Les jours heureux

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 20 octobre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Emma, cheffe d’orchestre lesbienne, est confrontée à une relation toxique avec son père.

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★

 

Plonger

dans la vie

 

Tôt le matin, un jeune garçon va réveiller une jeune femme endormie sur un sofa. La journée peut commencer, faite de repas et de jeux.

La cinéaste Chloé Robichaud nous offre le portrait d’Emma, cheffe d’orchestre dans la trentaine qui tente de prendre sa place dans cet univers de la musique classique tout en répondant aux attentes de son père et agent et aux aléas de sa vie amoureuse. Le scénario de la réalisatrice est construit autour de trois morceaux de musique de Mozart, Schoenberg et Mahler de natures bien différentes et qui servent de miroirs à l’évolution de la protagoniste. La participation complice et complète de l’Orchestre métropolitain permet, par le biais des répétitions et des concerts, de savourer les prestations de l’ensemble et de sa meneuse dans des interprétations dans lesquelles les volutes de musique s’allient harmonieusement à la gestuelle de certains musiciens et aux indications précises d’Emma.

Un air de famille particulier.

La cinématographie d’Alex Méthot, lumineuse même dans les moments les plus ombres, accompagne Emma dans les couloirs de sa vie et de son travail tout en embrassant la beauté du monde qui l’entoure. Sophie Desmarais vibre de tout son être dans ce rôle central. Dans celui de Naëlle, la petite amie, Nour Belkhiria apporte des variations heureuses à ce chassé-croisé aux points de repères multiples. Sylvain Marcel est impressionnant en Patrick, le père dominateur et l’agent constant de la vie de sa chère fille. Les autres acteurs apportent un concours d’une harmonie indéniable à ce trio.

La cinématographie d’Alex Méthot, lumineuse même dans les moments les plus ombres, accompagne Emma dans les couloirs de sa vie et de son travail tout en embrassant la beauté du monde qui l’entoure.

En contrepoint au récent Tár de Todd Field dont Lydia, le personnage principal a des ressemblances de caractère avec celui de Patrick, la cinéaste continue, après Sarah préfère la course, ces fresques de plus en plus larges sur ces jeunes femmes qui osent plonger dans leur vie.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Chloé Robichaud

Scénario
Ariane Falardeau St-Amour
Paul Chotel
Direction photo
Alex Méthot

Montage
Ariel Methot-Bellemare
Conseiller musical
Yannick Nézet-Séguin

Chloé Robichaud

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2023 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)

V.o. : français; s.-t.a.
Days of Happiness

Dist. [ Contact ] @
Maison 4tiers
[ Item 7 ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cineplex

Visa de classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Sous les figues

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 20 octobre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Au nord-ouest de la Tunisie, des jeunes femmes travaillent à la récolte des figues. Sous le regard des ouvrières plus âgées et des hommes, elles flirtent, se taquinent, se disputent.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

 

Une journée

particulière

 

Elles travaillent occasionnellement au champ, ramassant des figues. Elles sont jeunes, d’une beauté radieuse que le soleil illumine encore plus, ou plus âgées, nobles, expérimentées dans les choses de la vie. Leurs brèves mélopées remplissent tristement le cœur et l’esprit. Même chose pour les garçons, la plupart des jeunes, timides ou plus pressants, selon les circonstances de la journée. Ces travailleurs dans un verger du pays, utilisent les réseaux sociaux – Facebook, WhatsApp, Instagram, et pourquoi pas!
La Tunisienne Erige Sehiri, après quelques courts et un long documentaire, Albums de famille (Mawsem Hisad), signe ici un premier long métrage lumineux, saisi par cette urgence de contempler et dans le même temps de capter les visages, les frustrations, les dilemmes entre travailleurs, les flirts inévitables, les envies de toutes sortes, les disputes aussi et les réconciliations.

Le soleil en face.

La caméra de Frida Marzouk est très proche des intervenants qui n’hésitent pas à improviser et montrent un talent fou devant l’objectif qui les filme. Les gros plans, insistants, n’empêchent pas les protagonistes de se révéler. Les problèmes des uns sont aussi ceux des autres.

Une sorte de communauté où la démocratie se conjugue par l’entraide, pas toujours, mais la plupart du temps.

Une radiographie en quelque sorte de ce que peut être la dynamique sociale dans les pays d’Afrique du Nord. L’auteur de ces lignes en sait quelque chose. Dans ce genre de travail, le jour de la paie, on négocie le salaire, on emprunte, on échange, on demande toujours plus. Aucun contrat à signer, mais empruntant au système de « la débrouille ».

Pour Sehiri, la Tunisie avance lentement, à petits pas, malgré les difficultés de s’adapter aux changements ou à un gouvernement, après celui autoritaire de Ben Ali, également contesté.

Sous les figues, après tout, emprunterait-il au néoréalisme maghrébin que ces jeunes cinéastes émergeant tentent de créer. Un cinéma régional qui puise ses images hors des grandes villes urbanisés et occidentalisés, colonialisme du siècle dernier oblige.

