SUCCINCTEMENT Pour l’aider à retrouver sa fiancée kidnappée devant ses yeux, Romain, médecin en hôpital psychiatrique, n’a d’autre choix que de faire évader son patient Léo Milan, qui prétend être un agent secret.
SUCCINCTEMENT Le quotidien de Joan et Tom, mariés depuis de nombreuses années, est dramatiquement perturbée lorsque Joan reçoit un diagnostic du médecin qui bouleverse leur vie.
CRITIQUE
texte Élie Castiel
★ ★ ★½
Dans la vie publique, Lisa Barros D’Sa et Glenn Leyburn forment un couple; dans leur métier, réalisent ensemble si l’on tient compte du court sujet The 18th Electricity Plan (2006) et deux longs, dont Good Vibrations (2012). Leur troisième opus vibre en raison d’un titre tout à fait original qui présente l’amour comme une évidence : comment vivre l’affectif lorsqu’on a vécu longtemps une vie plus ou moins paisible et que le destin, d’un coup, sans qu’on s’y attende, nous réserve des surprises.
Mirages
de la vie
Avec Ordinary Love, les deux cinéastes proposent leur film, sans doute, le plus personnel, nonobstant s’ils ont vécu ou pas l’expérience que vivent Tom et Joan – lui, un Liam Neeson débarrassé de tous ces films où il prend la justice en main propre, et Lesley Manville, qui donnait diablement et étonnamment la réplique au formidable Daniel Day-Lewis dans le superbe Phantom Thread, de l’incontournable Paul Thomas Anderson.
Affronter la douleur, apprivoiser la peur de la finitude, de la solitude aussi, mais faire face à ces inconvénients de l’existence avec une sérénité qui donne au film son caractère, non seulement neutre, mais lui évite le pathos larmoyant. La co-réalisation procède par petites doses (visites médicales, conversations, champs/contrechamps où l’émotion est plus sincère que travaillée, mise en exergue) équilibrées, comme si le récit ne tenait qu’à un fil qui pourrait se briser d’un moment à l’autre.
Les protagonistes de cette histoire douce-amère sont de la classe moyenne, formés de gens éduqués, sensibles, imparfaits, conscient des changements sociaux (et sans doute politiques), des gens pas souvent montrés à l’écran par les temps qui courent. Cela fait plaisir à voir. Mais pour nous tous, les communs des mortels, impossible de nier que « la vie n’est pas un long fleuve tranquille ».
Certains émettront des réserves en ce qui a trait à des séquences un peu trop directes, ne laissant pas la possibilité aux spectateurs de deviner. Dans un monde d’aujourd’hui où les sensibilités individuelles sont à fleur de peau, où certaines choses ne peuvent pas être ni dites, ni encore moins montrées, un univers où le populisme a atteint des niveaux d’intolérance comme jamais auparavant, Ordinary Love présente sa neutralité face aux multiples carences de la vie avec une charge émotionnelle, vive certes, mais dans le même temps indicible. Comme des choses qui nous paraissent utopiques, trop vraies pour que nous y croyions.
Les protagonistes de cette histoire douce-amère sont de la classe moyenne, formés de gens éduqués, sensibles, imparfaits, conscient des changements sociaux (et sans doute politiques), des gens pas souvent montrés à l’écran par les temps qui courent. Cela fait plaisir à voir. Mais pour nous tous, les communs des mortels, impossible de nier que « la vie n’est pas un long fleuve tranquille ».
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation Lisa Barros D’Sa Glenn Leyburn
Genre(s) Drame
Origine(s) Grande-Bretagne
Année : 2019 – Durée : 1 h 31 min
Langue(s) V.o. : anglais / Version française L’amour tout simplement
SUCCINCTEMENT Kartik aime Aman et veut l’épouser. Ils sont tous les deux gais. Les parents d’Aman font tout pour corriger cette situation. Mais Kartik n’a pas dit son dernier mot.
CRITIQUE. [ Sphères LGBT ]
texte Élie Castiel
★★★½
Premier long métrage de fiction de Hitesh Kewalya après le sujet court Rythmatics (2010), Shubh Mangal Zyada Saavdhan (en anglais : Be Extra Careful of Marriage) annonce un nouveau virage dans l’industrie bollywoodienne : la thématique LGBT. Jusqu’à présent, fortement sclérosée dans une dynamique hétérosexuelle exacerbée, la mouvance cinématographique indienne n’échappe pas à la règle du Prince charmant/Belle romantique, pourtant le plus souvent éloignée de la réalité et des enjeux sociaux d’aujourd’hui.
Petite mais courageuse révolution.
Enfin… un film ouvertement gai à Bollywood
La classe moyenne en Inde est maintenant plus imposante et ses représentants plus éduqués et ouverts au monde et aux choses de la vie. Si le thème de l’homosexualité a quand même été évoqué dans le cinéma grand public hindi, force est de souligner que c’est en grande partie sous la bannière de la caricature et/ou de l’extrême prudence. Un film comme Fashion (2008), de Madhur Bhandarkar, fait état d’exception à la règle. Mais là encore, le récit se passait dans le milieu de la mode. A-t’on besoin de plus d’explications?
Happy Ending! Et pourquoi pas. Le contraire et le film n’aurait servi à rien.
Nouveau départ avec Shubh Mangal Zyada Saavdhan, proposition d’autant plus risquée que le film bénéficie d’un scénario très bien écrit, sans équivoques, allant droit au but, n’esquivant aucune question sur le thème, évitant le moralisme encombrant et plus que tout, jetant les balises d’une nouvelle société, tolérante, ouverte aux diversités sexuelles.
Le plus grand mérite de Kewalya est d’avoir utilisé les codes chers et essentiels à Bollywood (flirt romantique, chants, chorégraphies, moments mélodramatiques… ), mais ici dans une réalité homosexuelle qui a du mal à s’imposer et, plus que tout, lutte. Les comédiens (tous remarquables) sont connus de l’industrie et du grand public, particulièrement dans le cas d’Ayushmann Khurrana, jouissant depuis de nombreuses années d’une grande popularité. Dans Shubh… , il vit sa sexualité au grand jour et se permet même quelques séquences d’anthologie, notamment lorsqu’il entame tout haut que l’homophobie est une maladie qui, pour l’instant, n’a pas de cure.
Happy Ending! Et pourquoi pas. Le contraire et le film n’aurait servi à rien.
À noter néanmoins que dans les sites cinématographiques d’ici, les films dits « ethniques » ne sont pas identifiés comme des Primeurs (ou à peine, avec très peu d’informations), alors que souvent, de grands réalisateurs signent et méritent une attention. Ce fut le cas il y a quelque temps avec le grand Sanjay Leela Bhansali. À bon entendeur, salut!
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation Hitesh Kewalya
Genre(s) Comédie
Origine(s) Inde
Année : 2020 – Durée : 2 h 23 min
Langue(s) V.o. : hindi; s.-t.a. Be Extra Careful of Marriage