RÉSUMÉ SUCCINCT Il y a plus de 1000 ans, un guerrier lutte pour sauver son peuple. Aujourd’hui, son histoire est mystérieusement liée à la quête d’un policier.
P R I M E U R Sortie Vendredi 15 novembre 2024 [ VF : Vendredi 06 décembre 2024 ]
RÉSUMÉ SUCCINCT Chronique de deux jumeaux australiens séparés par le sort.
CRITIQUE Luc Chaput
★★★ ½
De la
gémellité
Une jeune fille reçoit de son père une boîte à musique ayant appartenu sa mère. Elle joue la comptine Alouette et contient une sculpture d’un escargot.
Grace et son frère jumeau Gilbert sont les enfants d’un Français, amuseur de rue, émigré par amour en Australie. Le cinéaste Adam Elliot fait tout d’abord plaisir à ses compatriotes en inscrivant dans son récit des références amusantes ou sérieuses à des produits, coutumes, activités et villes de son pays-continent. Une fente labiale de naissance occasionnant moult tracas à Grace, sa cellule familiale la protège avec diligence et force amour. La mise en scène du scénariste Elliot se déploie dans un environnement fait de 7 000 objets disparates souvent brinquebalants dans lesquels ces humains et animaux façonnés en argile avancent par le biais de l’animation image par image.
La mort de Percy. le père interprété vocalement par Dominique Pinon, amène la séparation des deux jumeaux envoyés dans deux régions très éloignées de cette vaste contrée. Elliot critique vertement la ferme ultra-chrétienne dans lequel se retrouve Gilbert devenu un travailleur sous-payé. Grace s’en sort mieux car ses parents adoptifs sont friands d’autres pratiques. Des saillies d’humours noir ou rose, des jeux de mots et des blagues visuelles allègent l’atmosphère plutôt pesante dans laquelle la jeune femme continue de collectionner les figurines d’escargot et en élever comme animaux de compagnie.
En toute confidence.
L’une nommée Sylvia est sa confidente et la culture littéraire familiale passe ainsi de l’arrière-plan en avant. Même Soeren Kierkegaard est cité par Pinky, la nouvelle vieille amie excentrique de Grace qui lui raconte sa vie tellement trépidante et lui montre d’autres manières de toucher les gens. Le récit concocté par Elliot comprend d’autres embranchements, vallées et sommets à l’image de cette célèbre montagne russe en bois de Sidney, qui se pointe au moins deux fois dans les séquences.
Des saillies d’humours noir ou rose, des jeux de mots et des blagues visuelles allègent l’atmosphère plutôt pesante dans laquelle la jeune femme continue de collectionner les figurines d’escargot et en élever comme animaux de compagnie.
Par cette nouvelle création d’un univers complet et si proche pourtant créé à partir d’argile et de matières pour la plupart recyclables, Adam Elliot continue son exploration tragi-comique des laissés pour compte de notre société et de leurs résiliences. Il méritait bien évidemment, comme auparavant pour Mary and Max, le Cristal du festival d’Annecy.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Adam Elliot
Scénario : Adam Elliot Images : Gerald Thompson Montage : Bill Murphy Musique : Elena Kats-Chernin
Genre(s) Animation Origine(s) Australie Année : 2024 – Durée : 1 h 35 min Langue(s) V.o. : anglais; s.-t.f. Mémoires d’un escargot
Adam Elliot
Dist. [ Contact ] @ Métropole Films [ Mongrel Media ]
RÉSUMÉ SUCCINCT Portrait de la peintre et sculptrice franco-américaine Niki de Saint Phalle.
CRITIQUE Luc Chaput
★★★
Sortir
de
l’ombre
Céline Sallette
Dans un asile psychiatrique, une jeune femme remarque dans un atelier d’art un patient qui, sur le plancher, rajoute selon son bon vouloir d’autres couleurs à son dessin. Elle se lance dans des projets similaires.
Catherine de Saint Phalle dite Niki fut une artiste importante de la deuxième partie du XXe siècle. Elle fut astreinte jeune à deux séjours dans ces hôpitaux au cours desquels elle reconnecte avec des pans de mémoires enfouis. Construit en trois chapitres, le scénario de la réalisatrice Céline Sallette et de Samuel Doux (Making Of) décrit tout d’abord le mariage heureux puis conflictuel avec Harry, un ami d’enfance, et la situation aisée dans laquelle ce mannequin et actrice vit à Paris.
Autodidacte, visitant des galeries et musées, elle peut y avoir des bouffées mémorielles traumatisantes que Niki transforme en des peintures ou sculptures faites souvent de bric et de broc.
Elle se baptise, finalement, Niki de Saint Phalle
La production n’aurait pas eu les droits de reproduction de ces œuvres dans le film et certaines séquences deviennent donc des moments de création débouchant sur des portes à ouvrir plus tard par le biais d’Internet vers ces jardins monumentaux ou ces installations complices avec Jean Tinguely. C’est d’ailleurs dans un montage en écrans divisés que la rencontre entre ces deux êtres si différents mais complémentaires opère sa magie.
La reconstitution de l’époque est habile malgré le peu de moyens et plusieurs collègues du Mouvement des Nouveaux Réalistes viennent ainsi faire un tour plus ou moins long. Charlotte Le Bon rend éminemment perceptible la fragilité et le désir de vivre de ce roseau pensant tandis que Damien Bonnard incarne avec doigté le côté terrien de ce constructeur de machines à rêver. Avec l’aide de son équipe soudée, qu’elle remercie profusément dans le générique final, l’actrice Sallette réussit son passage à la mise en scène, réalisant le portrait d’une femme qui sut prendre son envol malgré les épreuves.