Three Thousand Years of Longing

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 26 août 2022

SUCCINCTEMENT.
Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Par un concours de circonstances « exceptionnelles », elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. 

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.
★★★★ 

texte
Élie Castiel

Entre l’allégorie

de l’imaginaire

et

le retour vers soi

De son vrai nom Yorgos Miliotis, George Miller délaisse ses premières ambitions apocalyptiques des Mad Max (même s’il annonce deux autres chapitres, l’un en 2024, Furiosa (?), qui pourrait changer de date et l’autre en 2027 – nous souhaitons qu’il se dépêche) pour proposer un conte philosophique tiré (et non pas le vilain mot « basé ») d’une nouvelle de A.S. Byatt qui se transforme en récit romantique.

En effet. À 77 ans, âge vénérable, sans doute que Miller s’accroche à son existence, reflète sur son parcours artistique, mais également sur ses origines, ses racines helléniques que plusieurs de la génération de ses parents ont dû modifier pour fins de reconnaissances sociales et par défaut, de possibilités de réussites.

Miller n’a jamais été aussi Grec que dans Three Thousand Years of Longing. Film brillant, lucide, d’une poésie à la fois ludique, enchantée, nous ramenant à nos fantasmes d’enfance, mais dans le même temps, racontant certaines légendes de notre civilisation occidentale. Comment s’est-elle formée?

Il parlera du Roi-sage Salomon et de son attrait pour la légendaire Reine de Saba, il mettra en valeur les vertus démocratiques de Soliman le Magnifique. Faits historiques, légendes, mythes?

Un rapport de forces qui tentent de s’équilibrer.

Peu importe, puis qu’en parlant de « mythes », la Grèce antique refait furtivement surface ici, sans trop de démonstration, se joignant aux autres civilisations pour « expliquer » en quelque sorte la nôtre. Il n’est jamais question de Christianisme puisque celui-ci serait le produit des autres et que sans les autres, il n’aurait pas eu lieu, ne se serait pas manifesté.

Le George Miller de Three Thousand Years of Longing est oriental, fier de ses sources premières, le film étant comme une sorte de parcours thérapeutique qui confronterait le cinéaste à ses propres interrogations.

En même temps qu’une pause bien salutaire qui le reposerait de ses films dits « d’action », pleins de bruits et de fureur, le nouvel opus parle de solitude, de la création, de cette pulsion incontrôlable du rapprochement des corps, de s’identifier ou encore mieux de se confier et de s’unir à quelqu’un, quitte à ce qu’on l’invente.

Alithea (en grec « vérité »), ce n’est pas surprenant. C’est non pas, pour Tilda Swinton, parfaite dans ce rôle, découvrir , mais surtout ce qui donne un élan à la vie, à l’existence terrestre.

Attention : Three Thousand Years of Longing / Trois mille ans à t’attendre n’est pas un film d’action – sauf pour quelques séquences furtives pour fins pédagogiques, mais une proposition romantique, un discours philosophique sur la nature du monde, sur notre approche de la vie et des relations humaines, sur notre soif insurmontable de conflits, sur la jalousie, le pouvoir, la trahison, même au sein d’une même famille.

En attendant, Three Thousand Years of Longing demeure un conte philosophique bouleversant sur la condition humaine. Attendrissant, et pourquoi pas, divertissant.

La presse cinématographique, mitigée. Ce qui prouve, jusqu’à un certain point que l’acte critique est un exercice subjectif.

Il n’est pas donc pas surprenant qu’à l’instar du Djinn (Idris Elba, géant, dans les deux sens du terme), Alithea est célibataire (même si elle mentionne qu’elle a déjà été mariée). Deux héros solitaires (relation aux westerns de la grande époque) marchant droit devant, dans une route droite qui les mène nulle part, ou plutôt « oui », vers des ailleurs à découvrir, vers une planète-terre qui ne cesse de briller et en même temps de brouiller les pistes, comme il se soit.

George Miller philosophise le propos avec un grain de sel, un humour pince-sans-rire, là où l’ironie est une forme de qualité. Non pas pour dérouter, mais plutôt pour accentuer le propos.

Des éléments visuels, illustrés sans trop d’ampleur, arrivent à donner un sens au discours millerien, à ses envies de finalement parler de lui et de nous. Mais le plus important dans cette aventure, c’est bel et bien que le cinéaste n’a pas hésité une seconde à prendre le risque de peut-être décevoir ses fans mad-maxés depuis la première mouture.

Mais ne nous avait-il pas proposé, en 1992, le lumineux Lorenzo’s Oil / L’huile de Lorenzo? Une première pause pour montrer que son flair artistique est varié. En attendant, Three Thousand Years of Longing demeure un conte philosophique bouleversant sur la condition humaine. Attendrissant, et pourquoi pas, divertissant.

La presse cinématographique, mitigée. Ce qui prouve, jusqu’à un certain point que l’acte critique est un exercice subjectif.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
George Miller

Scénario
George Miller, Augusta Gore
D’après la nouvelle de A.S. Byatt
The Djinn in the Nightningale’s Eye

Direction photo
John Seale

Montage
Margaret Sixel

Musique
Tom Holkenborg

[ Junkie XL ]

John Seale (gauche, images) et George Miller, cinéaste.
Une nouvelle aventure cinématographique.

Genre(s)
Conte

Origine(s)
Australie

États-Unis

Année : 2022 – Durée : 1 h 49 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a.

& Version française
Trois mille ans à t’attendre

Dist. [ Contact ] @
Entract Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]