Duel Reality :
Au jeu comme en amour
@ La Tohu

 

CRITIQUE
[ Art circassien ]
Élie Castiel

★★★

Déshakespeariser

la tragédie

Pour l’ensemble tonique des 7 Doigts de la main, il n’est pas question que l’immortelle histoire d’amour entre Roméo et Juliette finisse selon la tradition littéraire. Shannon Carroll impose une version personnelle selon laquelle l’amour triomphe de tous les maux. Et pour cause(s) : nouveau siècle, nouvelles valeurs sociales, mœurs différentes, libertés individuelles, absence d’ingérence des parents dans l’individualité des enfants.

L’espace scénique de la Tohu n’est pas circulaire pour Duel Reality ; au contraire il devient horizontal, séparant les spectacteurs du côté gauche ou droit ; des partisans des Bleus ou des Rouges, comme dans les matchs de hockey ou autres disciplines sportives. On ne peut être aussi adroit : le Sport est un gros vendeur depuis la Grèce antique ou les Arènes romaines.

Au début, il n’est pas très clair s’il s’agit bien de la tragédie de Shakespeare. Quelques minutes plus tard, le drame s’installe. Les yeux sont rivés sur la scène. Des numéros circassiens s’adaptent à la narration, une histoire d’amour et de passion archi-connue.
Impossible de ne pas suivre autant les prouesses circassiennes que celles conflictuelles entre deux groupes opposés et amoureuses entre un jeune homme et une jeune femme, issus de maisons ennemies.

Qu’importe, les rivalités s’imposent, la course pour la continuité du sentiment amoureux devient un enjeu de vie ou de mort. Mais la mise en scène de Carroll se transforme en cohésion sociale, en entente entre groupes divergents – message on ne peut plus actuel.

Crédit : La Tohu

Mât chinois, pirouettes, aucun clown (merci, mon Dieu !), Hula-Hoops (retour aux années 60 du siècle dernier), un mélange sain d’époques et de lieux qui, tout en divertissant, préconise comme un arrêt du temps pour mieux envisager le futur. L’arbitre au centre sert à rapatrier les « rouges » et les « bleus », question d’éviter les émotions collatérales.

Soulignons le très bel apport musical de Colin Gagné. Vraiment entraînant ou sérieux, selon les circonstances.

Ce soir de première, exaltation dans la salle. Et puis une fin qu’on ne révèlera pas, sauf qu’elle a droit à une longue ovation debout (rien de nouveau dans les habitudes montréalaises !) de la part des spectateurs, confiants que malgré tout, « ça va bien aller ».
Équilibré. Énergique. Divertissant.

FICHE ARTISTIQUE
Mise en scène
Shawn Carroll
Éclairages : Alexander Nichols
Costumes : Camille Thibaud-Bédard
Musique : Colin Gagné

Durée
1 h 10 min
(Sans entracte)
Diffusion & Billets @
La Tohu
Jusqu’au 17 novembre 2024
Public
À partir de 7 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Répliques

TRIBUNE
L I B R E

Montréal, le 22 octobre 2024

Commentaire du doubleur et directeur de plateau Alain Zouvi laissé le 18 octobre 2024, ici, https://youtu.be/oRFylxE4Kyo

« M. [Sylvio] Le Blanc, laissez nos morts tranquilles s’il vous plaît. M. Vincent Davy est né en 1940, il ne peut donc pas être mort en 1921. Relisez-vous. Aussi, il était un ami, un mentor, un artisan du doublage. Il était aussi quelqu’un que j’aimais beaucoup. Vous me blessez quand vous vous servez de lui (entre autres) pour démolir une industrie qui me tient profondément et particulièrement à cœur. Vincent m’a formé avec patience, sensibilité, et intelligence comme acteur-doubleur, il y a plusieurs années. Aussi, grâce à lui, et à beaucoup d’autres artistes, le doublage est devenu un art au Québec. Je suis très fier du travail que nous faisons ici.Suite

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