SUCCINCTEMENT. Alors que la famille Abbott assiste au match de baseball de leur fils, un objet mystérieux enflamme le ciel. La foule, paniquée, quitte les lieux.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Dans la frayeur du silence
Comme dans le premier opus, le silence règne, mais ici, le peu de dialogue est parfois incompréhensible, comme si les mots ne voulaient plus rien dire devant les agissements grandguignolesques des effroyables bêtes venues du ciel. Après un début des plus typiquement américain, l’incontournable partie de baseball entre deux équipes junior, les cieux annoncent leurs couleurs et c’est le début d’un combat pour la survie.
Fidèle à un cinéma grand public nourri de productions spectaculaires et d’effets spéciaux, sans oublier ces bestioles venues de l’espace pour coloniser la terre, John Krasinski veille sur la famille, sur cette institution inviolable et qui ici, est individualisée. Seule les Abbott comptent, la mère, les deux enfants et le nouveau-né. Le personnage de Lee, incarné par un Krasinski en puissance disparaît très vite du plateau, sans doute se voulant plus proche de la mise en scène, pour que tout se déroule comme prévu.Suite
SUCCINCTEMENT. Depuis l’enfance, Estella possède une intelligence vive et une confiance inébranlable. Toutefois, son naturel caustique, téméraire et désobéissant lui attire souvent des ennuis et l’isole de ses pairs.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
La version 1961 de One Hundred and One Dalmatians / Les 101 dalmatiens, signée Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wolfgang Reitherman, avait de quoi surprendre les petits et les moins jeunes. En 1996, Stephen Herek réalise une version avec personnages réels, comptant sur la férocité fantaisiste d’une Glenn Close survoltée. Emma Stone la remplace dans Cruella, de Craig Gillespie, à qui l’ont doit I, Tonya / Moi, Tonya (2016), sans aucun doute, son film phare.
Entre le queer camp et
la fantaisie d’une époque révolue
… mais séduisant pour
les nostalgiques invétérés.
Rien à voir avec les deux précédents volets car ici, c’est à l’apprentissage de Cruella que nous assistons, somme toute très peu discret. À juste titre, puisque la principale intéressée est devenue orpheline à un bas âge, mais demeurée depuis son enfance, une enfant précoce, différente, dont le comportement n’avait absolument rien à voir avec les jeunes de son âge, filles ou garçons.
Un apprentissage très peu discret.
Et une rencontre, celle avec deux jeunes lascars débrouillards avec qui elle forme une association de malfaiteurs au cœur tendre. C’est dans le Londres du milieu des années 1960, retravaillé par la personne responsable de la direction artistique, que le film se passe. On y croit, comme on n’y croit pas.
Mais la bande sonore, volumineuse, renchérit autant des tunes de ces années et d’autres de décennies précédentes, et qui font plaisir à réentendre. Rock et chansons douces se conjuguent au nom de l’anachronisme. Mais bon, nous sommes prêts à pardonner ce faux pas.
Divertissant dans toute sa splendeur, un peu vieillot mais efficace pour ceux qui n’ont pas oublié ce sens particulier du comportement et de la répartie. Quoi dire de plus ? le titre de notre article vous donne la réponse.
La première apparition de Thompson, lunettes de soleil cachant ses yeux, évoque de loin, et c’est bien « de loin », une Audrey Hepburn sortie tout de droit de Breakfast at Tyffany’s / Diamants sur canapé (1961), de Blake Edwards; mais peine perdue, puisque c’est la Meryl Streep de The Devil Wears Prada / Le diable s’habille en Prada (2006) de David Frenkel qui prend le dessus. Pour Emma Thompson, plus proche de celle-ci, bien que dans son jeu, prouvant qu’elle peut manipuler les différents registres.
Divertissant dans toute sa splendeur, un peu vieillot, mais efficace pour ceux qui n’ont pas oublié ce sens particulier du comportement et de la répartie. Quoi dire de plus ? le titre de notre article vous donne la réponse.
SUCCINCTEMENT. Iran, de nos jours. Quatre récits inexorablement liés l’un à l’autre. Dans un régime despotique où la peine de mort existe encore, des hommes et des femmes se battent pour affirmer leur liberté.
