Cinemania 2020 (ÉC-03)

MANIFESTATION
[ Festival de films de la francophonie
sous-titrés en anglais ]

un texte de
    Élie Castiel

Si j’ai commencé sur une note vaguement pessimiste (voir ici), force est de souligner qu’avec le temps, nous avons pu découvrir des univers hors du commun, certains connus ou encore interdits, des espaces qui osent s’aventurer dans des récits passionnants, intimes ou personnels, moraux ou au contraire libertins; une huitaine de films que nous avons décidé de vous présenter en guise de conclusion. Dû à leur originalité, leur écriture, force de caractère, souvent campés par des comédiennes et des comédiens imprégnés de leur art.

Et plus que tout, cette 26e édition de CINEMANIA nous aura permis de constater non seulement un nouveau logo scellant les temps nouveaux, mais plus que tout continuer à nous faire profiter de cette inaltérable soif de films qui ne cessent de nous hanter. Ces œuvres nous ont fait voyager dans le temps, nous faisant oublier une pandémie qui semble s’éterniser. Le « cinéma », territoire de tous les possibles, là où il est permis de croire, d’aimer et d’espérer.

Deux moi

Des histoires

           (ré)inventéesSuite

Cinemania 2020 [LC-01]

MANIFESTATION
[ En ligne ]

les courts

un texte de
Luc Chaput

 

Un homme âgé se lève difficilement et se rend de par les rues et les places d’une ville blanche et lumineuse dans un café où il a ses habitudes. Un jour, un plus jeune se présente et entame une conversation. Il est enseignant et était naguère analphabète. La rencontre suivante permet d’apprécier les similitudes des parcours entre Jean Genet auquel Philippe Torreton apporte sa force tranquille et Mohamed Choukri, écrivain marocain sur lequel on peut rapidement trouver d’autres infos sur Internet. Entre l’ombre et la lumière, entre le révélé et le non-dit, le réalisateur, également historien d’art, Guillaume de Sardes, dans Genet à Tanger, réutilisant des passages de son livre éponyme, évoque les conditions d’une rencontre capitale au moins pour l’un des deux auteurs.

Genet à Tanger

Partir, revenirSuite

Cinemania 2020 [ÉC-02]

MANIFESTATION
[ Festival de films francophones
sous-titrés en anglais ]

un texte de
Élie Castiel

Images LGBT(Q)

Oui, effectivement, LGBT, sans l’affiliation Q en plus car les quatre films programmés dans la sélection de cette année reflétaient une époque pré-queer. Pour ma part, appellation péjorative puisqu’en français, queer veut dire étrange, bizarre – mot revendiqué par une partie de la communauté gaie, particulièrement académique, issue des campus américains et mimé dans le Canada anglais dans le but d’affirmer la différence, et plus que tout, se situer transgressivement dans la mouvance sociale. Dans un sens, confronter en forme de lutte l’establishment, plutôt que de l’amadouer. Mais bon, tout ça, c’est une autre histoire. Pour ma part, je m’en tiens à la vraie définition du mot queer et préfère ne pas adhérer à cette fausse mainmise politico-sociale.

Deux

Deux (The Two of Us), premier long métrage de fiction de Filippo Meneghetti, permet à ce réalisateur d’entrer par la grande porte. Deux comédiennes remarquables, Barbara Sukowa et Martine Chevallier. Une promesse de tous les instants aussi, Muriel Bénazéraf, du casting dans Une intime conviction (2018) d’Antoine Raimbault et, ici, d’une diablerie extraordinaire. Une comédienne à surveiller de près. Un thème principal, l’homosexualité féminine. Comment la vivre, l’assumer, la consommer, la situer dans une société encore, malgré les avancées, conservatrice. Car dans ce débat, les amours homosexuelles sont, dans la plupart des pays (occidentaux) légales et acceptées dans le papier, mais que se cache dans les mots qu’on murmure à l’intérieur des chaumières, en privé. Et le film est simplement un bijou de mise en scène sobre, subtile, d’une émotion palpable, celle des mots, des silences et des choses qui traversent notre esprit.
La caméra d’Aurélien Marra (plusieurs courts) filme l’intime, l’extroverti, épousant aussi des choix chromatiques et d’ambiance ouvrant sur le brun. Comme s’il fallait cacher des choses aux yeux du monde. Et un drame qui finit par… Meneghetti suggère plus qu’il ne montre même si la continuité du récit est on ne peut plus linéaire. Un dialogue amoureux des mots, des suggestions palpables, des non-dits qui veulent tout dire, texte écrit par Meneghetti et Malysome Bovorasmy, avec la collaboration de Florence Vignon, tous trois complices d’un récit sur la sexualité qu’on finit par assumer, à coups d’hésitations, certes, mais surtout, sans trop faire de bruit, avec délicatesse, en fonçant adroitement les portes de la rectitude, sans rien casser.Suite

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