The Orphanage

PRIMEUR
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Sortie
Mardi 02 mars 2021

SUCCINCTEMENT
À Kaboul, un jeune débrouillard gagne sa vie en revendant des billets de cinéma qui lui permettront de voir le plus de films bollywoodiens. Bientôt, il se retrouve à l’Orphelinat, une maison de correction pour jeunes délinquants.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Le lieu, Kaboul. L’époque, fin des années 1980. L’idée de ce second long métrage se base sur la vie d’un certain Anwar, proche de la réalisatrice Shahrbanno Sadat qui compte faire cinq parties portant sur le vécu de ce personnage hautement cinématographique. Un pari risqué si on considère les origines de la cinéaste. Mais au-delà de ces chroniques, c’est tout un pan de l’Histoire de l’Afghanistan qui se dessine devant la caméra, quatre décennies d’invasions, de domination soviétique, jusqu’aux débordements des Talibans.

Filmer l’impossible, émettre un point de vue, une vision des choses interventionniste, usant des images en mouvement pour recadrer l’Histoire, pour lui donner un sens, une vérité, une certaine objectivité.

Mais il y a aussi le film, The Orphanage, un récit de pénitencier pour jeunes, un lieu qui, âges des pensionnaires obligent, leur permet quelques libertés, des compromis avec les gardiens et les autorités, voir même mener quelques petits trafics. Et comme dans les prisons pour adultes, une hiérarchie entre les forts et les faibles, entre les dominants et ceux qui subissent. Une microsociété qui s’affirme et se complait dans ses règles, ses codes de conduite, ses valeurs d’éthique, son sens de l’honneur. Bref, comme à l’extérieur.

Tranches de vie à Kaboul

Le cinéma, comme une arme aiguisée

L’originalité du film de Sadat repose particulièrement sur la vision qu’elle porte sur la masculinité, sur le concept d’Homme dans une société fortement paternaliste et, sans nécessairement  l’illustrer, de la vision que les hommes portent sur la femme. Et dans ces dernières années 80, l’influence des films bollywoodiens dans la vie des jeunes, leur violence, leurs chansons, leurs chorégraphies posant le plus souvent un regard érotique sur la femme. Et la femme, elle, à Kaboul, plus occidentalisée, plus libre, plus émancipée à cette époque. Pour quelque temps encore jusqu’à la noirceur apportée par les Talibans.

Une mise en scène aussi, bien plus que ça, une mise en contexte, celle d’une époque que plusieurs dans ce pays rêvent aujourd’hui de reconquérir. Inutile de vous rappeler l’état du pays en ce moment.

Le film, pour des raisons évidentes de sécurité, a été tourné en Occident et au Tadjikistan; et la stratégie de la réalisatrice est de mener à bien son projet en proposant deux genres bien codifiés, la comédie musicale – dont la séquence au cinéma est un véritable morceau d’anthologie – et la fiction en prison, sans compter les scènes de rue à l’extérieur.

Désorientant? Pour l’œil occidental, peut-être bien, mais pas vraiment pour ceux et celles qui ont une vision universaliste du monde. Comme instrument de persuasion, le cinéma peut être parfois une arme aiguisée, prête à tout pour faire passer son message.

Malgré le sérieux du projet, une vision du cinéma plus positive qu’aliénante, même chose sur l’avenir du pays; Sadat semble dire que le cinéma est une arme de résistance, de rébellion, de changements et d’ouverture à tous les possibles. Film donc engagé tout en évitant le militantisme radical. En quelque sorte, une vision mi-figue, mi-raisin de l’existence, des luttes qu’il faut faire pour l’améliorer. Et pourquoi ne pas utiliser ce médium magique qu’est le cinéma, miroir du monde, pour incarner le rêve, l’image symbolique, la métaphore, tous ces compromis et petites licences qu’on peut se permettre de réaliser.

Désorientant? Pour l’œil occidental, peut-être bien, mais pas vraiment pour ceux et celles qui ont une vision universaliste du monde. Comme instrument de persuasion, le cinéma peut être parfois une arme aiguisée, prête à tout pour faire passer son message.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Shahrbanno Sadat

Scénario
Shahrbanno Sadat

Direction photo
Virginie Surdej

Montage
Alexandra Straus

Musique
Artistes variés

& une chanson bollywoodienne

Son
Anne Gry Friis Kristensen

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Danemark / Luxembourg
France / Allemagne
Afghanistan / Corée du Sud
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 30 min

Langue(s)
V.o. : multilingue ; s.-t.a.
Parwareshghab

Dist. [ Contact ] @
[ 1844 Entertainment ]

Classement (suggéré)
Tous publics

Diffusion @
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ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]