Jukebox
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 04 septembre 2020
SUCCINCTEMENT
Denis Pantis, ex-chanteur et producteur de vinyles, plonge dans des souvenirs de son enfance à Montréal. Il fait surtout le récit des débuts de cette industrie du disque au Québec dans les années 1960.
COUP DE CŒUR.
texte
Élie Castiel
★★★★
Denis Pantis, bien sûr. Dans les années 60, à leurs débuts, le roi montréalais (et des régions, bien entendu) du vinyle, le populaire 45 et l’aristocrate 33, à l’époque du chaleureux Canal 10 et de Jeunesse d’aujourd’hui, et de la vénérable télévision d’état qui se distingue autrement. En ces temps des Michel Louvain, de César et les Romains, des Baronets, des Classels (leur choix du nom est un morceau d’anthologie dans Jukebox), Michèle Richard, Ginette Reno, les Myladies et autres qui ouvrent le Québec à une certaine modernité discographique. Position géographique oblige, le Québec, ou plutôt la jeunesse du Québec vibre au son des hits anglophones.
Et puis, Denis, fils d’immigrés, né à Montréal. Très tôt, il est conscient du caractère francophone de la ville. Il assume néanmoins et avec fermeté sa condition d’origine diverse, de Grec, de différent, et comme plusieurs de sa génération, s’impose dans la majorité (non pas comme ces temps nouveaux où les autres doivent faire des revendications de toutes sortes pour essayer de réussir dans la culture ou les médias), s’enrichit de bilinguisme (comme ça devrait être le cas dans tout le Canada), tombe en amour avec la culture francophone et lance l’idée de traduire les tubes de l’heure en français.
Un roi parmi la foule agitée
Succès assurés pendant de nombreuses années. Il brille partout, il profite de sa belle gueule comme tout jeune (et beau) de son époque. On disait à l’époque, « Beau comme un Dieu grec ». Il transforme le milieu et se bâtit un grand petit empire. Et puis, un jour, c’est la fin.
Connus pour leur choix dans le domaine des archives (Expo 67 mission impossible), menés avec un soin minutieux, Guylaine Maroist et Éric Ruel inventent ici un magnifique jeu de pistes, falsifiant avec allégresse la fiction, le documentaire se réinventant comme par magie. Fête de sons, de lumières, de nostalgie, de petites prouesses techniques, Jukebox a ceci de particulier qu’il anime les âmes, réconcilie tous les genres de spectateurs et mine de rien, s’annonce comme un des documentaires québécois les plus innovateurs de l’année.
Consciemment (ou par défaut peut-être), Jukebox dresse aussi un portrait rassembleur et plus tout montre l’esprit d’intégration de l’autre dans un Québec francophone encore en construction, loin du protectionnisme néfaste d’aujourd’hui, encore une fois dans la culture et les médias.
Et puis, ces images d’archives d’un Montréal nocturne aux néons multicolores disparu à jamais. Ces images, montrées à deux ou trois reprises qui ne sont que le reflet d’une ville qui se portait bien mieux à l’époque.
Et dans ces feux de la rampe, Denis Pantis aura contribué à quelque chose. Lorsqu’un petit scandale concernant Michèle Richard occupe la une des journaux, Pantis, à l’étranger, invente un stratagème des plus habiles. À Dorval, c’est comme ça que l’aéroport s’appelait à l’époque, main dans la main, le couple Pantis-Richard rayonne de tout son charme.
En ces temps de Covid-19 qui ne tient pas encore à débarquer, un must pour égayer notre esprit et réentendre des hits à jamais oubliés.
Connus pour leur choix dans le domaine des archives (Expo 67 mission impossible), menés avec un soin minutieux, Guylaine Maroist et Éric Ruel inventent ici un magnifique jeu de pistes, falsifiant avec allégresse la fiction, le documentaire se réinventant comme par magie.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Guylaine Maroist
Éric Ruel
Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada [ Québec ]
Année : 2019 – Durée : 1 h 39 min
Langue(s)
V.o. : français
Jukebox : Un rêve américain fait au Québec
Dist. @
La Ruelle Films
Classement
Tous publics
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]