American Fiction

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 5 janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Thelonious «Monk» Ellison, professeur d’anglais, écrit un roman satirique sous un pseudonyme, dans le but de dénoncer les hypocrisies de l’industrie de l’édition.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Pour en

finir avec

les

stéréotypes

Une proposition édifiante, courageuse, menée avec grâce et subtilité. Cord Jefferson (de mère blanche et de père afro-américain) entre déjà par la grande porte avec ce premier long métrage brillamment abouti, adaptation du roman Erasure, du romancier noir Percival Everett. Un texte doux-amer sur la situation des Noirs dans le milieu littéraire urbain contemporain. Clichés, accents, vocabulaire, misère, crimes, marginalité, tous les clichés associés à l’expérience afro-américaine telle que perçue par les Blancs.

La double appartenance du réalisateur lui permet de tracer les contours des deux communautés les plus représentatives des États-Unis. On ne gâchera pas votre plaisir en donnant des détails sur le film – une des caractéristiques de la plupart des critiques chez nos voisins du Sud.

En attendant, Ellison, prof de littérature, est un homme qui se cherche. Son récent roman n’a pas obtenu le succès escompté. Il cherche la bonne idée, mais pas celle où écrire sur son expérience de noir est synonyme de tous les lieux communs associés à sa race. Ellison, dit « Monk », naturellement, parle un anglais parfait, s’exprime dans une langue propre à son statut professionnel. Son éditeur va lui rappeler qu’un succès ne peut arriver qu’en rédigeant un texte auquel les Blancs pourront s’identifier ou plutôt « identifier ».

La tentation de ne pas céder aux clichés.

La fiction aborde alors un dilemme, doublement senti lorsque Ellison tombe amoureux d’une voisine, elle aussi afro-américaine. Ajoutons quelques difficultés dans sa famille, pareils à ceux de toutes les familles normalement constituées.

La mise en scène de Jefferson oscille entre la comédie et le drame, sans pathos, bien sentie, assurant de très bons moments du pure vérité. Le jeune cinéaste aime les zones grises, fait en sorte que son personnage principal, incarné par un Jeffrey Wright exceptionnel, sans doute l’un des plus brillants comédiens de sa génération ne perd jamais le contrôle. Habile dans ses passages d’un état d’esprit à l’autre, selon les circonstances.

En fin de compte, il s’agit d’une comédie douce-amère qui mérite hautement notre attention. Pour, une fois pour toutes, ne plus tomber dans les poncifs. Erasure (Effacement), le titre du roman dont est adapté le film, n’a jamais été aussi éloquent.

Mais également dignement parrainé par une pléiade d’acteurs et d’actrices totalement investi(es) dans leurs rôles. Les maisons d’édition, sans doute contrôlées par des Blancs. N’est-il pas temps que les Noirs pensent à se lancer dans cette frêle industrie, même si la majorité des gens ne lisent pas autant qu’avant?

Nicolas Cage, dans Dream Scenario (Scénario de rêve), lui aussi prof de lettres, vivait une sorte de cauchemar éveillé; Ellison, lui, traverse le quotidien dans une réalité qui, elle aussi, lui réserve des surprises.

En fin de compte, il s’agit d’une comédie douce-amère qui mérite hautement notre attention. Pour, une fois pour toutes, ne plus tomber dans les poncifs. Erasure (Effacement), le titre du roman dont est adapté le film, n’a jamais été aussi éloquent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Cord Jefferson

Scénario
Cord Jefferson.
D’après le roman Erasure
de Percival Everett
Direction photo
Cristina Dunlap

Montage
Hilda Rasula
Musique
Laura Karpman

Cord Jefferson

Genre
Comédie dramatique

Origine
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 56 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Fiction américaine

Dist. [ Contact ] @
Cineplex Entertainment
[ MGM ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]