What Ever Happened to Baby Jane?

CRITIQUE.
[ Minuit au Parc]

★★★★ ½

texte
Pascal Grenier

Drame

de la

jalousie

Continuant avec les films du siècle dernier
programmés dans le cadre des séances de minuit
au Cinéma du Parc, on propose ce week-end
le magnifique What Ever Happened to Baby Jane?
de Robert Aldrich mettant en vedette deux des
plus grandes actrices de l’histoire d’Hollywood
(Bette Davis et Joan Crawford) réunies
pour la première fois à l’écran en 1962.

Tiré d’un roman d’Henry Farrell, ce drame psychologique teinté de suspense et d’horreur vaut son pesant d’or quant à la qualité et la force de ses deux interprètes féminines principales. Deux grandes actrices au parcours exceptionnel avec Davis possédant une longueur d’avance au niveau de la consécration avec deux Oscars en main et neuf nominations au total contrairement à Crawford avec une seule statuette (pour le film Mildred Pierce), ainsi que deux autres nominations. Deux immenses pointures qui se détestaient à la ville et qui ont accepté d’incarner des sœurs jalouses et rivales dans ce film d’une cruauté sans fin.

Rarement a-t-on vu à l’écran une telle rivalité (une haine?) qui transcende ici la fiction. C’est parce qu’elle adorait les conflits que Bette Davis aurait accepté de jouer au côté de sa grande rivale. Avec son maquillage outrancier et ce petit cœur sur la joue, l’ex-reine de la Warner, en fait des tonnes dans un rôle inspiré et volontairement grotesque où elle inflige un régime de terreur sur sa soeur handicapée. Sorte de croisement entre Sunset Boulevard / Boulevard du crépuscule et Psycho / Psychose, c’est sous ce drame de la jalousie que se joue tout l’enjeu du film. Mené de main de maître par l’excellent Robert Aldrich (The Big Knife / Le grand couteau, Kiss Me Deadly / En quatrième vitesse), qui s’est toujours imposé comme un des meilleurs et plus sous-estimés artisans d’Hollywood durant les années 1950 et 1960.

Un rapport de force insurmontable.

Ce dernier s’est battu pendant presque dix ans à mener à bout ce projet qu’il finit par produire lui-même étant donné que les studios ne croyaient pas au succès possible. Avec un budget minime et filmé en grande partie dans un seul et même décor, ce puissant huis clos réussit son pari d’être un suspense angoissant où on a l’impression qu’un drame se déroule sous nos yeux. Il faut voir la scène où Bette Davis jette son dévolu avec un tel acharnement sur une Joan Crawford impuissante, une scène d’une violence presque insoutenable dont on a la vive impression que le drame transcende ici la fiction ou l’inverse étant donné le tournage difficile rapporté dans les médias.

Aldrich remporte son pari alors que le film obtient un énorme succès au box-office et cinq nominations aux Oscars et cela malgré l’intense rivalité entre les deux vedettes vieillissantes qui chacune ayant participé séparément à la promotion du film.

Il faut voir la scène où Bette Davis jette son dévolu avec un tel acharnement sur une Joan Crawford impuissante, une scène d’une violence presque insoutenable dont on a la vive impression que le drame transcende ici la fiction ou l’inverse étant donné le tournage difficile rapporté dans les médias. 

Une rivalité qui atteint son paroxysme lors de la Cérémonie des Oscars où Joan Crawford est allée jusqu’à chercher l’Oscar de la meilleure actrice à la place d’Anne Bancroft qui l’emporta face à Bette Davis pourtant favorite pour l’obtention de la statuette. Fort du succès du film, Aldrich refait équipe avec le romancier et scénariste Henry Farrell avec une suite spirituelle intitulée Hush… Hush, Sweet Charlotte / Chut… Chut… chère Charlotte, que Davis accepta de jouer malgré les coups bas de Crawford et leurs nombreux différends. Mais à peine le tournage entamé, cette dernière est remplacée par Olivia de Havilland  à la suite de problèmes de santé de Mme Crawford.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Robert Aldrich

Origine(s)
États-Unis

Année : 1962 – Durée : 2 h 14 min

Langue(s)
V.o. : anglais
What Ever Happened to Baby Jane?

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]