French Exit

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Une veuve excentrique, habituée des milieux mondains new-yorkais, voit sa vie basculer par l’annonce de son insolvabilité imminente.

CRITIQUE.

★★★ 

texte
Élie Castiel

Michelle Pfeiffer, qu’on n’avait pas vue au grand écran depuis quelque temps dans un rôle important alors que Hollywood n’est pas trop friand de rôles principaux pour actrices dépassant la quarantaine, s’impose finalement – En 2019, elle se cache sous des maquillages grandiloquents dans Maleficient: Mistress of Evil / Maléfique : Maîtresse du mal (2019). Ici, elle se permet un cadre propice à toutes éventualités dans le jeu d’interprétation. Pour l’occasion, un mélange de cynisme aguerri, de fausse méchanceté et de sensibilité occultée. Et pour cadres, un New York mondain et une ville de Paris idéalisée.

Face au sous-utilisé Lucas Hedges, entre autres, du sensible et intelligent Waves (2019) de Trey Edward Shultz, elle ne vole pas la vedette, partageant ce goût pour le champ/contre champ équitable, chacun situant son personnage dans un univers entre l’imaginaire et la réalité, résultat du travail de scénarisation singulier de Patrick DeWitt, merveilleusement coupable de l’inusité The Sister Brothers / Les frères Sisters (2018).

La veuve joyeuse

tristement ruinée

Michelle Pfeiffer dans un décor désuet mais chaleureux.

Une petite communauté se crée à la suite d’évènements qui dépassent l’entendement, mêlant occultisme, réincarnation et réalité. Dans la majeure partie du film, dans ce Paris quasi fabriqué qui ressemble à celui qu’aurait choisi Woody Allen, presque de carte postale, là où même les itinérants, surtout lorsqu’ils sont des migrants, s’en tirent malgré les coups bas des forces de l’ordre.

Et une maison prêtée, assez grande pour accueillir des excentriques. Tous formant une commune, un rassemblement de gens partageant, comme par miracle, la même notion de vie,  des personnages issus du théâtre, de la comédie burlesque.

Là où le dialogue se permet des disparités, des contre-sens et ce jeu de rôles et d’influences qui finit par se dénouer dans la plus triste tradition. Puisque French Exit, titre annonciateur, est un film malheureux comme peuvent être ceux qui pensent et se comportent autrement. Car derrière ces accoutrements de faux bonheur, de oisiveté maladive et plus que tout, d’une envie de vivre qui peine à s’affirmer, ce cache un monde de déceptions.

Sous la forme d’un salon mondain, le film d’Azazel Jacobs (plusieurs inédits) impose comme cadre un décor désuet mais chaleureux, une commune excentrique composée de protagonistes d’une richesse inoubliable. Singuliers, humains, correspondant à une idée détachée, mais salvatrice, du monde.

Michelle Pfeiffer profite de cet instant qu’on lui octroie pour magnifier une veuve fallacieusement joyeuse, tristement abandonnée en termes d’argent et particulièrement d’abandon.

Sous la forme d’un salon mondain, le film d’Azazel Jacobs impose comme cadre un décor désuet mais chaleureux, une commune excentrique composée de protagonistes d’une richesse inoubliable. Singuliers, humains, correspondant à une idée détachée, mais salvatrice, du monde.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Azazel Jacobs

Scénario
Patrick DeWitt

[ d’après son roman ]

Images : Tobias Daturn

Montage : Hilda Pasula

Musique : Nicholas deWitt

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Irlande / Canada

États-Unis

Année : 2020 – Durée : 1 h 54 min

Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

Sortie côté tour

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Godzilla vs. Kong

PRIMEUR
Sortie
Mercredi 31 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Dans un monde futuriste, Kong est gardé en captivité dans un univers technologique contrôlé par des scientifiques. Mais Godzilla, gigantesque monstre radioactif, se déchaîne et met en péril l’humanité.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

Les deux sont gagnants

par la voie de la médiation

La proposition, un tant soit peu égarée, des scénaristes Eric Pearson et Max Borenstein, sans nul doute grands connaisseurs en la matière, abreuvés de nombreux « films de monstres », ont concocté un récit qui s’inscrit admirablement bien à l’air du temps, en l’occurrence, nouvelles technologies, dispersions néfastes de la science, progrès parfois envahissants, pernicieux, comme la création d’un nouveau MegaGodzilla technologique, alliant reptile préhistorique et bouts de ferrailles, sans compter sur ses organes intérieurs contrôlés en partie par les nouveaux technocrates, les jeunes comme les moins jeunes. Une société d’individus qui contrôlent tout à partir de leur écran d’ordi. Et non seulement de l’Occident, mais de partout dans le nouvel espace mondialisé.

Godzilla, notre Godzilla, celui des générations précédentes, celui qui est devenu à travers les décennies notre compagnon de voyage cinématographique, n’a ici qu’un rôle secondaire, Kong prenant la place qu’il mérite si l’on se fie à un scénario qui s’en va de tous côtés. Pour une simple raison : Kong est plus proche de l’humain, c’est un de nos ancêtres. Et dans Godzilla vs. Kong, il fait tout pour que son jeu, particulièrement en ces moments où la chaleur de son visage, l’expression de ses yeux et l’ensemble de son comportement nous rapproche de lui. Enfin, façon de parler.

Parmi les moments les plus attendus.

Mais, blague à part, à tel point que la communication entre le personnage tenu par la jeune Kaylee Hottle, touchante par son humanité, détachée presque des avancées cybernétiques, est un pur dialogue, un champ/contre champ d’une rigueur remarquable, aux frontières de l’émotion. En quelque sorte, comme des frères autrefois ennemis.

