Triangle of Sadness
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 14 octobre 2022
SUCCINCTEMENT.
Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et elle, également influenceuse, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Les événements prennent une tournure inattendue.
Le Film
de la semaine.
CRITIQUE.
★ ★ ★ ½
texte
Pascal Grenier
Des
êtres
dans
les
nuages
Cinq ans après avoir reçu la Palme d’or avec
The Square, le suédois Ruben Östlund
remporte à nouveau, avec Triangle of
Sadness, la célèbre Palme cannoise
avec son plus récent film, faisant de lui
seulement le neuvième cinéaste doublement palmé.
Ce film controversé n’ayant pas l’unanimité auprès de la critique poursuit dans la veine satirique que son oeuvre précédente. Si The Square était une satire acerbe du milieu de l’art contemporain, son nouveau film offre une caricature sans filtre (pour reprendre le titre français) du monde capitaliste d’aujourd’hui. Divisé en trois actes, on suit le parcours de deux jeunes influenceurs qui se retrouvent embarqués sur un navire de croisière nourri de l’élite cosmopolite. S’ensuivent une violente tempête et un naufrage où les survivants se retrouvent dans un microcosme social où ils sont forcés de cohabiter et s’entraider sur une île déserte.
Ainsi, Triangle of Sadness (qui signifie avoir une ride entre les yeux dans le jargon de la chirurgie esthétique) se présente comme une version cynique et moderne de La grande bouffe (La grande abbuffata), de Marco Ferreri revu et corrigé par un disciple de Lars von Trier. Une oeuvre volontairement provocatrice, souvent chaotique où le cinéaste fustige tout ce qui bouge sur son passage: de la pensée libérale bien-pensante, en passant par la lutte des classes et la capitalisme sauvage, on ne peut pas dire que sa vision donne dans la dentelle.
Mais même si son discours s’éparpille, on ne peut qu’admirer la volonté d’aller plus loin que précédemment dans cette description d’un monde hyper décadent peuplés d’être plus immoraux les uns que les autres. À la fois iconoclaste et féroce jusqu’à la moelle, Östlund dépeint un monde anarchique en pleine perdition. Sa vision au vitriol risque d’en offusquer plusieurs avec notamment cette deuxième partie dont le couronnement consiste en une longue séquence d’anthologie lors d’un repas mémorable où les participants ne peuvent contenir ce qu’ils ont absorbé dans leur corps et leur estomac.
Mais heureusement, une finale ouverte et ambigüe, ferme la boucle sur une note concluante.
Pour appuyer sa vision, le réalisateur de Force Majeure (Turist) force l’admiration avec une réalisation méticuleuse et précise où l’élégance côtoie le pathos. Il prend des risques dans sa proposition (notamment d’éliminer une partie de sa distribution à mi-chemin) et n’hésite pas à chavirer son univers dans la hiérarchie la plus totale en provoquant au passage un malaise palpable chez le spectateur. Toutefois, le dernier acte se situant quelque part entre les célèbres minisérie Lost (en français Les disparus) et Robinson Crusoé (Crusoe), est moins réussi que ce qui précède… comme si la fable subversive tournait un peu à vide dans son illustration où l’humour cède un peu le pas à un climat tendu propre au film de survie.
Mais heureusement, une finale ouverte et ambigüe, ferme la boucle sur une note concluante.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ruben Östlund
Scénario
Ruben Östlund
Images
Fredrick Wenzel
Montage
Mikel Cee Karlsson
Musique
Diverses pièces musicales
du répertoire classique et populaire
Genre(s)
Comédie satirique
Origine(s)
Suède / Frane
Grande-Bretagne / Allemagne
Turquie / Grèce
Année : 2022 – Durée : 2 h 30 min
Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a. ou s.-t.f.
Version française
[ Dès le 21 otobre, un peu partout au Québec]
Sans filtre
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
Classement
Visa GÉNÉRAL
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]