Thappad

PRIMEUR
Sortie
vendredi 28 février 2020

SUCCINCTEMENT
En apparence, Anita mène une vie de couple sans histoires. Le tout change lorsque son mari lui inflige une gifle lors d’une réception.

CRITIQUE

texte
Élie Castiel

★★★★ 

Déjà, dans l’excellent Article 15 (Lekh 15), Anubhav Sinha abordait le thème de la violence faite aux femmes dans une Inde de plus en plus occidentalisée et pourtant toujours conservatrice quant aux rapports hommes-femmes.

Même constat dans Thappad, en français La gifle, geste agressif et pourtant banal qui sert de point de départ à une étude sur la profondeur et la signification de certains actes masculins perpétrés envers les femmes. La mise en scène de Sinha est ici plus étonnante puisqu’elle suggère, au fur et à mesure que le récit progresse, de nouvelles pistes d’analyse. D’une part, on se désespère au même titre que Vikram – très efficace Pavail Gulati face à ses problèmes conjugaux qui s’ajoutent à ceux professionnels; de l’autre, on comprend Amrita, rôle tenu par la subtilement concentrée Taapsee Pannu  dans son jeu multiforme de jeune femme au foyer, alors que petit à petit elle prend conscience de son statut de femme et tente par tous les moyens de comprendre le vrai sens du geste de son mari.

Les interstices

de l’âme

Film freudien par son analyse psychologique, allant dans des lieux de la psyché collective rarement explorés, Thappad suggère plus qu’il ne montre. Le montage serré et ultra rapide de Yasha Ramchandani (le même que dans Article 15) nous donne souvent du fil à retordre tant il utilise volontairement cet assemblage d’images comme d’une arme à double tranchant, ne laissant rien au hasard et nous faisant changer d’idée à chaque détour des situations. La photographie soignée de Soumik Mukherjee (de l’excellent Batla House, 2019, de Nikhil Advani), donne à l’ensemble du film une aura de mystère conjugal qui renvoit à un certain cinéma urbain, notamment dans les espaces intérieurs où la caméra est si proche des protagonistes, qu’on ressent leurs angoisses autant que leurs comportements parfois impulsifs, pourtant montrés, et c’est une nouvelle tendance dans le cinéma Bollywood, avec une certaine subtilité.

Donner complète liberté aux spectateurs comme c’est couramment le cas dans notre cinéma occidental n’est pas toujours sain pour comprendre la véritable portée des événements racontés. Indiscutablement, les nuances impénétrables s’imposent.

L’industrie mainstream de cette partie du monde se transforme de plus en plus; sans nécessairement laisser tomber les ingrédients chants-danses traditionnels (même si quasi complètement absents ici), les nouvelles normes narratives sont d’ordre moral et social. Contrairement aux Occidentaux, les cinéaste indiens se distinguent par leur côté observateurs-de-l’âme, comme dans un cinéma américain d’une autre époque, celle des grands maîtres. Sans émettre nécessairement des messages moraux, ils montrent des facettes de la société qui nous poussent à réfléchir. Donner complète liberté aux spectateurs comme c’est couramment le cas dans notre cinéma occidental n’est pas toujours sain pour comprendre la véritable portée des événements racontés. Indiscutablement, les nuances impénétrables s’imposent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Anubhav Sinha

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Inde

Année : 2020 – Durée : 2 h 22 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.

The Slap

Dist. @
Imtiaz Mastan

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex