The Father

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 19 mars 2021

SUCCINCTEMENT
La trajectoire intérieure d’Anthony, un homme de 81 ans, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Pour le jeu

habité des comédiens

L’écrivain et dramaturge Français Florian Zeller signe ici un premier long métrage qui lui a valu tous les honneurs pour finalement recevoir six nominations aux Oscars, dont celle du Meilleur film. Quel que soit le résultat, c’est bel et bien d’une consécration qu’il s’agit.

Bénéficiant de la présence d’une pléiade d’acteurs et d’actrices formidables, le cinéaste dans la jeune quarantaine relève le défi de jongler avec un genre parfois casse-gueule, le drame. Et lorsque confronté à une situation de vie délicate, comme la maladie d’Alzheimer, la mise en scène peut être sujette à maints obstacles, comme l’utilisation de clichés, la présence de séquences larmoyantes, une exagération dans le jeu des acteurs. Zeller évite ces impasses.

Tout est contrôlé dans The Father, adaptation de sa propre pièce de théâtre. Le traitement clinique n’empêche pas que l’atmosphère lourde de l’ensemble procure néanmoins une certaine chaleur due fort probablement à la direction photo de Ben Smithard – du très élégant Downton Abbey (2019), de Michael Engler – subtile, non aliénante, soucieuse des différents lieux de tournage, notamment dans les intérieurs, car il s’agit dans la vie d’un homme qui, jadis, a vécu une vie professionnelle et intime satisfaisantes et qui se retrouve, aujourd’hui, dans les silences d’un huis clos.

Savoir distinguer le vrai du faux.

Et pourtant, The Father est un film de paroles, surtout émanant du personnage de cet homme, Anthony, qui ne se retrouve plus. L’intrigant dans ce récit, c’est de pousser le spectateur à distinguer le vrai du faux, la vérité du mensonge, les facultés qui déclinent et les moments de clarté, les personnages interchangés. Ou est-ce vraiment le cas? Dans son travail d’édition, le Grec Yorgos Lamprinos – du très subtile film LGBT Xenia (2014), de Panos H. Koutras – se distingue par cette tendance à manipuler les espaces et les situations dans toute leur dissociation.

Il y a aussi les autres, ceux et celles entourant Anthony, sa fille Anne (merveilleuse Olivia Coleman), le reste de la famille et le personnel hospitalier. Un va-et-vient constant entre fantasme et réalité dans ce film tout à fait singulier, à comparer à d’autres productions traitant du même sujet.

Et puis, Anthony Hopkins, jeune octogénaire, qui n’a pas perdu un pouce de son panache, de sa verve, de sa détermination face à son métier d’acteur; et plus que tout à un rapport avec la caméra qui ne se dément pas. Un des comédiens des plus puissants de sa génération. Ici, on ajoutera, il s’ajuste avec un sens déontologique aux origines théâtrales de la production.

Mais également, peut-être bien que tous ses nombreux talents le pousse à une surenchère de gestes, de mouvements et d’expressions, parfois, pour certains, agaçants. Mais n’empêche qu’il serait imprudent de lui trouver des défauts.

Et puis, Anthony Hopkins, jeune octogénaire, qui n’a pas perdu un pouce de son panache, de sa verve, de sa détermination face à son métier d’acteur; et plus que tout à un rapport avec la caméra qui ne se dément pas. Un des comédiens des plus puissants de sa génération. Ici, on ajoutera, il s’ajuste avec un sens déontologique aux origines théâtrales de la production.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Florian Zeller

Scénario
Christopher Hampton
Florian Zeller, d’après sa propre pièce

Images : Ben Smithard

Montage : Yorgos Lamprinos

Musique
Ludovico Einaudi

Maria Callas
Casta Diva (de l’opéra « Norma »)
Carole-Anne Roussel
Comme autrefois (de l’opéra « Les pêcheurs de perles »)

Un moment de pause pendant le tournage.

Genre(s) : Drame

Origine(s)
Grande-Bretagne
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 37 min

Langue(s)
V.o. : anglais

The Father
[ Le père ]

Dist. @
Entract Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Loro

PRIMEUR
[ En ligne ]
Sortie
Vendredi 12 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Autour du milliardaire et politicien Silvio Berlusconi, de nombreuses personnes s’agitent.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Dans son immense propriété de Sardaigne, un milliardaire italien pousse la sérénade devant un auditoire majoritairement féminin conquis d’avance. Le cinéaste Paolo Sorrentino et Umberto Contarello, son complice à la scénarisation, rappellent ainsi avec componction les débuts de Berlusconi comme chanteur de charme dans des croisières. Il a d’ailleurs pondu quelques airs connus.Suite

La danza nera

PRIMEUR
[ En ligne ]
Sortie
Mardi 16 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Un impresario venu d’Amérique. Un poste politique à remplir. Un théâtre local, soi-disant fierté des habitants. Et une jeune danseuse, amoureuse d’une femme. Bref, la confusion la plus totale. Mais entre les mains de Mauro John Capece, un jeu-puzzle étonnant et détonnant.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Dans le sillon du cinéma italien post-moderne, Mauro John Capece est une exception, une singularité se nourrissant de ses propres fantasmes et qui, de film en film, se forge un univers particulier issu d’un imaginaire sans limites.  De sa filmographie dans le domaine du long métrage, nous avons vu Alieno, l’homme du futur / Alieno, l’uomo del futuro (2017), coréalisé avec Pierpaolo Moio, The Sculpture / La scultura (2015), premier film solo et SFashion (2015), tous les trois présentés au défunt Festival des films du monde de Montréal.

Depuis La scultura, une Muse, une sorte de déesse sortie de l’antiquité grecque ou romaine, ou les deux à la fois. Son nom : Corinna Coroneo, une appellation qui évoque la « couronne  » qui lui sert d’arme la protégeant de toutes les agressions. La relation va plus loin, puisque la Coroneo le suit dans l’écriture des scénarios. Ça rappelle en quelque sorte les rapports qu’entretenait Jules Dassin avec Melina Mercouri, comme ceux d’un peintre et son modèle, mais ce dernier établissant constamment les règles du jeu.

Faire des films en dépit des formes

sournoises de l’inculture populiste

Tourner… un acte de résistance

Suite

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