The Book of Clarence

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12  janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Histoire de Clarence, le frère jumeau de l’apôtre Thomas.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★

Être ou ne

pas être célèbre

Un homme se rend au lieu de réunion de fidèles d’un nouveau prophète. Celui-ci est absent mais Clarence présente ses doléances. S’ensuit un vif échange verbal avec son frère jumeau Thomas, un des douze apôtres.

La vie de Jésus et son époque ont été, depuis les débuts du cinéma et bien avant bien entendu, source de nombreux livres, pièces de théâtre et films dont les plus célèbres pourraient être en plus de la télésérie de Zeffirelli. L’Évangile selon saint Matthieu (Il vangelo secondo Matteo) de Pasolini, The Passion of the Christ de Mel Gibson et dans un mode plus satirique Monty Python’s Life of Brian réalisé par Terry Jones.

Un destin qu’on a choisi.

Le réalisateur afro-britannique Jeymes Samuel, frère cadet du compositeur Seal, fort du succès critique et public de son western The Harder They Fall, propose une version dans laquelle la plupart des habitants de la Judée sont noirs. Comme dans les péplums américains tels Spartacus, les Romains ont un accent de la classe supérieure britannique. Clarence est un malfrat qui survit grâce à divers expédients. Il voit dans l’arrivée de Jésus sur la scène de Jérusalem un moyen original de redorer son pécule en imitant ses discours et ses actions.

Le réalisateur afro-britannique Jeymes Samuel, frère cadet du compositeur Seal, fort du succès critique et public de son western The Harder They Fall, propose une version dans laquelle la plupart des habitants de la Judée sont noirs.

Le scénario du cinéaste insère des préoccupations, des musiques et un parler contemporain dans cette relecture des divers épisodes de la dernière période de la vie de Jésus. La reconstitution historique est soignée, aidée par un tournage à Matera en Italie où avaient œuvré Gibson et Pasolini. LaKeith Stanfield (Judas and the Black Messiah) insuffle à ses interprétations des deux jumeaux assez de variations pour les rendre crédibles. Omar Sy incarne un Barabbas étonnant alors que James McAvoy et Benedict Cumberbatch, dans un caméo lumineux, participent avec un sérieux amusé, à cette relecture un peu osée d’une histoire spirituelle fondatrice de l’humanité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jeymes Samuel

Scénario
Jeymes Samuel
Direction photo
Rob Hardy
Montage
Tom Eagles
Musique
Jeymes Samuel

Jeymes Samuel

Genre(s)
Conte religieux

Origine(s)
États-Unis
Année : 2024 – Durée : 2 h 09 min
Langue(s)
V.o. : anglais

The Book of Clarence

Dist. [ Contact ] @
Columbia Pictures
[ Legendary Pictures ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Sweet East

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12  janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Lilian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Lilian au pays

des merveilles

Pour l’anti-héroïne, magnifiquement incarnée par Talia Ryder (entre autres, West Side Story, de Steven Spielberg), de la plume de Nick Pekerton, ainsi que la mise en scène et la direction photo de Sean Price Williams (qui a déjà travaillé avec les frères Safdie) le monde est un conte de fée version-21e siècle où tout est permis, autant les fausses innocences que les excès les plus inavoués, comme s’emparer d’un sac de voyage contenant… et faire ce qu’on veut avec, même si…

Détail d’autant plus fascinant que le personnage en question n’avait rien planifié, comptant sur les évènements d’un film qui ressemble à un exercice d’improvisation magistralement contrôlé.

Un début avec ses camarades d’école, les filles plus entreprenantes que les garçons, eux de vrais représentants, malgré leurs accoutrements et leurs comportements, du fameux club « boys-will-be-boys ». Elle, absente, discrète.

Surtout, ne pas céder au rapprochement.

Lillian, cette jeune lycéenne, a plutôt décidé de partir. Pour voir ailleurs si les choses sont meilleures même si au fond, elle est prête à toutes les expériences.
S’il y a quelque chose de vaillant chez ce jeune réalisateur (mi-quarantaine) c’est cette radiographie de la nouvelle féminité : la nouvelle femme, surtout l’émergente, libre de ses actes, revendiquant certains comportement hérités des hommes pour affranchir son pouvoir; paradoxalement, en revanche, capitalisant sur ses charmes pour soustraire « certains » hommes à son influence.

Cette nouvelle odyssée nous conduit vers des endroits plutôt minables où on fait la rencontre de personnages les uns plus tordus que les autres. Si le titre du film affiche avec véhémence sa signification handicapée, il n’en demeure pas moins qu’aux yeux des auteurs du film, c’est sans doute le portrait d’une nouvelle Amérique héritée de l’ère trumpiste auquel nous avons droit. Deux voies qui s’élèvent et se contredisent et où les rapports de force ne donnent aucun accès à la réconciliation. Mais surtout, où la notion de vérité ou de décence a foutu le camp.

