Un melting-pot invraisemblable
TRIBUNE LIBRE.
texte
Sylvio Le Blanc
Je vois pour la première fois sur ARTV la minisérie britannique de six épisodes Les Misérables, écrite par Andrew Davies, réalisée par Tom Shankland et produite par la BBC en 2018. Je remarque que les rôles importants de l’inspecteur Javert et de monsieur Thénardier sont tenus respectivement par les acteurs dits racisés David Oyelowo et Adeel Akhtar, alors que cela n’a aucun sens, historiquement parlant, l’action du roman de Victor Hugo se déroulant dans la France du XIXe siècle. À un moment donné, les Thénardier s’occupent de quatre enfants, dont trois ont des couleurs de peau différentes. Risible!
Je suppose que la majorité des personnes dites racisées sont malgré tout satisfaites que les leurs soient représentés dans ce genre de production. Mais constitue-t-elle vraiment une avancée sur le plan de l’égalité raciale quand on constate que les acteurs de couleur jouent les personnages parmi les plus détestables de la minisérie? Je remarque aussi qu’aucun des rôles d’aristocrates frivoles et de leurs amantes pauvres ne sont tenus par des acteurs de couleur. Cela était-il un prérequis pour que la minisérie obtienne du succès aux États-Unis, un marché indispensable? Rappelons que le film Guess Who’s Coming to Dinner / Devine qui vient dîner… (1967), de Stanley Kramer, avec le couple Sidney Poitier (mélanoderme) et Katharine Houghton (leucoderme), n’a pas été populaire auprès des WASP.