Ma folle semaine avec Tess

PRIMEUR
Sortie
vendredi 28 février 2020

SUCCINCTEMENT
En vacances avec ses parents et son frère à Terschelling, une île de la commune néerlandaise, Sam se lie d’amitié avec Tess, une fille de son âge qui lui avoue ne pas connaître son véritable père.

BRÈVE

texte
Élie Castiel

★★★  ½

La saison de tous les possibles

La mi-trentaine, le Néerlandais Steven Wouterlood se trouve en terrain connu dans ce premier long métrage d’un charme intentionnellement désuet et d’une tendresse envoûtante. Remarqué dans son pays pour ses réalisations de courts sujets autant pour le cinéma que pour la télé, il s’inspire ici du roman d’Anna Woltz, avec comme point de départ, le questionnement sur l’existence et l’attachement aux autres du jeune Sam (excellent Sonny Coops Van Utteren dans un premier rôle). Le dialogue, simple pourtant, repose souvent sur les valeurs de la vie, sur ses côtés éphémères et sur ce besoin, si essentiel et pourtant quasi absent dans nos sociétés occidentales de se rapprocher des autres.

La salsa, musique grand public classique, sert de toile de fond musicale à ce charmant récit filmé simplement, sans effets spéciaux, sincèrement, comme peut parfois se comporter la vie.

 

La préadolescence est donc vue sous un œil d’une forte maturité, ce qui explique également la présence de la jeune Joséphine Arendsen (un premier rôle aussi pour le grand écran), la Tess du titre, qui donne à son personnage une aura de femme-enfant aussi magnétique que délicieusement émancipée.

Dans cette fable sur le passage à un âge entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence, aucun faux pas, aucun larmoiement, rien qu’un comportement de la part des jeunes protagonistes qui nous poussent, nous les adultes, à une remise en question de nos valeurs depuis longtemps enracinées. S’il est dit que la vérité sort de la bouche des enfants, ne faudrait-il pas ajouter que souvent, « le mensonge sort de la bouche des adultes ». La salsa, musique grand public classique, sert de toile de fond musicale à ce charmant récit filmé simplement, sans effets spéciaux, sincèrement, comme peut parfois se comporter la vie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Steven Wouterloot

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Pays-Bas

Allemagne

Année : 2019 – Durée : 1 h 24 min

Langue(s)
V.o. : allemand, néerlandais; s.-t.f. & Version française

Meine wunderbar seltsame Woche mit Tess
In Mijn bijzonder rare week met Tess

Dist. @
A-Z Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Thappad

PRIMEUR
Sortie
vendredi 28 février 2020

SUCCINCTEMENT
En apparence, Anita mène une vie de couple sans histoires. Le tout change lorsque son mari lui inflige une gifle lors d’une réception.

CRITIQUE

texte
Élie Castiel

★★★★ 

Déjà, dans l’excellent Article 15 (Lekh 15), Anubhav Sinha abordait le thème de la violence faite aux femmes dans une Inde de plus en plus occidentalisée et pourtant toujours conservatrice quant aux rapports hommes-femmes.

Même constat dans Thappad, en français La gifle, geste agressif et pourtant banal qui sert de point de départ à une étude sur la profondeur et la signification de certains actes masculins perpétrés envers les femmes. La mise en scène de Sinha est ici plus étonnante puisqu’elle suggère, au fur et à mesure que le récit progresse, de nouvelles pistes d’analyse. D’une part, on se désespère au même titre que Vikram – très efficace Pavail Gulati face à ses problèmes conjugaux qui s’ajoutent à ceux professionnels; de l’autre, on comprend Amrita, rôle tenu par la subtilement concentrée Taapsee Pannu  dans son jeu multiforme de jeune femme au foyer, alors que petit à petit elle prend conscience de son statut de femme et tente par tous les moyens de comprendre le vrai sens du geste de son mari.

