The Legend of Maula Jatt

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 14 octobre 2022

SUCCINCTEMENT.
Il y a des siècles, la rivalité légendaire entre le héros Maula Jatt et Noori Natt, le guerrier le plus redouté du Punjab.

CRITIQUE.

★ ★ ★ ★

Grandiose

et

spectaculaire

 

texte
Élie Castiel

En 2013, il signe Waar (The Strike).
Comme dans ce premier long métrage
bien accueilli, Bilal Lashari, cinéaste
pakistanais, assure la direction photo
et le montage dans ce nouveau projet

qui lui tenait à cœur. Non pas un hasard,
mais pour être convaincu de sa réussite.
Pari grandement gagné.

Film fortement épique, agréablement surprenant que The Legend of Maula Jatt; le réalisateur, qui a étudié le cinéma en Californie, convoque, ici, avec un sens inné de la dialectique, les codes du drame shakespearien, le spectacle bien rôdé du péplum (on pense au célèbre Gladiator, de Ridley Scott) et les conflits familiaux de la tragédie grecque. Assez d’ingrédients pour que le résultat s’avère, en principe, concluant.

La mise en scène, expressionniste dans sa forme, joue avec les formes, les couleurs, les ombres et les lumières, rendant le spectacle devant nous intentionnellement crépusculaire, glauque parfois, comme une punition divine.

Puisque ce récit de destins violents décidés par les Dieux ne lésine pas sur les détails graphiques, notamment en ce qui a trait à la violence, comme c’est toujours le cas dans les films (d’action) de cette région du monde.

Ça se passe il y a des siècles, quelque chose comme un âge médiéval. Guerres de pouvoir entre clans opposés, mais aussi entre lutteurs de combats qu’affectionne la foule – qui sera le plus fort? – forte incursion dans le domaine de la virilité, tel que mentionné dans le film. Le plus puissant est celui qui portera le fameux « turban » traditionnel, le plaçant socialement, après Dieu.

Lashari, tout en rendant son film le plus accessible au public étranger, conserve tout de même les éléments fondateurs de sa culture pakistanaise. Le Punjab est présenté selon ses traditions millénaires, mais du point de vue de la Femme, celle-ci manifeste une incroyable liberté d’action et de mouvement – les comédiennes, autant Mahira Khan (rôle de Mukkho Jatti) et Humaina Malik (celui de Daaro Nattni), manifestent une sensualité oscillant entre les principes de l’amour naissant et celui de la vengeance, s’élevant au même niveau que les Hommes. Magnifique geste de solidarité émanant du cinéaste.

Une virilité qui ne renie aucunement la toute-puissance de la femme.

Jusqu’à un certain point, le film n’obéit pas vraiment à la doxa bollywoodienne qui a quand même une influence dans le cinéma pakistanais, très peu vu en Occident. Sans doute que ses études en Californie ont influencé Lashari. Pas de chansons, pas de chorégraphies enlevantes, sauf une scène de danse à unique danseuse qui se conjugue parfaitement avec les événements qui vont suivre.

The Legend of Maula Jatt est un spectacle à grands déploiements à l’ancienne, tel qu’imaginé par un grand cinéphile abreuvé de références qui croit encore (et il n’a pas tort) aux vertus émotionnelles des spectateurs, ces derniers temps largement effacées par une certaine cinématographie qui, elle, croit aux approches cliniques.

On devine plus ou moins la suite des événements, certes, on attend avec impatience, mais peu importe, c’est cela, entre autres charades, le but du film de fiction. Et lorsqu’il conjugue avec forte conviction qualités formelles et récit enlevant, ici puisant dans l’oralité, l’effet peut être farouchement percutant.

Maula Jatt est les héros de cette histoire, incarné en muscles et intelligence par un Fawad Khan totalement investi. Son rival, Noori Natt, est campé par une force de la nature, Hamza Ali Abbasi, une bête d’arène. Deux fortes gueules, deux jeunes talents dont les ambitions de réussite ne sont plus à confirmer.

D’autres parts, le film fonctionne merveilleusement bien puisqu’il réussit sans trop d’efforts, peut-être sans s’en rendre compte, à émousser notre intérêt pour ce qu’on considère comme le « vieux » cinéma, celui du Grand Écran en CinémaScope ou en 70 mm – non pas comme stratégie publicitaire à l’encontre du streaming et des puissants lobbys comme Netflix ou autres substituts, mais comme approche de séduction sincère, sans mauvais réflexes, visant à réapproprier notre regard vers la bonne direction.

On devine plus ou moins la suite des événements, certes, on attend avec impatience, mais peu importe, c’est cela, entre autres charades, le but du film de fiction. Et lorsqu’il conjugue avec forte conviction qualités formelles et récit enlevant, ici puisant dans l’oralité, l’effet peut être farouchement percutant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Bilal Lashari

Scénario
Bilal Lashari

Images
Bilal Lashari

Montage
Bilal Lashari

Musique
Sarmad Ghafoor

Bilal Lashari, cinéaste.
S’assurer du succès
de l’entreprise.

Genre(s)
Drame épique

Origine(s)
Pakistan

Année : 2022 – Durée : 2 h 33 min

Langue(s)
V.o. : pendjabi, s.-t.a.

Maulā Jata Dī Kathā

Dist. [ Contact ] @
Imtiaz Mastan

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]