The Glorias

Sortie
[ Numérique ]
Mercredi 30 septembre &
Vendredi 02 octobre 2020

SUCCINCTEMENT
L’histoire de Gloria Steinem, devenue une porte-parole du mouvement féministe américain dans les années 1960 et 1970.

Critique.

Texte.
Élie Castiel

★★★ ½

C’est plutôt à la scène que Julie Taymor fait ses marques, qu’il s’agisse de Broadway ou d’ailleurs ou encore d’opéras. Entre elle et le cinéma, un rapport timide qui se limite à quelques productions où, indéniablement, ses sources d’inspiration scénique se font sentir. On peut penser, entre autres, à Titus (1999), A Midsummer Night’s Dream (2014) ou The Tempest (2016). Pour le grand écran, Frida (2002) et Across the Universe / À travers l’univers (2007) lui ouvrent les portes vers une possible carrière dans le 7e art.

Ms. Steinem

Ce n’est néanmoins qu’en 2020 qu’elle envisage un retour au cinéma avec le film biographique, s’inspirant de la vie de la légendaire Gloria Steinem. Double tache qui consiste à parler également d’elle, certes en filigrane, mais toujours soutenue par cet élan qui consiste à situer la femme dans une perspective de liberté et de rapport ouvert au monde. Le pluriel du titre s’explique par les différentes époques représentées dans le film. Le récit d’une vie, de la jeune adolescence à aujourd’hui, alors que, comme on s’y attend, la vraie Steinem apparaît à l’écran, scellant admirablement bien la thèse du film, à l’instar de la regrettée Ruth Bader Ginsburg dans l’excellent RBG (2019).

The Glorias, c’est aussi, par moments, une mise en scène éclatée qui rappelle en quelque sorte le très beau Milk (2008) du légendaire Gus Van Sant. Quasi le même rythme, auquel, dans The Glorias, Taymor ajoute ses « grains de sel » scéniques pour justifier certains propos, mais également pour faire route à part dans son métier. Comme chez Van Sant, une recherche éperdue d’originalité, de griffe personnelle et en ce qui a trait à la direction d’acteurs, ou au contraire, ici, d’actrices, un mélange adroit entre la fausse improvisation (car elle vachement contrôlée) et la sensation d’atteindre des moments dramatiques que seul le jeu peut permettre.

Gloria Steinem, c’est Leo, le père Juif et sorte de saltimbanque (impayable et magnifique Timothy Hutton), ou Ruth, la mère presbytérienne, ancienne journaliste à une époque où les hommes blancs et hétéros contrôlent la presse; plus âgée, elle vit d’angoisses et de tourments – formidable Enid Graham.

Parfois, il semble que le film de Taymor suit intentionnellement une mise en scène classique, se dotant des codes du genre pour occasionner l’attendu, l’émotionnel, entrer en rapport direct avec les spectateurs, s’attendant à ce qu’ils voient le film, conscients, à l’avance, du personnage ou des personnages dont il est question.

The Glorias, c’est aussi, par moments, une mise en scène éclatée qui rappelle en quelque sorte le très beau Milk (2008) du légendaire Gus Van Sant. Quasi le même rythme, auquel, dans The Glorias, Taymor ajoute ses « grains de sel » scéniques pour justifier certains propos, mais également pour faire route à part dans son métier.

Entre la Steinem plus récente, Julianne Moore, comme toujours, s’inscrivant dans une sémiotique du jeu, incarnant son rôle jusqu’à lui apposer une certaine aura de mystère et dans le même temps de conscience sociale – la séquence dans un bar d’autoroute ou la femme, chez un couple de motards dans la cinquantaine, lui demande si elle est Gloria Steinem, demeure un moment clé du film. Gloria Steinem ou les années 60 de toutes les dissensions et remises en question.

Et puis Alicia Vikander, en jeune Gloria. Elle illumine l’écran de sa beauté diaphane et de son charisme cinématographique. On soulignera également la présence épisodique de Bette Midler (en Bella Azbug) qui joue simplement « Bette Midler », c’est-à-dire diablement présente, fidèle à ses contorsions dramatiques proches du camp, et un franc-parler légendaire.

Le film devait sortir en salle le 25 septembre, mais les nouveaux impératifs du marché créés en bonne partie par la pandémie font en sorte que le géant Amazon s’approprie les droits, fort probablement pour un plus grand nombre de spectateurs.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Julie Taymor

Genre(s)
Drame biographique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 2 h 27 min

Langue(s)
V.o. : anglais
The Glorias

Dist. @
[ levelFILM ]

Diffusion @
30 septembre 2020 >>> Amazon PRIME

02 octobre 2020 >>> Apple TV / Rogers on Demand
Bell on Demand / Shaw on Demand, Telus on Demand

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]