Au champ, on commet des erreurs, parfois par paresse, d’autres fois par fatigue. Hors de la présence du patron, on se permet quelques pauses pour parler de tout ou de rien. De la vie, de la famille, des hommes qui brisent le cœur de ses jeunes filles, eux, ne devinant rien, ou peut-être faisant semblant.  D’où cette sensualité nette, presque érotique, qui se mélange à l’air que l’on respire. C’est ainsi en Afrique du Nord.

Le temps passe, la journée se termine. On a eu le temps de travailler, mais aussi de rêver, comme se marier ou poursuivre ses études.
Pour Sehiri, la Tunisie avance lentement, à petits pas, malgré les difficultés de s’adapter aux changements ou à un gouvernement, après celui autoritaire de Ben Ali, également contesté.

Il faut savoir lire entre les lignes.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Erige Sehiri

Scénario
Peggy Hamann
Ghalya Lacroix
Erige Sehiri
Direction photo
Frida Marzouk

Montage
Malek Kammoun
Ghalya Lacroix
Hafedh Laridhi
Musique
Amine Bouhafa

Erige Sehiri

Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
Tunisie / Suisse
France / Qatar
Allemagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 32 min
Langue(s)

V.o. : arabe; s.-t.f. ou s.-t.a.
Under the Fig Trees
Taht alshajra

 

Dist. [ Contact ] @
Film Movement
[ Luxbox ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

Visa de classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Strange Way of Life

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 20 octobre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Silva traverse le désert à cheval pour retrouver Jake qu’il a connu vingt-cinq ans plus tôt lorsqu’ils étaient tous deux tueurs à gages. Silva souhaite renouer avec son ami d’enfance désormais shérif, mais ces retrouvailles ne sont pas sa seule motivation.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

Humeurs

vagabondes

On attendait impatiemment le « western gay » de Pedro Almodóvar pour la simple raison qu’on se demandait s’il évoquerait le sensationnel long métrage Brokeback Mountain (Souvenirs de Brokeback Mountain), d’Ang Lee.

Si Strange Way of Life se démarque, c’est bien par son caractère original qui ne cède pas à la tentation de mimer. Une proposition simple qui aurait pu néanmoins se transformer en un long métrage, mais que le cinéaste espagnol a cru bon de limiter à 31 minutes. Sans doute pour de bonnes raisons.

Assez cependant pour que nous soyons les témoins passifs d’une étrange histoire d’amour entre deux hommes qui se rencontrent après de longues années sans s’être vus.

Le premier, Silva (magnifique et sensuel Pedro Pascal), qu’Almodóvar se permet de filmer de dos, sur le lit, le fessier en l’air, grâce à la caméra gourmande de José Luis Alcaine. Et le plus passionné des deux. Le second, Jake (Ethan Hawke, plus stable et confortable dans les histoires d’amour hétéros, faisant des efforts pour manifester un semblant de passion, toutefois éteinte).

Et si l’on recommançait?

On n’avancera rien sur l’intrigue. Mais la passion, après des années, se dilue. L’homosexualité est vécue, du moins pour l’un d’eux, comme un « rite » de passage, une curiosité provisoire qu’on ferait mieux d’oublier. Sauf que…

Mais chez Almodóvar, aucun signe n’expliquant ce constat. Il dirige ses acteurs, s’assure que le tout est bien filmé. Ce moyen métrage se trouve finalement à mille lieues de la cohésion et de la richesse plastique que procurait La loi du désir (La Ley del deseo), imbattable film gai de la fin des années 1980.

Reste un plan final où le personnage de Silva donne une réplique qui, à elle seule, résume le but de cette rencontre entre deux anciens supposément amants.

Ici, de courtes séquences inutiles. Des personnages aussi, mal définis. Une erreur dans la filmographie de Pedro Almodóvar, et pas la seule. Mais Strange Way of Life, titre d’autant plus paradoxal, semble suggérer que le cinéma des « homosexualités » n’est pas un genre facile à faire, même pour les cinéastes ouvertement gais. Si on se rabat sur les images vaguement érotiques, le discours, lui, celui de la passion, n’est point, ici, incarné.

Une histoire un peu compliquée de relation intime mal assumée, de vengeance après la mort de la maîtresse de l’un; de la protection du fils de l’autre. Trop complexe comme récit.

Reste un plan final où le personnage de Silva donne une réplique qui, à elle seule, résume le but de cette rencontre entre deux anciens supposément amants.

En attendant le prochain long métrage du cinéaste ibérique qui semble être un secret bien gardé.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Pedro Almodóvar

Scénario
Pedro Almodóvar
Direction photo
José Luis Alcaine

Montage
Teresa Font
Musique
Alberto Iglesias

Pedro Almodóvar

Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
Espagne / France
Année : 2022 – Durée : 31 min
Langue(s)

V.o. : anglais; s.-t.f.
Étrange façon de vivre
Extraña forma de vida

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]

 

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cinéma du Musée
 Cinéma du Parc
 Cinémathèque québécoise

Visa de classement
GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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