Pendant une partie du film, notre Godzilla disparaît. On aura quand même l’occasion de le voir se battre contre Kong, occasionnant les moments les plus attendus du film, au grand dam des fans de « Godzil » (pour les proches intimes) car c’est le Gorille puissant qui gagne.

La mise en scène assurée par Adam Wingard, coupable assumé de plusieurs courts, de quelques longs et, entre autres, du segment Phase I Clinical Trials dans le collectif V/H/S/2 (2013), choisit le chemin le moins escarpé par le biais de références cinématographiques bien minutieusement codées. Il y a de tout en matière de cinéma d’anticipation, mais évitons les fameuses listes, vous obligeant intentionnellement à les découvrir en visionnant le film.

Godzilla vs. Kong s’avère un film, dans le genre, touche-à-tout, sympathiquement hybride, adorablement conciliateur, nourri d’une tentative de plaire au plus grand nombre.

Reste néanmoins la question ultime, la plus concluante, celle qui réconciliera les adeptes des deux bestioles adorables qui ont bercé une grande partie de notre adolescence et pourquoi pas âge adulte… jusqu’à toujours.

Une amitié inattendue entre Godzilla et Kong ? Une tentative de plaire aux adeptes des deux monstres ? Une finale hollywoodienne qui répond aux exigences d’un public de plus en plus sensible, incapable de renouer avec la notion originale de catharsis, quelle que soit la conclusion ?

Toujours est-il que Godzilla vs. Kong s’avère un film, dans le genre, touche-à-tout, sympathiquement hybride, adorablement conciliateur, nourri d’une tentative de plaire au plus grand nombre. Paris réussi. Tout le monde il est satisfait, tout le monde il est content.

NOTE : Pas de visionnement de presse, pas d’avant-première, pas de lien. Toujours est-il que seuls certains privilégiés ont eu droit à ces égards. Situation totalement inadmissible alors que nous faisons la promotion du film, quelle que soit la tenue de notre critique. Nous l’avons donc vu en salle, le jour de la sortie, le mercredi 31 mars.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Adam Wingard

Scénario
Adam Wingard

Michdael Borenstein
D’après un récit de Terry Rossio,
Michael Dougherty & Zach Shields

Images : Ben Soresin

Montage : Josh Schaeffer

Musique
Junkie XL

Adam Wingard entouré de ses deux puissantes bestioles.

Genre(s)
Aventures de science-fiction

Origine(s)
États-Unis

Australie

Année : 2021 – Durée : 1 h 53 min

Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

Godzilla vs Kong

Dist. @
Warner Bros. Canada

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

No Ordinary Man

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Dans les années 1930, Billy Tipton amorce sa carrière de musicien de jazz. À son décès en 1989, sa transidentité cachée est révélée au grand jour.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Regards multiples

Dans une ville américaine, loin de la plupart des grands centres, un homme d’une quarantaine d’années se pose des questions sur la vie secrète de son père qu’il découvrit trop tard.

Le musicien de jazz Billy Tipton, né en 1914, a vécu sous les projecteurs durant les années 30 à 50 puis à l’écart des foules comme agent après avoir enregistré quelques disques. La révélation à sa mort en 1989 qu’il était une femme a créé tout un émoi dont se sont emparés les médias sérieux ou plus avides de potins.

Une histoire en perpétuelle réécriture.

La caméra de Léna Mill-Reuillard est plus empathique dans les séquences à Spokane avec Bill Tipton Jr. qui découvre bien tard l’impact que la vie remarquable de son père a encore aujourd’hui comme chaînon hier décrié d’une histoire en perpétuelle réécriture.

À l’occasion du trentième anniversaire de ce décès, les réalisateurs canadiens Aisling Chin-Yee et Chase Joynt revisitent cette existence et l’impact qu’elle a eue en faisant appel à deux types d’intervenants. Tout d’abord, des séances d’auditions dans lesquelles des acteurs trans plus ou moins connus (dont Scott Turner Schofield, personnage majeur dans The Conductor) jouent des scènes possibles de la vie et en donnent des éléments d’interprétations souvent incisifs. Le dispositif de tournage est évident par la présence à la caméra des coréalisateurs et du scénariste Amos Mac qui y interviennent de différentes façons.

Dans un décor de club évoquant ceux que Tipton a fréquentés comme artiste et consommateur, des universitaires, scénaristes et producteurs aussi trans déconstruisent les discours anciens en rajoutant d’autres informations et réagissant entre autres fortement à la biographie Suits Me: The Double Life of Billy Tipton de la professeure Diane Middlebrook. La mise en scène théâtralise quelque peu ces entrevues ce qui en dynamise la réception. La caméra de Léna Mill-Reuillard est plus empathique dans les séquences à Spokane avec Bill Tipton Jr. qui découvre bien tard l’impact que la vie remarquable de son père a encore aujourd’hui comme chaînon hier décrié d’une histoire en perpétuelle réécriture.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Chase Joynt

Aisling Chin-Yee

Scénario
Aisling Chin-Yee
Amos Mac

Direction photo: Léna Mill-Reuillard

Montage : Aisling Chin-Yee

Musique
Richard Aucoin

Billy Tipton

Une mise en abyme : face aux candidats pour le rôle de Bill Tipton

Genre(s)
Documentaire

Origine(s) : Canada [ Québec]

Année : 2020 – Durée : 1 h 20 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Un vrai gentleman

Dist. [ Contact ] @
Les Films du 3 mars

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Musée
[ Cinémathèque québécoise ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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