Mademoiselle Kenopsia


PRIMEUR
Sortie
Vendredi 8 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Dans un établissement conventuel vide,  une gardienne interagit avec  d’étonnants visiteurs.

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★

Murmures

Une gardienne bien habillée fait sa ronde durant le jour dans un immeuble désaffecté.  Dans une pièce plus richement décorée, elle est interpellée par une visiteuse inattendue.

Cette dame, subtilement jouée par Évelyne de la Chenelière et que nous pourrions appeler mademoiselle cigarette, puisque son discours en fait l’éloge pendant que ses gestes en augmentent les volutes de fumée, disparaît peu de temps après sans crier gare. La gardienne emploie un téléphone filaire et non mobile pour converser avec des interlocuteurs anonymes et pour passer le temps qui semble bien long. Seul des bruits insolites et de rapides images incongrues  en noir et blanc sur les murs accompagnent ses pérégrinations.

Accompagné par une équipe soudée, le réalisateur met en scène  la mémoire du vide avec ses impressions fantomatiques, étape et lieu de passage avant de repartir vers de nouveaux thèmes dans ce film qui, comme plusieurs autres aux RIDM cette année, assumait son hybridité.

Investir les lieux du vide.

Denis Côté a filmé l’errance (La sphate), la fuite au loin (Les états nordiques) et des lieux Curling, Bestiaire servant à diverses activités et investis par des êtres de tout acabit. Ici, comme le dit le titre venu d’une définition du Dictionary of Obscure Sorrows de John Koenig, ce sont les murmures des lieux hier habités que ce cinéaste tente de capter et de rendre préhensibles par divers procédés. Le personnage éponyme, interprété par  sa muse Larissa Corriveau, qui, hier, en Léonie dans Un été comme ça s’installait un manoir avant de s’en échapper pour un temps, ne peut ici sortir de ce grand immeuble vers la luminosité extérieure. Elle désirait suivre le factotum, joué simplement par Olivier Aubin, qui l’intéresse grandement par son allure et ses observations terre à terre.

Accompagné par une équipe soudée, le réalisateur met en scène  la mémoire du vide avec ses impressions fantomatiques, étape et lieu de passage avant de repartir vers de nouveaux thèmes dans ce film qui, comme plusieurs autres aux RIDM cette année, assumait son hybridité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Denis Côté

Scénario
Denis Côté
Direction photo
Vincent Biron

Montage
Terence Chotard
Conception sonore
Terence Chotard
Musique
Potochkine

Denis Côté

Genre
Essai documentaire

Origine
Canada [Québec]
Année : 2023 – Durée : 1 h 17 min
Langue
V.o. : français; s.-t.a.

Mademoiselle Kenopsia

Dist. [ Contact ] @
h264
[ Voyelles Films ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Maestro

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 8 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Le récit de l’amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

 

Moderato cantabile

 

Sûrement, Bradley Cooper, romantique assumé, comme il l’avait prouvé dans A Star Is Born / Une étoile est née (2018) avec une Lady Gaga au jeu étincelant, récidive dans le genre avec une non-biographie du célèbre Leonard Bernstein, le chef d’orchestre dont la réputation sulfureuse mais ô combien productive n’est plus à faire.

En plus de se donner le rôle principal – même si les maquillages pour le ressembler ont froissé certains, pour de très mauvaises raisons d’ailleurs – il bénéficie d’une nouvelle muse, Carey Mulligan, campant une Felicia Montealegre Bernstein prête à accepter les infidélités les plus ambigües de son légendaire époux, au jeu impeccable.

Dans la vie de tous les jours, tenant compte des diverses époques que traverse le film, la sexualité de Bernstein est plutôt tolérée dans le monde artistique  auquel il appartient. Pour l’homme de tous les jours, c’est autre chose. D’où cette liberté de mouvements, de gestes, d’un je-m’en-foutisme du qu’en-dira-t-on qu’il peut se permettre, vu son statut social. Si le sujet est abordé , quoique subtilement, sans faire trop de vagues, c’est surtout sa relation avec Felicia et leurs enfants, ainsi que cet amour que Bernstein dédie à la musique qui traverse cette biographie musicale plutôt que romancée.

Se donner entièrement comme pour mieux renaître.

Pour l’occasion, séquence épique dans la cathédrale d’Ely au Cambridgeshire lors de la présentation de la Symphonie nº 2 de Mahler, donnant à Matthew Libatique, un habitué de Darren Aronofsky, de contempler une autre façon de magnifier la majestuosité du grandiose. Et où la prestance volontairement grandiloquente de Cooper et l’intensité de la partition donnent simplement la chair de poule.

Film linéaire, et c’est très bien ainsi, où les différentes étapes de la vie artistique et personnelle du compositeur sont illustrées, soit dans un noir et blanc majestueux et mélancolique ou une couleur propre à l’époque évoquée.

Comme on s’y attendait, le recours à la partition du culte West Side Story passe rapidement, comme un éclair, C’est plutôt la musique classique qui alimente le film. C’est par elle que le destin créateur de l’artiste traverse son époque, s’illustre dans des chemins de traverse, soulève des interrogations et sert de mise en perspective d’une œuvre intemporelle.

Cooper a fait en sorte que Maestro, au titre dignement exaltant, soit aussi un film triste, souvent nostalgique, d’une tristesse malgré les apparences, à fleur de peau, même lorsque ça ne paraît pas.