LE FILM de la semaine
CRITIQUE.
★★★★
texte Élie Castiel
Chacune des quatre parties qui constituent le récent film de l’Iranien Mohammad Rasoulof est une prise de conscience, une tentative de libération, de soi, de ses attachements envers autrui et encore plus instinctivement, de l’emprise d’un régime politique qui ne laisse aucun espoir à la réconciliation de la pensée libre.
Et pourtant, rien dans le comportement des personnages ne laisse deviner une telle emprise, une si forte répression morale et psychologique. Car chez Rasoulof, homme de peu de films, c’est la mise en scène qui exerce le principal vecteur de critique, d’analyse et de possibles argumentation.
Un des protagonistes se sentira opprimé, l’histoire d’amour entre deux jeunes gens, elle autant que lui, fournira des preuves entre le possible et l’irréalisable. Qu’importe puisque dans chaque partie, la réalisation mise surtout sur les visages, les expressions, des mouvements, des gestes, des particularités du mouvement physique quasi impressionniste. Tout est dans les intentions, les aveux d’une caméra qui, à travers son objectif, remet en causes les principes mêmes du cinéma.
Entre résistance et soumission
Rasoulof est un intellectuel des images en mouvement, ce qui n’empêche pas ses films, comme ce dernier, d’évoluer dans une réalité de toutes classes sociales. Mais on réfléchit aussi dans ses films. Et on parle, on dialogue, on émet souvent des perles de savoir du commun des mortels, comme du sage.
Le plan comme moyen de formaliser le discours.
La liberté est absente dans cette magnifique proposition cinématographique, une initiative hautement réfléchie, dont les deux premières parties sont un coup de poing aux spectateurs, sombres, efficacement menées par une caméra aussi indiscrète que curieuse et un sens du rythme qui ne dément jamais.
Une caractéristique de tout le cinéma iranien moderne. Et comme il se doit, l’émotion, l’affect, la vitalité de l’âme deviennent ici des éléments narratifs convertis du coup en espaces formels, comme la fabrication de certains cadres, plans, transitions. Le plan comme moyen de formaliser le discours.
Tout le monde a parlé des problèmes de censure avec l’Iran et de l’incarcération du cinéaste. Un régime étouffant. Et pourtant, des hommes de cinéma comme Rasoulof se débrouillent pour tourner, pour témoigner d’une situation inimaginable pour les créateurs. Entre le drame et la tragédie, les quatre parties forment un tout cohérent même si chacune d’elle forme un univers à part, touchant à des thèmes différents.
En somme, l’incomparable Mohammad Rasoulof revient, peut-être pas en très grande force comme dans ses films précédents, mais toujours aussi entêté que jamais par sa dénonciation indirecte d’un régime qui annihile. Dans Le diable n’existe pas, des récits sur la solitude, la famille, le renoncement, le rapprochement physique, la volonté innée de survivre corps et surtout âme dans un pays qui ne le permet pas totalement, montrent des personnages cherchant à se libérer, à respirer selon leur propre rythme.
La liberté est absente dans cette magnifique proposition cinématographique, une initiative hautement réfléchie, dont les deux premières parties sont un coup de poing aux spectateurs, sombres, efficacement menées par une caméra aussi indiscrète que curieuse et un sens du rythme qui ne dément jamais. La grande ville, la prison, la campagne, autant de lieux filmés qui correspondent à l’agitation ou à la passivité des gens, malgré eux, prisonniers d’un système ingrat et qui, contre toute attente, ou pas, malgré le passage du temps et un 21e siècle entamé depuis plus de deux décennies, ne cesse de se régénérer. Obéir, se laisser mourir.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Mohammad Rasoulof
Scénario Mohammad Rasoulof
Direction photo Ashkan Ashkani
Montage Mohammadreza Muini
Mohammad Rasoulof.
Musique Amir Molookpour
Genre(s) Drame à sketches
Origine(s) Iran Allemagne République tchèque
Année : 2020 – Durée : 2 h 31 min
Langue(s) V.o. : farsi, allemand; s.-t.f. / s.-t.a. There Is No Evil Sheytan Vojud Nadarad
Dist. [ Contact ] @ Acéphale
Classement Tous publics [ Déconseillé aux jeunes enfants ]