Vingt sur scène et, selon le moment, formant deux groupes, ou séparés les uns des autres, pour ensuite former une sorte de symbiose qui les unit dans le geste, l’éthique chorégraphique.
Les danseurs et les danseuses ne semblent pas être mené(es) par la musique. C’est le contraire. Ils et elles la contrôlent comme si, du coup, les deux disciplines artistiques étaient inversées. Et pourtant force est de souligner que le chorégraphe Sylvain Émard, comme par magie, juxtapose le tout, formant justement cette « rhapsodie » dont il est question. Musique libre qui libère également les corps dans des espèces d’improvisations contrôlées.Suite
Les alternatives en danse contemporaine, du moins si l’on en juge par les innovations propres au groupe Tangente (on pourrait ajouter celles, radicales, de La Chapelle – scènes contemporaines) se situent dans une perspective quasi politique du corps physique.
Ces affirmations si chères à nos artistes/intellectuels anglo-saxons de la deuxième moitié du siècle dernier se sont exprimées par le biais de The Body Politic, mais le dénuant de sa définition première, refusant tout aspect hiérarchique, le faisant libre, actuel, propre à tous les individus, mais plus que tout, offrant une liberté d’expression culturelle sans préjugés ni préacquis. Il y a quelque chose de ce « corps politisé » chez Hélène Remoué.
Mais le nouveau millénaire, lui, renvoit à une totale réappropriation du corps, refusant les querelles de clocher, quitte à renoncer à des considérations esthétiques, autrefois indispensables, et à débaucher positivement sans doute l’esprit chorégraphique. La physicalité en danse actuelle s’exprime par de multiples formes de la représentation. Il y a chez Remoué quelque chose d’organique, de viscéral, de proche des spectateurs et spectatrices, notamment jeunes, voire même millénariaux, qui comprennent absolument ce que ces mouvements exprimés veulent dire.
L’urgence de se réapproprier le corps physique. Crédit : @ Vanessa Fortin
Cara Roy investit la scène dans un espace qu’elle limite comme s’il s’agissait d’un plan cinématographique frontal immuable. En trente minutes que dure Sans rien forcer, elle s’emploie surtout à rendre compatible le mouvement avec la trame sonore invincible, par moments désespérée, du coup électrisante, d’une farouche énergie, signée Pierre-Luc Senécal. Entre la trame sonore et la danse, le corps exprime ses multiples propositions, coups de rage, rapport à soi, lien avec l’espace, symbiose entre le moment et l’infini. Aucun message social, aucun geste politique si ce n’est que celui de finalement libérer son esprit de toutes contraintes. N’est-ce pas dans l’air du temps?
Cara Roy investit la scène dans un espace qu’elle limite comme s’il s’agissait d’un plan cinématographique frontal immuable. En trente minutes que dure Sans rien forcer, elle s’emploie surtout à rendre compatible le mouvement avec la trame sonore invincible, par moments désespérée, du coup électrisante, d’une farouche énergie, signée Pierre-Luc Senécal.
Cara Roy, encore une fois, ne recule devant rien pour faire face au public, comme si elle entretenait avec lui une sorte de champ-contrechamp chorégraphique. La proximité de la scène avec l’espace assis permet cette intimité quasi incestueuse. Comme le titre de l’œuvre en question l’indique, sans forcer la note, en toute sincérité.
Du coup, lorsque le dernier acte s’accomplit et que la lumière s’éteint, il faudra attendre quelques longues secondes avant que les applaudissements retentissent. Preuve comme quoi ces magnifiques minutes de « nouvelle danse » projettent admirablement l’écho voulu. Intellectuellement sublime.
Retour du Ballet BC avec trois œuvres au programme, dont une reprise de The Statement, signée Crystal Pite, que nous avions couvert en 2020 (ici.). Même enthousiasme des nouveaux danseurs et danseuses. Un don pour la théâtralité dont les voix off s’articulent avec économie hallucinante, au diapason d’une musique d’Owen Bolton quasi jouissivment aphasique. Un plaisir de revoir ce classique du répertoire-Pite.Suite