Aviv (Fucked Up Generation)

DÉCOUVERTE
Numérique

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Populaire chez les jeunes Israéliens au cours des années 1990, notamment pour ses prises de position politiques, de gauche, en réaction à la politique de son pays, tendant de plus en plus vers la droite, fils de l’écrivain Yehonatan Geffen et neveu du mythique Moshe Dayan, il profite de son statut pour éviter l’armée, donnant comme raison (ou ce sont les autorités militaires qui auraient décidé ainsi) des complications médicales.

Son style : le rock alternatif. Sa présence : user de son charisme époustouflant, affichant une bisexualité sans retenue (ici, subtile), une tenue vestimentaire qu’il a sans doute hérité de tous les David Bowie et autres succédanés de ce monde. Son comportement : un désir incontrôlable et assumé de performer en même temps que se définissant homme de la dissidence, n’hésitant à paraître dans les discours politiques prônant son idéologie.

Désaccords

transgressifs

Et puis le film de Tomer Heymann. Un tournage selon les préceptes du «guerrilla filmmaking», sur le terrain vierge, caméra à l’épaule, utilisation de nombreux documents d’archives et de bouts de home-movies, petit budget. Un cadrage également approximatif, comme si le fait d’avoir signé un film imparfait définissait du coup son originalité.

Et c’est bien le cas de Aviv (Fucked Up Generation), titre aux consonnances aussi revendicatrices que marqué par l’angoisse, la désorientation d’une société prise entre la vieille garde des patriarches fondateurs et les nouvelles générations qui aspirent à autre chose que la guerre. Et qui, dans certains cas, et c’est bien ainsi, rêve d’un partage du territoire, au profit des Palestiniens, depuis longtemps colonisés.

Tomer ne porte pas un jugement sur les protagonistes, nombreux dans ce film quasi d’archives, préférant tourner non pas un documentaire, mais un portrait, un tableau composé d’images en mouvements aussi délirantes, passionnées que turbulentes, virevoltant au gré des mélodies, parfois aux sons hard-rock et tantôt, pour s’apaiser, des balades romantiques teintées de vérités blessées, d’émotions à l’état pur, de récriminations ou encore interrogations sociopolitiques.

Aviv (Fucked Up Generation) est sans doute, dans la filmographie de Tomer Heymann, un des plus personnels car ayant pour thème l’autre, l’incompris, celui qui malgré tout, forge en son esprit un monde qui lui échappe car trop loin de la réalité.

Entre le chanteur-vedette et sa famille, une sorte de partage intellectuel, non-conformiste, alliant une espèce de naïveté touchante et intentionnelle, comme un défi, face à ce qui se passe au pays, mais toujours en quête d’un rêve devenu utopique. Croire en des lendemains qui enchantent.

Aviv (Fucked Up Generation) est sans doute, dans la filmographie de Tomer Heymann, un des plus personnels car ayant pour thème l’autre, l’incompris, celui qui malgré tout, forge en son esprit un monde qui lui échappe car trop loin de la réalité. Au même titre que Jonathan Agassi Saved My Life (voir ici.)

Mais dans le même temps, il y a là un film qui confirme une fois de plus que le cinéma israélien, nonobstant ses multiples variations idéologiques demeurent, aujourd’hui, l’un des plus lucides et retentissants du monde. Une façon comme une autre de réaliser que ce petit territoire du monde possède, malgré les entraves, un talent fou.

Et quel moment inoubliable que de voir la grande, l’irremplaçable chanteuse argentine Mercedes Sosa chanter en hébreu, en duo avec Aviv. Bouleversant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Tomer Heymann

Scénario
Tomer Heymann
Images
Itai Raziel

Montage
Ido Mochrik

Origine(s)
Israël

Année : 2003 – Durée : 1 h 20 min

Langue(s)
V.o. : hébreu; s.-t.a.
Aviv
Fucked Up Generation

Dist. @
[ Heymann Brothers Films, Israël ]

Diffusion @
http://heymannfilms.com/he/film/aviv-fucked-up-generation/

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]