Le fil

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 18 avril 2025

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★

Intime

conviction

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un avocat commis d’office s’investit complètement dans la défense de son pauvre client.

 

La mise en scène du réalisateur, dans l’enceinte du prétoire, se permet des plans séquences qui ont un coté théâtral compréhensible dans cette arène. L’issue du procès réserve quelques surprises qui soulignent bien les zones d’ombres de la nature humaine que ce récit bien mené sur un féminicide a mis en lumière.

Une auto dispendieuse s’arrête dans la rue principale d’un village ordinaire. Un homme en débarque, inspecte le décor et s’assoit sur un banc.

La veille au soir, l’avocat commis d’office a rencontré un accusé et après un long échange est en réflexion pour le défendre. Daniel Auteuil emploie judicieusement la région provençale de son enfance, spécialement Arles et la Camargue. Un pont nommé Van Gogh est un des lieux de l’enquête. Le scénario que le réalisateur-acteur a concocté avec Steven Mitz est basé sur un livre de l’avocat nordiste Jean-Yves Moyart dont le titre Au guet-apens, chroniques de la justice ordinaire résume bien l’effet d’aspiration que peuvent produire certains cas sur les membres du barreau.

Le montage de Valérie Deseine alterne les scènes d’intérieur dans des domiciles, un bar et le palais de justice avec des retours en arrière à l’extérieur sur des moments cruciaux dont certains sont introduits abruptement. Le procès a d’ailleurs lieu trois ans après les faits et les mémoires risquent donc d’en être affectées.

Une affinité aléatoire.

En maître Jean Monier, Daniel Auteuil se réserve le rôle central de cette histoire judiciaire. Les objections et questions de ses proches entament à peine les résolutions de ce tribun qui revient défendre un accusé après une longue pause consécutive aux suites d’un précédent procès.

La différence sociale entre Monier et son client Nicolas Milik est très bien incarnée par l’écart entre la grande masse à la fois placide et émotive de Grégory Gadebois et le jeu souvent plus tendu d’Auteuil. En quelques scènes, Gaëtan Roussel esquisse un portrait inquiétant d’un tenancier de bar, ancien militaire alors qu’Alice Belaïdi établit rapidement les atouts de la procureure, adversaire nécessaire dans cette recherche de la vérité.

La mise en scène du réalisateur, dans l’enceinte du prétoire, se permet des plans séquences qui ont un coté théâtral compréhensible dans cette arène. L’issue du procès réserve quelques surprises qui soulignent bien les zones d’ombres de la nature humaine que ce récit bien mené sur un féminicide a mis en lumière.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Daniel Auteuil

Scénario : Daniel Auteuil, Steven Mitz, d’après le livre de Jean-Yves Moyart, Le livre de Maître Mô. Direction photo : Jean-François Hensgens. Montage : Valérie Deseine. Musique : Gaspar Claus.

Genre(s)
Suspense judiciaire
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 55 min
Langue(s)
V.o. : français
Le fil

Daniel Auteuil

Dist. [ Contact ] @
TVA Films
[ Zazi Films ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Le temps

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 18 avril 2025

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
À travers différentes chronologies et lieux, les destins de quatre personnages s’entremêlent alors qu’ils luttent pour trouver des liens et du sens dans un monde transformé par le changement climatique.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

L’état

des

choses

Un film grave, désespéré, déconcertant, des lieux où la dystopie n’est pas annoncée, mais un fait accompli, la vision du monde d’un cinéaste qui rompt avec ses habitudes pour proposer son regard sur le monde suite à ses observations sur l’état actuel des choses. Et comme le cinéma est aussi une machine spectaculaire, pourquoi ne pas miser haut en élaborant une mise en scène qui dépasse nos attentes et, formellement, mettant en avant des hypothèses du domaine du probable.

Le plan fixe ou mieux encore cet assemblage d’images ancrées dans le temps et l’espace devient la source d’inspiration pour un projet intime que semble tenir à cœur le cinéaste, une urgence dont il faut parler avant qu’elle ne s’évanouisse de la pensée.

Au même titre que Denys Desjardins – dont nous avons pu voir il y a quelque temps le confidentiel et bouleversant J’ai placé ma mère – avec La zone, œuvre mythique inspirée de l’opus de Chris Marker, plus théoricien-réalisateur que documentariste tout court, François Delisle s’inspire du même essayiste de l’image en changeant de cap, ne serait-ce que pendant l’espace d’un film.

Du haut de n’importe où.

Le temps, dont le titre anglais, Waiting for the Storms, plus annonciateur, évoque à chacun des récits, rappelons-le une fois de plus, tous sur images fixes, un monde qui se noie ou l’est déjà, une vision qui dépasse les velléités spectaculaires à la Mad Max.

Seule la voix off raconte chacun des quatre récits qui, contrairement à l’horizontalité traditionnelle, s’enchevêtrent, s’échappent, s’illustrent chacun de son côté. Une série de va-et-vient qui échappe à tout entendement, mais dans le même temps, nous plonge dans des mondes parallèles dont il faut suivre attentivement le verbe pour savoir ce qui vraiment se passe.

Le dialogue devient ainsi, par son caractère particulier, un élément extradiégétique, occupant un espace plus ou moins précis et une chronologie, bien que ponctuée de quelques facteurs clés, pas totalement distincts. Autant d’éléments formels qui se joignent à la musique extra-sensorielle et troublante de Robert Marcel Lepage.

Seule la voix off raconte chacun des quatre récits qui, contrairement à l’horizontalité traditionnelle, s’enchevêtrent, s’échappent, s’illustrent chacun de son côté. Une série de va-et-vient qui échappe à tout entendement, mais dans le même temps, nous plonge dans des mondes parallèles dont il faut suivre attentivement le verbe pour savoir ce qui vraiment se passe.

Force est de souligner l’apport des comédiennes et des comédiens qui doivent composer uniquement avec le corps, le mouvement, l’immuabilité du geste, ne disant jamais un traitre mot. Dans un sens, Le temps est aussi une étape à franchir sur l’acte d’interprétation alors que rien ne facilite la parole directe.

Qu’il s’agisse du français, de l’anglais ou d’une autre langue, le propos devient universaliste, situant pour ainsi dire le cinéaste québécois dans une sorte de lieux inventées qui nous mènent vers de futurs aussi menaçants que désavoués : l’état actuel du monde, 2042, 2088, 2174 et 2182 sont ainsi choisies comme des années charnières, peut-être prises au hasard de la pensée; autant d’époques qui montrent avec un déséquilibre avoué l’état des choses.

Un fim qui, par sa particularité et son audace, restera longtemps gravé dans la mémoire.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
François Delisle

Scénario : François Delisle. Direction photo : François Delisle. Montage : François Delisle. Musique : Robert Marcel Lepage.

Genre(s)
Fable
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2024 – Durée : 1 h 34 min
Langue(s)
V.o. : anglais, français; s.-t.a. / s.-t.f.
Waiting for the Storms

François Delisle

Dist. [ Contact ] @
h264
[ Films 53/12 ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Janette
@ Duceppe

 

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★ ½

En toute

intimité

Avant tout, Guylaine Tremblay se donne entièrement à son personnage, comme conquise par une proposition hors du commun, d’autant plus authentique que la personnalité concernée est encore jeune de ses 100 ans de service à la société, culturellement et socialement ; Tremblay devient presque littéralement, comme par enchantement, le symbole qu’elle incarne – voix, gestes, mouvements, carrure, persuasion, relation intime avec tout ce qui l’entoure. Une force de la nature qui émeut encore.Suite

1 2 3 4 5 345