazon Studios ]

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Un bon patron

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
À la veille de recevoir un prix censé honorer son entreprise, Juan Blanco, héritier de l’ancestrale fabrique familiale de balances, doit d’urgence sauver la boîte. Va-t-il s’y prendre de la bonne façon?

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.
★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Fernando León de Aranoa, réalisateur.
L’œil sournois.

Des vents contraires

Disons-le tout de go : Javier Bardem est un excellent comédien; ici, il dépasse de loin nos attentes, s’incruste corps et âme dans un rôle qui lui va comme un gant, opère adroitement les divers registres que lui impose un personnage casse-gueule. Il ajuste sa stature corporelle à l’instar des grands dirigeants du monde des affaires, se complaît en fier chevalier de cette entreprise familiale.

Pour rendre cette critique-satire-allégorie du capitalisme traditionnel, un metteur en scène aguerri dont on se souviendra de son majestueux Los lunes al sol (2002 – Les lundis au soleil / Mondays in the Sun) ou encore de l’exigeant Princesas (2005 – Princesses) et plus récemment du hollywoodien A Perfect Day (2015 – Un jour comme un autre / Un día perfecto). Un sens inné de la mise en scène, du repérage des lieux à l’intérieur desquels les comportement des personnages affichent leur forces et leurs faiblesses.

Une Espagne changeante chargée de quelques soubresauts du passé. Il est question de la place de l’Homme et de la Femme dans le monde du travail; de son insertion, des rapports entre eux, mais aussi avec le patronat, ici « le » patron, un homme « bon », qui se comporte en « bon » et l’est sans doute, inconscient qu’il n’est que la copie conforme de sans aucun doute la plupart des patrons.

L’émeutier qui réagit seul, à l’enceinte de la manufacture est en quelque sorte la métaphore de ce que représente la fidélité envers les amis de (très) longue date, même si les choses ont changé. Mais bien plus, l’amitié à l’ancienne, celle du début jusqu’au milieu du siècle dernier, de l’après-guerre. Jusqu’à ce que les affres, notamment économiques, de la mondialisation viennent imposer leur vrai visage.

Dans une entreprise familiale, tout le monde il est beau,
tout le monde il est gentil, même le « bon » patron.

L’un des films les plus intéressants de l’année puisque tout en nous divertissant (dialogues, situations parfois cocasses et autres ingrédients narratifs) nous oblige à faire face à une réalité que nous préférons ignorer. Découvrez-la.

Les classes sociales n’existent plus. Du moins en apparence. Car les différences, elles, se manifestent autrement qu’auparavant. Insidieusement, hypocritement. Mais plus encore, ces classes sont celles qui divisent les « fortunés » (le plus souvent par chance) des moins nantis (qui n’ont pas eu la chance de s’émanciper dans un contexte essentiellement économique).

Dans Un bon patron, les vents tournent dans tous les sens, selon l’endroit et la situation où l’on se trouve. Il suffit de reconnaître adroitement les flux et reflux de ces brises souvent contraires et de s’adapter.

La Femme éduquée, si l’on en croit par le film (et le roman) affiche son indépendance, sociale, économique, sexuelle, gardant ainsi sa féminité légendaire, personnellement et comme pourvoir de séduction, son doit aux grands postes. Et comme nous l’indique l’une des plus belles séquences du film (dans la demeure du « bon patron ») déploie ses arguments persuassifs dans l’art de la négociation que les Hommes, eux, ne peuvent pas se permettre.

Mais en fin de compte, que l’on soit d’une classe ou d’une autre, chacun cherche son propre intérêt, laissant derrière soi tout semblant de fierté, d’orgueil, de rapport au monde. L’argent domine le monde. Enfin !, non. Plutôt la lutte pour la survie… même si cette survie, on tient à ce qu’elle soit la plus rondelette possible.

Dans Un bon patron, les vents tournent dans tous les sens, selon l’endroit et la situation où l’on se trouve. Il suffit de reconnaître adroitement les flux et reflux de ces brises souvent contraires et de s’adapter.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Fernando León de Aranoa

Scénario
Fernando León de Aranoa

Direction photo
Pau Esteve Birba

Montage
Vanessa Marimbert

Musique
Zeltia Montes

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Espagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 56 min

Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.a. / s.-t.f.

The Good Boss
El buen patrón

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

C’est magnifique!

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 26 août 2022

SUCCINCTEMENT.
Pierre, la quarantaine, a toujours vécu loin des désordres du monde, entre ses abeilles et ses hibiscus. Lorsque ses parents disparaissent, c’est tout son univers qui bascule.

Suite

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