Les interstices

de l’âme

Film freudien par son analyse psychologique, allant dans des lieux de la psyché collective rarement explorés, Thappad suggère plus qu’il ne montre. Le montage serré et ultra rapide de Yasha Ramchandani (le même que dans Article 15) nous donne souvent du fil à retordre tant il utilise volontairement cet assemblage d’images comme d’une arme à double tranchant, ne laissant rien au hasard et nous faisant changer d’idée à chaque détour des situations. La photographie soignée de Soumik Mukherjee (de l’excellent Batla House, 2019, de Nikhil Advani), donne à l’ensemble du film une aura de mystère conjugal qui renvoit à un certain cinéma urbain, notamment dans les espaces intérieurs où la caméra est si proche des protagonistes, qu’on ressent leurs angoisses autant que leurs comportements parfois impulsifs, pourtant montrés, et c’est une nouvelle tendance dans le cinéma Bollywood, avec une certaine subtilité.

Donner complète liberté aux spectateurs comme c’est couramment le cas dans notre cinéma occidental n’est pas toujours sain pour comprendre la véritable portée des événements racontés. Indiscutablement, les nuances impénétrables s’imposent.

L’industrie mainstream de cette partie du monde se transforme de plus en plus; sans nécessairement laisser tomber les ingrédients chants-danses traditionnels (même si quasi complètement absents ici), les nouvelles normes narratives sont d’ordre moral et social. Contrairement aux Occidentaux, les cinéaste indiens se distinguent par leur côté observateurs-de-l’âme, comme dans un cinéma américain d’une autre époque, celle des grands maîtres. Sans émettre nécessairement des messages moraux, ils montrent des facettes de la société qui nous poussent à réfléchir. Donner complète liberté aux spectateurs comme c’est couramment le cas dans notre cinéma occidental n’est pas toujours sain pour comprendre la véritable portée des événements racontés. Indiscutablement, les nuances impénétrables s’imposent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Anubhav Sinha

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Inde

Année : 2020 – Durée : 2 h 22 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.

The Slap

Dist. @
Imtiaz Mastan

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

The Invisible Man

PRIMEUR
Sortie
vendredi 28 février 2020

SUCCINCTEMENT
Après avoir planifié avec minutie tous les détails de son départ, Cecilia Kass quitte son conjoint, Adrian Griffin, un homme violent et contrôlant. Quelque chose d’étrange et d’inquiétant se passe au cours des jours qui vont suivre.

BRÈVE

texte
Luc Chaput

★★★

Noir et blanc en couleurs

Une femme prépare le petit déjeuner. Elle fait cuire des œufs bacon. Elle sort de la pièce, un couteau tombe du comptoir, la cuisson au gaz augmente et cause de la fumée. Elle revient régler cette crise avec de l’aide. Le roman de H. G. Wells, publié il y a plus de cent ans, avait déjà connu plusieurs adaptations cinématographiques dont celle fameuse de James Whale en 1933. Tout en gardant Griffin le nom de famille du spécialiste en optiques, le réalisateur et scénariste australien Leigh Whannell, surtout connu pour sa participation à la série Saw, prend comme protagoniste Cecilia, une architecte qui a fui Griffin, son conjoint contrôlant et violent. Le réalisateur augmente graduellement les scènes plus dérangeantes visant à faire sursauter les spectateurs. En employant Elisabeth Moss, devenue très célèbre pour la télésérie The Handmaid’s Tale comme actrice principale, il assoit son propos dans la mouvance du mouvement #MeToo. L’invisibilité de son persécuteur rend plausible la réaction de certains qui la croient folle.

Le cinéaste et son équipe artistique ont ainsi réussi à relancer la série de nouvelles versions de films d’horreur qu’Universal a dans sa besace depuis longtemps.

 

Le va-et-vient entre séquences où Cecilia reprend le contrôle de sa vie et celles où elle doit montrer blanc sur noir qu’il y a bien quelqu’un qui trouble sa quiétude psychologique permet à l’actrice de montrer l’étendue de son talent. La contemporanéité du projet s’inscrit aussi dans l’utilisation des caméras de surveillance et autres gadgets qui tissent une toile de plus en présente dans notre vie. La résolution de ce suspense d’horreur psychologique passe également par quelques doubles qui rajoutent une note de plusieurs gris à cette étude en noir et blanc en couleurs. Le cinéaste et son équipe artistique ont ainsi réussi à relancer la série de nouvelles versions de films d’horreur qu’Universal a dans sa besace depuis longtemps.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Leigh Whannell

Genre(s)
Suspense d’épouvante

Origine(s)
Australie

États-Unis

Année : 2020 – Durée : 2 h 04 min

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

L’homme invisible

Dist. @
Universal Pictures

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 972 973 974 975 976 1,082