Félix et le trésor de Morgäa

PRIMEUR
Sortie
vendredi 26 février 2021

SUCCINCTEMENT
Un garçon va chez un ami pour confirmer l’accord sur le plan pour la prochaine semaine. Max est plus intéressé à son jeu vidéo et n’engrange pas tous les détails.

CRITIQUE.

★★ ½

texte
Luc Chaput

Aventure dans les îles

Le décor des Îles de la Madeleine dans le golfe du Saint-Laurent, magnifiquement recréé par la direction artistique de Philippe Arseneau Bussières, sert de lieu enchanteur à cette comédie d’aventures regroupant Félix, un facétieux garçon, son vieil ami Tom et deux animaux dépareillés, un perroquet qui semble sortir d’un film de pirates et Ulysse, un chat tendance chien fureteur et débrouillard. L’opposition entre la luminescence du village de départ et les noirceurs orageuses et annonciatrices de malheur de cette île au supposé trésor illustre trop aisément les limites de ce conte enfantin.

La mise en images et les dessins à chaque niveau de plan sont bien menés et de bonne facture. Mais la quête de Félix et Tom se déroule de manière gentiment prévisible, mêlant gags, retournements de situations et variations sur le temps qui passe dans une course poursuite. Certains traits satiriques sur la recherche effrénée de la jeunesse ou sur les citadins voulant débourser rapidement un très gros prix pour une résidence secondaire servent de clins d’œil aux adultes qui visionneront le long métrage accompagnant les plus petits auxquels ce film est destiné. Les acteurs rajoutent un certain supplément d’âme au déroulement de ce récit sur l’importance des liens familiaux.

La musique enveloppante de Gilles Léveillé ne réussit pas à masquer les faiblesses de ce long métrage moins accompli que Nelly et Simon : Mission Yéti, précédente offre de la même maison de production. On peut d’ailleurs regarder avec bonheur le court métrage Les yeux noirs du même réalisateur sur le site de l’ONF.

Les acteurs rajoutent un certain supplément d’âme au déroulement de ce récit sur l’importance des liens familiaux.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nicola Lemay

Scénario
Marc Robitaille

Effets spéciaux
Renaud Gilles

Montage
René Caron

Son
Jerome Boiteau

Genre(s)
Animation

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2021 – Durée : 1 h 25 min

Langue(s)
V.o. : français & Version anglaise

Felix and the Treasure of Morgäa

Dist. @
Maison 4 :3

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

La nuit venue

PRIMEUR
Sortie
vendredi 26 février 2021

SUCCINCTEMENT
Immigrant chinois sans papiers installé à Paris depuis cinq ans, Jin n’a d’autre choix que de travailler pour Xiè, le chef de la pègre chinoise auprès duquel il a contracté une importante dette.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Nocturne mélancolie

Cinq sujets courts, dont le plus emblématique demeure Suis-je le gardien de mon frère? (2013), puis, en 2019, un premier long métrage qui, doit-on ajouter, a divisé injustement la critique. Je me tiens du côté de ceux qui ont accueilli La nuit venue avec un bonheur certain, conscients de l’aboutissement d’un jeune metteur en scène corse qui filme les visages comme des tableaux de maître, qui sculpte leurs sentiments comme si on les filmait de l’intérieur, donnant à l’inconscient une nouvelle signification.

Hommage à un certain cinéma de genre, le film Noir (je ne me censure pas puisqu’il s’agit d’un genre établi depuis de nombreuses décennies n’ayant aucun rapport avec le racisme), son ambiance, ses ombres et ses lumières renouvelées par la magie attrayante de la couleur, ses codes narratifs voulant que les personnages sont, en principe, des gens perdus dans les tentacules de la grande ville, ici un Paris nocturne de deals, de boîtes de nuit, de récits charnels payés et, entre autres, de mafias locales qui ne jurent que par la violence et une idée fausse de l’honneur.

Farrucci a probablement été fervent cinéphile, du film d’auteur à celui grand public qui se démarque en défendant sa verve populaire consistant principalement à se divertir. Mais le réalisateur en a tiré les plus belles leçons, et dans La nuit venue, on constate dès le début une originalité bouillonnante qui ne déroge jamais.

 Ils n’ont rien à perdre et tout à gagner

Une histoire d’amour impossible, quasi tordue, pour certains improbable, pour rester fidèle à une des conditions du genre, mais pas n’importe laquelle. Celle entre deux écorchés de la vie, la prostituée/strip-teaseuse et le migrant, chauffeur de VTC parisien, à peine quelques mots de français. Et encore.

Du rapport entre ces deux individus – Camélia Jordana et Guang Ho, remarquables de prouesses dans l’art de l’interprétation, inspirés par tous les motifs d’une relation qui se veut amoureuse malgré tout, tentant le bonheur sans trop de dégâts – une évidence : ils n’ont rien à perdre et tout à gagner. Et en filigrane, dans leur course vers la félicité, quoique inatteignable, des thèmes qui ressurgissent comme par enchantement : l’ubérisation incontrôlable de la société urbaine, l’individualisme chronique qui fait mal, notamment dans les grands centres, le modèle chinois vécu en Occident qui ignore les mœurs de leurs pays d’accueil. Leur histoire est atteinte d’une mélancolie qui ne s’exprime que la nuit venue.

