Un miroir fascinant de soi. Crédit : @ Camille Gladu-Drouin
Au cinéma et bien plus encore sur scène, il y a, dans l’acte sexuel entre deux hommes, même simulé, quelque chose qui rend encore inconfortable la grande majorité des spectateurs, toutes orientations sexuelles confondues. Une réaction sociale qui se perd dans la nuit des temps et selon laquelle les individus de sexe masculin doivent être capables de contrôler leurs pulsions, ou aller savoir pourquoi. Entre deux femmes, ça rend l’image sans doute plus subtile, douce, caressante; du moins dans la pensée de la majorité. Encore une fois, allez savoir pourquoi.Suite
Il y a eu, au Centre Segal, Edith Piaf, puis Joséphine Baker. Et maintenant une icône pop des années 60. Compositrice à la plume chevronnée, interprète. Des airs comme So Far Away, bien sûr, Will You Love Me Tomorrow. Époque, au cinéma, des Sandra Dee, Troy Donahue et autres consorts. Mais aussi, en chansons, celles des Neil Sedaka et autres avatars sensationnels, comme Little Eva et groupes afro-américains de l’heure.Suite
Entre la science et la croyance, entre l’entendement de l’éthique, selon qui des intervenants se pose la question, entre le vœu pieux de donner les derniers sacrements à une fin de vie ou laisser partir quelqu’un le néant dans l’âme. Entre la morale de la foi de l’un et la logique de l’autre.
Pour le récit, la mise en examen d’une docteure « éminente », juive de surcroît, dans une institution de santé où il semble, qu’en privé, tous les coups sont permis et que le personnel médical ressemble et se comporte comme les communs des mortels. Ils et elles sont humain(es) après tout.
Le texte du jeune Britannique Robert Icke est d’une force dramatique qui non seulement suscite le parcours sur des thèmes existentiels, mais fait ressortir les plus sombres interrogations. L’auteur fait partie d’une génération montante qui innove l’art dramatique, se permet des tours sophistiqués entre le texte, la pièce et la perception tangible des spectateurs.
Parler de l’identité juive dans toutes disciplines artistiques est un exercice périlleux, notamment en ces temps troubles où la géopolitique mondiale nous en fait voir de toutes les couleurs.
Un huis-clo aussi clinique que litigieux. Crédit : @ Danny Taillon
Où commence l’antisémitisme institutionnalisé? Existe-t’il vraiment comme on peut le laisser croire, de façon systémique, ou par habitude, comme faisant partie de l’ADN de la plupart des non-Juifs? Une question qui n’aura sans doute jamais de réponse. C’est un phénomène qui existe depuis la nuit des temps.
Le texte de Icke, adapté très librement de Professor Bernhardi, d’Arthur Schnitzler, contribue, justement par son adaptation éprise de liberté et de joutes personnelles, à s’inscrire dans divers registres d’interprétation, selon la perception de différentes personnes, ici pratiquant le même métier, comme il s’agissait d’une confrérie qui, soudain, ne s’entend plus. Il faut découvrir ce moment de théâtre social mis à nu.
Il faut également louer la qualité minimaliste du décor dont ces immenses rideaux blancs (telle la blancheur statique de ces institutions) constituent le principal appareillage de la mise en scène; comme d’habitude, depuis quelque temps, les comédiennes et les comédiens se chargent de déplacer les accessoires, comme si ça faisait partie du jeu. Les rideaux s’ouvrent et se referment pour passer d’un d’acte à l’autre. La musique d’Antoine Berthiaume participe de cette atmosphère de drame intense qui consiste à anticiper le pire, annonçant « ce qui s’en vient » avec un goût prononcé pour le dramatique. Comme dans un film.
Robert Icke
En sommant le spectateur à se poser des questions sur l’état des lieux de la diversité et dans ce cas, sur la notion d’être Juif « dans la cité », le choix d’une telle pièce du répertoire moderne est une nette avancée dans la tenue de divers discours interrogeant l’insurmontable mouvance sociale contemporaine.
C’est dans cette atmosphère sévère que la Docteure Wolff – l’une des plus belles et intenses prestations de Pascale Montpetit, qui mérite une présence plus régulière autant dans la scène qu’au cinéma, se produit dans une sorte de procès en sa défaveur, suivant les humeurs et la perception des membres de son entourage. Et dans le privé, une aventure saphique qui ne nous est pas bien si bien expliquée et qui vient se greffer dans l’ensemble. Aussi, une relation familiale plutôt compliquée pas si ouvertement exprimée.
Comme dans l’un des chefs-d’œuvre du cinéaste Stanley Kramer, Inherit the Wind (Procès de singe), où le côté théâtral se fait sentir constamment, Docteure bénéficie de la traduction de l’incontournable Fanny Britt qui manipule le français en lui administrant toutes les nuances, les disparités, les sous-entendus et le jargon judiciaire de la langue d’origine.
Et puis, une annonce qui fait ébranler les protagonistes de ce procès intime à huis clos. S’immoler soi-même pour éviter la déchéance ou subir les conséquences de sa propre morale. Une façon comme une autre de rester soi-même. Après tout…
En sommant le spectateur à se poser des questions sur l’état des lieux de la diversité et dans ce cas, sur la notion d’être Juif « dans la cité », le choix d’une telle pièce du répertoire moderne est une nette avancée dans la tenue de divers discours interrogeant l’insurmontable mouvance sociale contemporaine.
FICHE ARTISTIQUE Texte Robert Icke. D’après Professor Bernhardt, d’Arthur Schnitzler Traduction Fanny Britt Mise en scène Marie-Ève Milot Assistance à la mise en scène Josiane Dulong-Savignac
Interprètes Pascale Montpetit Alexandre Bergeron, Sofia Blondin Alice Dorval, Nora Guerch Ariel Ifergan, Tania Kontoyanni Sharon James, Harry Standjofski Elkahna Talbi, Yanic Truesdale
Scénographie Geneviève Lizotte Costumes Cynthia St-Gelais Éclairages Étienne Boucher Musique Antoine Berthiaume
Durée 2 h 10 min [ Sans entracte ] Public (suggéré) Tout public [ Déconseillé aux jeunes enfants ]
Diffusion & Billets @ Place des Arts Chez Duceppe Jusqu’au 18 novembre 2023
ÉTOILES FILANTES ★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul. ½[ Entre-deux-cotes ]