SUCCINCTEMENT En attente de décrocher un rôle important, le comédien parisien Jérémie Meyer peine à contenir ses élans de jalousie à l’endroit d’Albert, son conjoint vétérinaire.
CRITIQUE.
★★★½
texte Élie Castiel
En 2019, Pascal Bonitzer lui donne un rôle dans Les envoûtés, mais Nicolas Maury accumule les prestations dans une quarantaine de productions. Tourner était une évidence, et encore plus, un défi lorsque le sujet est d’autant plus controversé dans un territoire hexagonal de plus en plus dirigé vers la droite. Du moins, c’est ce que l’on sent sans doute à l’étranger. Et dire qu’on avait pensé que les Français étaient les gens les plus libres du monde en matière de choses liés à l’amour et à la sexualité. C’est vrai, mais d’un point de vue hétéronormatif. Point, à la ligne.
La relation qu’entretient Jérémie avec Albert, son amant, est faite d’affections, de je-t’aimes sporadiques, mais aussi de crises de jalousie de la part de Jérémie qui, lui, « aurait voulu être un artiste » dans un grand film.
L’enfant
presque
sage
Une intime sensation d’amour maternel… de regret ou de colère.
SUCCINCTEMENT Le groupe de musique québécois Les Cowboys Fringants joue ses pièces les plus célèbres un peu partout dans des paysages ruraux de la belle province.
Trois officiers de police sont aux prises avec les forces de l’ordre qui leur en veulent pour une affaire de meurtre impliquant le milieu politique.
CRITIQUE. texte Élie Castiel
★★★★
Un nom à retenir, un cinéaste indien qui tourne en malayālam. Son quatrième long métrage est une de ces rares perles qui nous rappellent que le cinéma est avant tout un art et non seulement une industrie, auquel on peut encore y croire et que partout dans le monde, existent des cinéastes prêts à tout pour montrer le présent, comme il est, imparfait, souvent impartial, humain parfois, un monde issu d’un 20e siècle qui s’est longtemps débattu pour annoncer une nouvelle ère qui allait tout changer.
Après Best Actor (2010), ABCD: American Born Confused Desi (2013) et Charlie (2015), Nayattu, qui veut dire « la chasse », est sans doute son meilleur, résultat d’un scénario de Shahi Kabir, ancien officier de police ayant signé le script de Joseph (2018), du cinéaste M. Padmakumar qui tourne, lui aussi, en langue malayālam.
L’utopie d’une
vérité originelle
Une puissante force de persuasion.
Une écriture irréprochable, claire, précise, évitant les écueils et dans le même temps prenant le spectateur pour quelqu’un qui réfléchit, qui peut encaisser à l’écran les dérives de notre monde. Pour Kabir, un style qui provoque nos sens, nos valeurs, notre vision du monde, droit au but, exclamant avec une force vertigineuse ce qui a toujours prévalu en Inde, pays démocratique pourtant, le modus operandi de la société, y compris le gouvernement : la corruption. Démographie sans cesse galopante, c’est le système de la débrouille pour la majorité pauvre. Les nouvelles enclaves d’une certaine bourgeoisie apparues depuis deux décennies se nichent aux conforts de l’Occident, les riches et les autorités travaillent main à la main et veulent conserver leurs privilèges, souvent illégalement acquis.
Mais il y a surtout une mise en scène. D’une droiture exemplaire. L’utilisation du format 1,66.1, comme pour neutraliser le cadre, l’ôtant de tout effet spectaculaire comme aurait été le cas avec le Scope. En même temps, dans certains passages, une caméra portative qui donne un temps documentaire comme si soudain la fiction dialoguait avec la réalité.
Une esthétique chromatique aussi où le brun domine, l’obscur aussi. Et souvent, c’est tourné la nuit. La route, l’asphalte devient une pièce à conviction, une sorte de témoin à charge.
Une fin brutale, coup de poing, mais dans le même temps tributaire d’une époque où, heureusement, existent des réponses à l’apathie généralisée. Martin Prakkat ne se force pas. Il filme comme il respire. Son film apparaît comme une véritable découverte.
De toute évidence, Nayattu est un film anti-Bollywood sans l’être exactement – les cinéastes de ce genre majoritaire critiquent, eux aussi, à leur façon, les travers de la société.
Dans le cas de Prakkat, un geste purement esthétique, non pas lancé par défi, mais tout au plus pour entamer un dialogue de la raison avec le spectateur. D’ailleurs, la mise en scène évite catégoriquement tout aspect intellectuel pour plutôt s’approprier le réel, donnant aux personnages secondaires autant d’importance que les principaux.
Et la finale, d’une puissante force de persuasion montre jusqu’à quel point la rédemption peut se déclarer sous différentes couleurs. La notion de rachat déconstruite, ramenée à sa plus simple expression; paradoxalement, c’est aussi synonyme de la défaite de la vérité, comme une utopie jamais réalisée. Une conclusion brutale, coup de poing, mais dans le même temps tributaire d’une époque où, heureusement, existent des réponses à l’apathie généralisée. Martin Prakkat ne se force pas. Il filme comme il respire. Son film apparaît comme une véritable bouée de sauvetage.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Martin Prakkat
Scénario : Shahir Kabir
Direction photo : Shyju Khalid
Montage : Mahesh Narayanan
Musique Vishnu Vijay Akhil Alex
Martin Prakkat
Genre(s) Thriller
Origine(s) : Inde
Année : 2021 – Durée : 2 h 04 min
Langue(s) V.o. : malayālam; s.-t.a. The Hunt
Dist. [ Contact ] @ Malayālam Cinemas
Classement Tous publics [ Déconseillé aux jeunes enfants ]