Entre temps, Lillian parfait son éducation, prête à faire ses premiers pas dans une toute Nouvelle Amérique.

Ce discours, chez le réalisateur, vibre pourtant à voix basse. Il s’illustre par quelques moments importants, comme la présence d’une communauté clandestine d’êxtrême droite qui prépare ce qu’on ne verra jamais.

Car Sean Price Williams escamote intentionnellement son projet, nous dirige vers d’autres horizons incertains, bousille le rythme du film à plusieurs reprises, se permet des liberté de style (qui n’est pas vraiment du style), verbalise son projet à travers la notion du non-sens, et c’est sans doute ce qui fait la force du film. De sa part, aucun discours politique, si ce n’est (on vous laisser la liberté de deviner) que…

Entre temps, Lillian parfait son éducation, prête à faire ses premiers pas dans une toute Nouvelle Amérique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Sean Price Williams

Scénario
Nick Pinkerton
Direction photo
Sean Price Williams
Montage
Stephen Gurewitz
Musique
Paul Grimstad

Sean Price Williams

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)

V.o. : anglais
The Sweet East

 

Dist. [ Contact ] @
Utopia
[ Marathon Street / Base 12]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

American Fiction

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 5 janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Thelonious “Monk” Ellison, professeur d’anglais, écrit un roman satirique sous un pseudonyme, dans le but de dénoncer les hypocrisies de l’industrie de l’édition.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Pour en

finir avec

les

stéréotypes

Une proposition édifiante, courageuse, menée avec grâce et subtilité. Cord Jefferson (de mère blanche et de père afro-américain) entre déjà par la grande porte avec ce premier long métrage brillamment abouti, adaptation du roman Erasure, du romancier noir Percival Everett. Un texte doux-amer sur la situation des Noirs dans le milieu littéraire urbain contemporain. Clichés, accents, vocabulaire, misère, crimes, marginalité, tous les clichés associés à l’expérience afro-américaine telle que perçue par les Blancs.

La double appartenance du réalisateur lui permet de tracer les contours des deux communautés les plus représentatives des États-Unis. On ne gâchera pas votre plaisir en donnant des détails sur le film – une des caractéristiques de la plupart des critiques chez nos voisins du Sud.

En attendant, Ellison, prof de littérature, est un homme qui se cherche. Son récent roman n’a pas obtenu le succès escompté. Il cherche la bonne idée, mais pas celle où écrire sur son expérience de noir est synonyme de tous les lieux communs associés à sa race. Ellison, dit « Monk », naturellement, parle un anglais parfait, s’exprime dans une langue propre à son statut professionnel. Son éditeur va lui rappeler qu’un succès ne peut arriver qu’en rédigeant un texte auquel les Blancs pourront s’identifier ou plutôt « identifier ».

La tentation de ne pas céder aux clichés.

La fiction aborde alors un dilemme, doublement senti lorsque Ellison tombe amoureux d’une voisine, elle aussi afro-américaine. Ajoutons quelques difficultés dans sa famille, pareils à ceux de toutes les familles normalement constituées.

La mise en scène de Jefferson oscille entre la comédie et le drame, sans pathos, bien sentie, assurant de très bons moments du pure vérité. Le jeune cinéaste aime les zones grises, fait en sorte que son personnage principal, incarné par un Jeffrey Wright exceptionnel, sans doute l’un des plus brillants comédiens de sa génération ne perd jamais le contrôle. Habile dans ses passages d’un état d’esprit à l’autre, selon les circonstances.

En fin de compte, il s’agit d’une comédie douce-amère qui mérite hautement notre attention. Pour, une fois pour toutes, ne plus tomber dans les poncifs. Erasure (Effacement), le titre du roman dont est adapté le film, n’a jamais été aussi éloquent.

Mais également dignement parrainé par une pléiade d’acteurs et d’actrices totalement investi(es) dans leurs rôles. Les maisons d’édition, sans doute contrôlées par des Blancs. N’est-il pas temps que les Noirs pensent à se lancer dans cette frêle industrie, même si la majorité des gens ne lisent pas autant qu’avant?

Nicolas Cage, dans Dream Scenario (Scénario de rêve), lui aussi prof de lettres, vivait une sorte de cauchemar éveillé; Ellison, lui, traverse le quotidien dans une réalité qui, elle aussi, lui réserve des surprises.

En fin de compte, il s’agit d’une comédie douce-amère qui mérite hautement notre attention. Pour, une fois pour toutes, ne plus tomber dans les poncifs. Erasure (Effacement), le titre du roman dont est adapté le film, n’a jamais été aussi éloquent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Cord Jefferson

Scénario
Cord Jefferson.
D’après le roman Erasure
de Percival Everett
Direction photo
Cristina Dunlap

Montage
Hilda Rasula
Musique
Laura Karpman

Cord Jefferson

Genre
Comédie dramatique

Origine
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 56 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Fiction américaine

Dist. [ Contact ] @
Cineplex Entertainment
[ MGM ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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