Loro

PRIMEUR
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Sortie
Vendredi 12 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Autour du milliardaire et politicien Silvio Berlusconi, de nombreuses personnes s’agitent.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Dans son immense propriété de Sardaigne, un milliardaire italien pousse la sérénade devant un auditoire majoritairement féminin conquis d’avance. Le cinéaste Paolo Sorrentino et Umberto Contarello, son complice à la scénarisation, rappellent ainsi avec componction les débuts de Berlusconi comme chanteur de charme dans des croisières. Il a d’ailleurs pondu quelques airs connus.

Mais ici l’empereur des médias italiens a le vague à l’âme. Il retrouve un soir son bagout en reprenant son ancien emploi d’agent immobilier. Son image complexifiée par ses apparitions dans les journaux et émissions télé lui amène chaque jour un lot de personnes (Eux, les Loro du titre original italien) qui veulent lui ressembler, participer à son aura ou en récolter quelques miettes éparses mais juteuses étant donné les contrats qu’il continue encore d’octroyer.

Comme une sorte de vague à l’âme.

Se signale ainsi à notre attention, Sergio, un petit entrepreneur de Tarente dans les Pouilles, interprété avec une fougue adulte par Riccardo Scamarcio. Il se lance donc dans de folles dépenses pour attirer le regard du Cavaliere. La mise en scène de Sorrentino s’éclate alors dans un déluge exagéré de corps le plus souvent peu habillés qui dansent sur une musique endiablée. L’expression bunga bunga, colportée par Silvio, avait-elle besoin d’une telle représentation pharaoniquement faramineuse?

Les habits épars

d’un empereur moderne

Comme dans tous les autres films de Sorrentino, Toni Servillo se moule complètement dans le protagoniste et en livre une vision où même les cheveux gominés, le bronzage éclatant et autres artifices servent de carapace à un empereur moderne, qui projette pourtant une surestime de soi.

Le montage de Cristiano Travaglioli qui a réduit les deux parties d’un diptyque totalisant 3 heures 20 minutes pour en échafauder ce long métrage de deux heures trente, rend le portrait du maître, de ses acolytes, de ses thuriféraires et de ses proches un peu trop kaléidoscopique. En opposition aux séquences de foules plus ou moins disciplinées, des scènes en petit comité ou à deux permettent de comprendre l’emprise du Cavaliere. Des personnalités de la vie politique et culturelle italienne viennent faire leur tour plus ou moins dissimulés sous d’autres atours puisque le film contient au départ un avertissement servant à se dédouaner de possibles poursuites.

Comme dans tous les autres films de Sorrentino, Toni Servillo se moule complètement dans le protagoniste et en livre une vision où même les cheveux gominés, le bronzage éclatant et autres artifices servent de carapace à un empereur moderne, qui projette pourtant une surestime de soi. Dans le rôle de Veronica l’épouse qui se dérobe, Elena Sofia Ricci apporte un des rares portraits de femme forte dans cet univers éminemment machiste. Rappel incomplet des années 2008-09 semble-t-il, ce portrait d’un système planétaire italien, plein de boursouflures stylistiques, se termine heureusement par une séquence nocturne dans une cité médiévale détruite par un tremblement de terre dans laquelle le labeur de travailleurs essentiels est discrètement souligné.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Paolo
Sorrentino

Scénario
Paolo Sorrentino
Umberto
Contarello

Images : Luca Bigazzi

Montage : Cristiano Travaglioli

Musique : Lele Marchitelli

Genre(s) : Comédie dramatique

Origine(s)
Italie/ France

Année : 2018 – Durée : 2 h 31 min

Langue(s)
V.o. : italien ; s-t. français
Silvio et les autres

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Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 18 ans

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ÉTOILES FILANTES
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½ [ Entre-deux-cotes ]