Mais plus que tout, Maestro est un film fiévreux, obsédant, ardent dans sa démarche, cherchant de tous côtés comment faire face à un sujet aussi téméraire que complexe et capricieux. Une partition musicale en forme de sonatine échevelée, circonspecte, mais tout aussi surprenante.

Il faut observer ces détails qui se faufilent d’une séquence à l’autre et qui transforment la banalité du quotidien en une aventure de l’émerveillement. Rares sont les films américains qui parlent de la classe aisée, de ces bourgeois du monde artistique qui, finalement, n’ont rien à raconter.

Dans le cas de Leonard Bernstein, c’est tout autre choses. Sa mise à exécution d’un personnage légendaire dépasse ce à quoi on aurait pu s’attendre. Ses imitations, si on peut les nommer ainsi, oscillent entre la caricature volontaire et une introspection que l’acteur donne à l’art qu’il pratique, autant comme réalisateur que comme comédien.

Quel est le discours politique de Bernstein et de Montealegre? Cooper n’en fait pas mention. Mais plus que tout, Maestro est un film fiévreux, obsédant, ardent dans sa démarche, cherchant de tous côtés comment faire face à un sujet aussi téméraire que complexe et capricieux. Une partition musicale en forme de sonatine échevelée, circonspecte, mais tout aussi surprenante.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Bradley Cooper

Scénario
Bradley Cooper
Josh Singer
Direction photo
Matthew Libatique

Montage
Michelle Tesoro
Musique
Leonard Bernstein

Bradley Cooper, portant la caméra.
Crédit : Jason McDonald (Netflix)

Genre
Drame biographique

Origine
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 2 h 10 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Maestro

Dist. [ Contact ] @
Netflix
[ Equinoxe Films ]

Diffusion @
Cineplex
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Monster


PRIMEUR
Sortie
Vendredi 8 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon.

CRITIQUE
Pascal Grenier

★★★ ½

De

la bouche

des enfants

Habitué du Festival de Cannes où il a remporté le Prix du scénario et la Queer Palm en mai dernier, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda propose avec Monster une de ses oeuvres les plus ambitieuses à ce jour, un seizième long métrage au cours de son illustre carrière. Après La vérité tourné en France en 2019 et Broker l’an dernier en Corée du Sud, ce drame de mœurs marque aussi un retour dans l’archipel pour celui qu’on qualifie de « petit-fils » d’Ozu. Adoptant une structure narrative similaire à celle de Rashômon du grand Kurosawa, Monster raconte une histoire sous des perspectives changeantes, avec des sauts en arrière, mais sans repères temporels explicites.

Kore-eda nous plonge dans un drame social à l’apparence anodine où un changement de comportement chez un enfant lié apparemment à une simple dispute prend des proportions beaucoup plus graves et dont les répercussions vont impliquer tous les principaux acteurs de la société.

Comme à un âge des possibles.

Bien entendu comme son modèle de narration, la perspective change la perception de la réalité et l’intrigue se dévoile au fur et à mesure des révélations et événements relatés. Mais contrairement à certains des meilleurs films du cinéaste adulé (Nobody Knows / Dare mo shiranai ou encore Tel père, tel fils / Soshite chichi ni naru), ce procédé narratif donne dans l’artificialité alors que les liens entre certains personnages apparaissent parfois forcés afin de nourrir le fait que plusieurs personnes décrivent différemment le même événement. Les observations de l’extérieur sont coincées dans une forme de mascarade de jeu moraliste, protecteur et normatif.

Une des principales forces dans le cinéma de Kore-eda est sa capacité à aborder des questions morales complexes liées à la famille, à la société et à la nature humaine. Que ce soit en lien avec la responsabilité parentale, la recherche d’identité et la moralité souvent aux prises à des circonstances difficiles qui incitent les spectateurs à réfléchir sur leurs propres valeurs et à remettre en question les normes sociales.

[le réalisateur] se montre plus habile dans sa mise en scène, minutieuse et précise, dans sa direction impeccable d’acteurs (autant les adultes que les jeunes) alors qu’il atteint une plus grande justesse dans sa façon d’aborder le harcèlement et le deuil.

Avec Monster, il parle toujours de l’institution de la famille et de ces affinités électives sous son regard profondément humain qui l’a rendu célèbre. Mais pour la première fois depuis son tout premier film (Maborosi), le cinéaste n’a pas écrit le scénario original (il est de l’auteur Yuji Sakamoto) qui nage souvent en eaux troubles avec notamment cette prise de conscience de l’identité de genre queer dès le plus jeune âge.

En revanche, Il se montre plus habile dans sa mise en scène, minutieuse et précise, dans sa direction impeccable d’acteurs (autant les adultes que les jeunes) alors qu’il atteint une plus grande justesse dans sa façon d’aborder le harcèlement et le deuil. Ces deux thèmes majeurs et récurrents dans son oeuvre sont ici perturbés par une structure sociale qui cherche à nous prévenir de l’importance de l’éloignement des médias sociaux pour une meilleure personnification et une recherche de son véritable monstre en soi.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Hirokazu Kore-eda

Scénario
Yûji Sakamoto
Direction photo

Kondô Ryûto
Montage
Hirokazu Kore-eda
Musique
Ryuichu Sakamoto

Hirokazu Kore-eda

Genre
Drame psychologique

Origine
Japon
Année : 2023 – Durée : 2 h 07 min
Langue
V.o. : japonais; s.-t.a. ou s.-t.f.

Monstre
Kaibutsu

Dist. [ Contact ] @
TVA Films
[ Wild Bunch Int. ]

 

Diffusion @
Cinéma Moderne
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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