Au nom de la terre

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 31 juillet 2020

SYNOPSIS SUCCINCT
En 1979, Pierre Jarjeau revient en France pour acheter la ferme de son père, envisageant d’y réaliser ses rêves personnels et professionnels avec sa conjointe, Claire. En 1996, la situation des agriculteurs de la région est devenu précaire.

< COUP DE CŒUR
de la semaine >

texte
Élie Castiel

★★★★ 

Un très beau premier long métrage porté par le besoin inhérent de témoigner, de nous guider dans les aléas souvent blessants de la nostalgie, les incertitudes des souvenirs, ces voix qui, avec le recul, n’ont plus le même sens. Et entre les mains de Bergeon, témoin idéal de cette saga familiale, une façon comme tant d’autres d’absoudre le passé, comme dans une confession à ciel ouvert.

Sa réalisation respire la terre, dépollue l’environnement, rend hommage à ces hommes et ces femmes de la ruralité, loin des grandes villes où le superficiel corrompt parfois les vies. La nourriture vient de la terre, de celle qu’elle produit, des animaux qu’elle élève. Et de ces voix , se construit aussi la mélancolie d’un passé pourtant bordé de drames, d’une vie de famille constamment défendant chaque bout de terrain. C’est la loi de ces endroits qui, au fond, bâtissent nos vies, remplissent nos tables.

La chute d’Icare

Film régional, amoureusement agraire, celui d’un autre temps pas encore atteint des nouvelles technologies. Pour le principal intéressé, revenant d’un voyage formateur en terre d’Amérique, une possibilité de continuer le travail de son père (Jacques Jarjeau, formidable Rufus, dans un de ses rôles les plus prenants). Parce que froid, faussement égoïste, car ses sentiments sont intériorisés, sans aucune volonté de les exprimer.

Il n’est pas surprenant que le film sorte au beau milieu de la crise des Gilets Jaunes, cette France qu’on n’entend jamais, mais qui a, à Paris, a dégénéré vers des actes racistes de la part de petits groupuscules avec des idéologies autres que la justice sociale et économique. Certes, le film se passe à une autre époque, celle d’avant les grandes avancées en matière de technologies agricoles.

Mais Bergeon n’en parle pas directement. Il le sous-entend. Le spectateur en est conscient. D’où, pour le cinéaste, ce refus de proliférer les codes du récit pathétique ou encore mieux d’illustrer, par exemple, la noirceur interne et externe du Germinal de Zola pour se concentrer sur sa seule idée que représente ce souvenir familial particulier.

Avant tout, Au nom de la terre porte bien son titre, l’assume avec un esprit totalement libre, justement libéré de toute influence externe au lieu dont il est question. Et une finale qui donne la chair de poule ; justement, parce que portée à l’extrême, sans doute trop, par un Guillaume Canet plus vrai que nature, déconstruisant à sa guise, en toute conscience, ce puzzle gestuel qu’est l’art d’interprétation pour que son personnage soit le plus proche de l’immaculée authenticité. C’est sans doute le moment le plus fort du film avant que l’accalmie ne prenne le dessus pour nous annoncer un avenir incertain. Car le plus souvent, dans la vie, c’est ainsi que ça se passe.

Avant tout, Au nom de la terre porte bien son titre, l’assume avec un esprit totalement libre, justement libéré de toute influence externe au lieu dont il est question. Et une finale qui donne la chair de poule ; justement, parce que portée à l’extrême, sans doute trop, par un Guillaume Canet plus vrai que nature, déconstruisant à sa guise, en toute conscience, ce puzzle gestuel qu’est l’art d’interprétation pour que son personnage soit le plus proche de l’immaculée authenticité.

Classique, certes, mais vachement cinématographique. Bouleversant, un film sans trompe-l’œil, intégré à la terre et aux animaux, et au gens que la terre respecte. Et Pierre, pierre résistante de cette famille, prévoyant sa chute comme Icare. Hors du labyrinthe de la vie, autrement dit trop proche du soleil, les risques sont ultimement plus dangereux.

Et pour nous, spectateurs, l’immense joie de redécouvrir un nouveau comédien, Anthony Bajon, parfait. Il n’est né que pour jouer. Déjà, en 2018, dans La prière de Cédric Khan, il nous avait épaté. Ici, il confirme sa supériorité dans l’exégèse du jeu d’acteur.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Edouard Bergeon

Genre(s)
Drame familial

Origine(s)
France

Belgique

Année : 2019 – Durée : 1 h 44 min

Langue(s)
V.o. : français

Au nom de la terre

Dist. @
Axia Films

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]