Je me tiens du côté de ceux qui ont accueilli La nuit venue avec un bonheur certain, conscients de l’aboutissement d’un jeune metteur en scène corse qui filme les visages comme des tableaux de maître, qui sculpte leurs sentiments comme si on les filmait de l’intérieur, donnant à l’inconscient une nouvelle signification.

Certes, La nuit venue n’est pas un très grand film, mais force est de souligner que dans un cinéma hexagonal qui cherche encore ses nouvelles voies et voix, Frédéric Farrucci peut s’affirmer heureux de contribuer positivement, à l’instar de son compatriote Pascal Tagnati avec son I Comete, d’une originalité qui donne la chair de poule autant par sa déconstruction narrative que par la puissance d’une mélancolie volontairement désincarnée. Film dont nous vous invitons à lire notre critique très bientôt.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Frédéric Farrucci

Scénario
Benjamin Charbit

Frédéric Farrucci
Nicolas Journet
Laurette Polmanss

Direction photo
Antoine Rorouty

Montage
Mathilde Van de Moortel

Musique
Rone

Son
Philippe Grivel

Photo de tournage @ Koro Film

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2019 – Durée : 1 h 35 min

Langue(s)
V.o. : français, chinois ; s.-t.f.

La nuit venue

Dist. @
K-Films Amérique

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Minari

PRIMEUR
Sortie
vendredi 26 février 2021

SUCCINCTEMENT
Une famille américano-coréenne déménage dans une minuscule ferme de l’Arkansas, à la poursuite de leur propre rêve américain.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Une vielle dame explore avec son petit-fils les recoins forestiers de la propriété de son gendre et de sa fille. Elle y trouve un ruisseau et dit à ce dernier que cela sera parfait pour la plante qu’elle a apportée de son pays natal.

Cette ferme est située en Arkansas dans les années 1980 et constitue le lieu voulu par Jacob pour sortir de son emploi journalier de vérificateur de poussins dans une entreprise d’élevage de poules. L’aspect du lieu et sa distance de la ville la plus proche et de son nécessaire hôpital agresse Monica et cela est l’une des sources de discordes entre ces parents de deux jeunes enfants. David le benjamin semble être l’alter ego du réalisateur qui a transformé cet aspect autobiographique dans une chronique familiale se déroulant pendant environ une année.

Steven Yeun, acteur déjà célèbre pour la télésérie The Walking Dead, s’investit dans ce personnage si loin du riche Ben dans Burning (Beoning) de Lee Chang-dong. Au fil des événements, il en montre les failles, les joies et les peines dans le déroulement d’une quotidienneté malmenée par les écarts de température et autres vicissitudes. L’actrice sud-coréenne Han Ye-ri joue à armes égales avec Yeun, prenant sa place dans la direction commune des affaires familiales. C’est pourtant l’arrivée de la grand-mère qui apporte une note discordante et enjouée à cette famille dans laquelle la religion chrétienne a pris une grande place.

Prendre racine

Une quotidienneté malmenée par diverses vicissitudes

Youn Yuh-jung, l’interprète habituelle d’Im Sang Soo, ancre de manière plus charnelle ce rapport à la nature que Jacob entrevoyait techniquement comme porte de sortie. La mise en scène adroite de Cheung permet aux acteurs de s’épanouir dans un environnement différent. Le scénario amène organiquement des changements de tons entre gags risqués, échanges intergénérationnels et rencontres avec des personnages incongrus et attachants de la Bible Belt.

En mettant plus de la moitié des dialogues en coréen dans un long métrage se déroulant dans une région américaine souvent mal perçue, ce cinquième film du cinéaste s’inscrit naturellement dans la suite de deux films de Jan Troell, Les Émigrants (Utvandrarna) et Le nouveau monde (Nybyggarna), portant sur l’expérience de prendre racine ailleurs comme l’accomplit cette Oenanthe javanica qui est le nom scientifique de la plante qui donne son nom au film.

Le scénario amène organiquement des changements de tons entre gags risqués, échanges intergénérationnels et rencontres avec des personnages incongrus et attachants de la Bible Belt.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Lee Isaac Chung

Scénario
Lee Isaac Chung

Direction photo
Lachlan Milne

Montage
Harry Yoon

Musique
Emile Mosseri

Son
James Russell

Kent Sparling

Lee Isaac Chung en tournage > @ Joe Rushmore/A24 

Genre(s)
Chronique familiale

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 55 min

Langue(s)
V.o. : anglais, coréen ; s.-t.a.

Minari

Dist. @
Entract Films

Classement
En attente

En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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