Les reines

CRITIQUE.
[ SCÈNE ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel 

La théorie des complots

    15 siècle. Précisément, à Londres, en 1483. Le roi Edouard se meurt, Richard (le troisième) attend avec impatience d’être couronné. Un jeu de pouvoir, d’autosuffisance. Rien ne cède à la nature humaine qui est celle de réussir à tout prix, contre vents et marées, quitte à écraser ses adversaires. Non pas « quitte à », plutôt en s’en débarrassant.

Et Normand Chaurette, grâce à ses vertus humanistes teintées de réalisme anthropologique n’évite les mots assassins, les accusations infligées, les coups bas, les intrigues, tout ce qui divise pour mieux régner. Et c’est à travers les paroles de femmes que se forgent ces théories du complot, non pas celles qu’on imagine, mais au contraire, qu’on fabrique de toutes pièces.

Tour de Babel où la même et unique langue produit mille et un univers d’incompréhensions, de jalousies, de naïveté rigide, ou encore de fausse modestie et de pureté. Comme Anne Warwick (versatile Sophie Cadieux), qui ne cesse de répéter qu’elle n’a que 12 printemps… Mais qu’importe… L’intrigante parfaite avec ses airs de sainte-nitouche.Suite

Les sorcières de Salem

CRITIQUE.
[ SCÈNE ]

★★★

texte
Élie Castiel 

    Une pièce incontournable de la dramaturgie américaine, puissante dénonciation du maccarthysme, en guerre, à l’époque, contre l’infiltration des idées de gauche du régime communiste soviétique. Pour Arthur Miller, non seulement un parti pris idéologique mais avant tout une position sur l’obscurantisme des superstitions, sur la condition de la femme aussi qui revendique sa liberté, son influence, sa sexualité refoulée, sa lutte contre son statut de seconde classe dans un monde dominé et régi(menté) par les hommes.

D’où cette tirade finale d’Anna Beaupré Moulounda qui, pour d’aucuns, les puristes surtout, déconstruit amicalement l’esprit de Miller en insérant un discours #MeToo adapté à l’air du temps. Une façon de s’adresser aux spectateurs(trices) d’aujourd’hui selon les valeurs actuelles, toujours en vogue.

On ne jure que par le présent, c’est tout à fait normal. Mais on assiste parfois à ce phénomène qui consiste à ne pas saisir les valeurs et les codes sociaux d’autres époques lorsque des pièces de théâtre (ou des films) les revendiquent, à raison, pour mieux les documenter.

Délires et délationsSuite

Vanishing Mélodies

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★★

texte
Élie Castiel

   La peau n’a jamais été aussi manifeste, non pas dans sa pure physicalité, mais dans son rapport étroit au corps, plus précisément viscéral, intellectif ; également, un lien propre à soi et à l’autre, pour ne pas rester seul. Une symbiose fascinante qui va de pair à ce récit, car il s’agit également de théâtre à deux voix, celle de Brigitte Saint-Aubin et l’autre de Louise Cardinal. Elles exploitent sciemment le décor grâce à la mise en scène, simple mais précise, d’Eric Jean.

Vidéo à l’arrière-scène aidant, en plus d’un décor des plus conceptuels, elles parlent de l’absence, de la mémoire, des liens qui unissent deux corps, de sensualité et surtout de désir disparu et qu’on aurait voulu renaître.

Pour accentuer le propos, Alexis Dumais crée un univers musical des plus intrigants, juxtaposé à un concept-son qui procure une des plus étranges sensations. Mais une destinée au plus large public qui répond favorablement à cet appel. Comme s’il arrivé de loin.

D’épiderme et de sensualitéSuite

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