Femmes d’Argentine

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 04 septembre 2020

SUCCINCTEMENT
En Argentine, où l’IVG est interdite, une femme meurt chaque semaine des suites d’un avortement clandestin. Les féministes du pays et leur extraordinaire mobilisation ont fait naître l’espoir qu’une loi légalise l’avortement.

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★ ½

Le titre français du documentaire de Juan Solanas pourrait laisser entendre qu’il s’agit de toutes les femmes d’Argentine? Ce n’est pas le cas, mais elles sont nombreuses, de tous les âges, et particulièrement les jeunes, celles qui croient en un meilleur avenir rempli de promesses, pour elles, pour le droit à l’avortement, des engagements qui se tiennent.

Juan Solanas signe un documentaire percutant; lui, le fils de Fernando, celui de L’heure des brasiers (La hora de los hornos), le film-fleuve qui a marqué l’époque politique du cinéma international, notamment l’occidental. Cinéma de libération, des droits humains, des changements de régimes, pour le mieux. De dissidence aussi, à prendre pour sa signification la plus inattaquable, intransigeante, lucide, car maquée du sceau du renouveau.

Choisir sans restriction

Même état d’esprit chez Juan Solanas, filmant ces femmes avec un brillant état d’esprit esthétique, fuyant le reportage télé, pour mieux signifier le médium qu’il pratique. Le cinéma mieux que tout autre moyen pour faire foi du contrat social. Il n’est donc pas surprenant qu’il a monté le film et assure la direction photo. Le son aussi, car la rue a ses propres bruits, notamment au cours des manifestations. Il y travaille, assisté de Nicolás Fedor Sulcic. Paula Moore, à la musique, apporte des tonalités dramatiques qu’elle tente et réussit à amadouer pour la circonstance.

Les images de la Plaza de mayo en plan d’oiseau sont surprenantes. Buenos Aires respire l’air non pas des glissements, mais des pas vers un ailleurs des possibles. Il n’est pas surprenant que le paternel s’associe à Carlos Abboud dans le production. Il dira lui aussi, comme beaucoup d’hommes au passage, à l’assemblée, « Que sea ley » (que ce soit loi).

Buenos Aires respire l’air non pas des glissements, mais des pas vers un ailleurs des possibles.

Au gouvernement, dans la rue, des femmes, des hommes, elles et eux aussi de tous les âges et classes sociales s’y opposent à cette loi pour l’avortement. Nous sortons de ce film avec l’esprit combatif, que l’on soit d’un côté ou de l’autre. Ce qui est certain, c’est que l’Homme, contrairement à la Femme, dans des situations de grossesse non voulue, n’est pas vraiment tenu responsable. Dans un sens, en fait dans tous les sens, sa sexualité est libre, instinctive, non préjudiciable; la Femme, elle, est contrainte à des épreuves dont les mythes se perdent dans la nuit des temps. Leur sexualité et plus que tout, le droit au plaisir des sens, sont donc, par définition, estropiés.

L’Argentine au féminin s’éveille (socio)politiquement. Les autres pays du continent suivront-ils la voie de la raison?

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Juan Solanas

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Argentine / France

Uruguay

Année : 2019 – Durée : 1 h 22 min

Langue(s)
V.o. : espagnol ; s.-t.a. ou s.-t.f.

Let It Be Law
Que sera ley

Dist. @
Maison 4 :3

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]