The Eternal Memory
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 août 2023
Augusto et Paulina sont ensemble depuis 25 ans. Il y a huit ans, on lui a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer. Tous deux redoutent le jour où il ne la reconnaîtra plus.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
| Élie Castiel
★★★★
La fuite
de l’image
indicible
Sans nul doute, il semblerait que pour la cinéaste chilienne Maite Alberdi, le plan cinématographique, dans un sens, sa représentation, disparaît, s’efface, ne fait plus partie du réel lorsque la mémoire flanche, le souvenir disparaît jusqu’à ce que plus rien n’existe.
Il ne reste plus à la cinéaste que de filmer les instants restants, qui s’évanouissent à une rapidité hallucinante, mais dans le même temps pris de quelques élans de tendresse infinie, d’amour inconditionnel, de vie de couple qui a connu de meilleurs moments. Comment filmer ce qui a été et compté si ce n’est pas l’intermédiaire de ces homes movies (films amateurs faits chez soi) où la nostalgie berce chaque plan.
Une émotion que Adiberti filme avec le plus grand soin apporté à cette notion de distanciation sans pour autant qu’elle nuise à un certain pathos nécessaire. C’est une question d’humanité, de rapport physique à l’autre.
Ce doute entre filmer le réel, résister à son paroxysme, défier les lois de l’indicible, de la douleur intérieur et des lois rigides du cinéma situe la principale intéressée dans un dilemmme moral. Filmer ou ne pas filmer. Se laisser émouvoir par la condition d’Augusto (personnage documentaire au jeu impeccable, comme si sa maladie le poussait à camper un rôle à chaque étape de son évolution.
Que sait-on sur la maladie d’Augusto Góngora, journaliste chilien, acteur, ancien présentateur du journal télévisé? Et surtout de sa maladie, sauf que dès le départ, nous sommes confrontés à ce dilemme moral et physique. Et puis sa compagne, l’actrice, elle aussi chilienne, Paulina Urrutia. Dès le départ, en effet, c’est de leur dernier parcours de vie commune, de correspondance intime qu’on appelle simplement « amour » qui se manifeste dans ce docufiction qui tient à ne pas définir le genre dont il est question. Car le contraire, serait usurper la vérité, se l’approprier pour la rendre pathétique. Alberdi évite ce faux pas.
La conscience s’en va, l’oubli se fait de plus en plus présent. La maladie d’Alzheimer n’a jamais subi un traitement cinématographique aussi bouleversant. Justement parce que traité avec un réalisme entre le poétique et l’indubitable. C’est cet amalgame qui rejoint en quelque sorte l’image qui s’esquive, comme pour se protéger de la finitude annoncée. C’est un bel essai sur la vie et le cinéma.
Et si le sujet est lourd, assaillant même, n’empêche que la cinéaste prend tous les moyens possibles pour que l’ensemble paraisse, paradoxalement ensoleillée. Ce sont des plans de rapprochements tendres et complices qu’elle va créer, des instants qui ressemblent à des lendemains qui chantent, tout le contraire de ce que le futur réserve.
Les principaux protagonistes de cette histoire sont montrés dans une approche quasi angélique, romantique, chose que Alberdi ne se reproche pas. Elle en est consciente. On parle de la mort, mais, non pas pour l’inciter à se rapprocher, mais pour savourer le temps qui reste; on parle aussi de chansons qu’on a aimées, de souvenirs communs. Paulina agit en infirmière pendant les étapes les plus lourdes à surmonter.
La conscience s’en va, l’oubli se fait de plus en plus présent. La maladie d’Alzheimer n’a jamais subi un traitement cinématographique aussi bouleversant. Justement parce que traité avec un réalisme entre le poétique et l’indubitable. C’est cet amalgame qui rejoint en quelque sorte l’image qui s’esquive, comme pour se protéger de la finitude annoncée. C’est un bel essai sur la vie et le cinéma.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Maite Alberdi
Scénario
Maite Alberdi
Direction photo
Pablo Valdés
Montage
Carolina Siragyan
Musique
Miguel Miranda
José Miguel Tobar
Genre
Docufiction
Origine(s)
Chili
Année : 2023 – Durée : 1 h 25 min
Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.f. ou s.-t.a.
La mémoire éternelle
La memoria infinita
Dist. [ Contact ] @
Équinoxe Films
[ Dogwoof ]
Diffusion @
Cineplex
Cinémathèque québécoise
[ Dès le vendredi 25 août 2023 avec s.-t.f. ]
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]