Dès notre entrée dans la Cinquième Salle de la Place des Arts, le caractère subtilement laconique du décor (un piano, un banc pour le pianiste, une chaise non loin de lui, pour le ténor, et une deuxième, celle-ci réservée au danseur et placée au fond de la scène, du côté droit d’un espace intime imposant. Le gris et le noir dominent, mais en teintes chaleureuses, tant dans le concret que dans les éclairages. Bon choix car il sera question de 24 lieder pour unique voix tirés du répertoire de Franz Schubert. Classique, mais non pour le moins présent. La stratégie de « mise en contexte » est absolument parfaite.Suite
Pour mieux vivre, pour mieux penser, pour pouvoir construire et se construire sur des bases solides notre rapport au monde. Et du moins si on écoute attentivement le dialogue, d’abord de sourds, qui s’établit entre le professeur et son étudiante. Son prénom, Zoé, du grec ancien et aussi moderne signifiant « vie ». Quelques brefs monologues de l’une ou de l’autre établissent cette stratégie de mise en scène qui permet aux protagonistes, chacun son tour, de fuir l’espace dramaturgique pour en revenir plus animé.
La philosophie comme
un acte de résistance
La narration traditionnelle n’a pas ici droit de cité. C’est uniquement à un échange d’idées intellectuelles sur la condition humaine qui se transforme, surtout pour Zoé, selon le jour, en une ouverture sur la pensée multiple. Sur ce point, la mise en scène de Choinière nous paraît impeccablement minimaliste : quasi mêmes gestes, répétés, selon le jour, dans d’autres endroits de la scène – décor d’une salle de classe universitaire d’un XXIe siècle déjà amorcé depuis 20 ans. Les luminaires fluorescents au plafond sont comme si les Dieux (ou peut-être Philosophes) de l’Antiquité jetaient leur sort accusateur sur les bancs vides d’une classe assiégée par la grève des étudiants (épisode des casseroles). Sur ce point, la conception vidéo et le travail de son demeurent d’une écrasante efficacité.Suite