Dear Evan Hansen

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 24 septembre 2021

SUCCINCTEMENT.
La lettre thérapeutique d’un adolescent solitaire qu’il s’écrit à lui-même aboutit dans les mains d’un étudiant qui doit gérer ses propres angoisses et incertitudes.

CRITIQUE.

★★

texte
Élie Castiel

À travers le miroir sans tain

   Étrange. Il m’a semblé que les chansons entamées par les intervenants étaient des variations de la même – Juliane Moore, Amy Adams, notamment. Comme si la référence à la comédie musicale de Broadway, un franc succès, n’affichait qu’une chanson fétiche.

Mais plus que tout, Dear Evan Hansen, titre on ne peut plus convenu, faisant référence à l’objet en papier, celui par qui le scandale arrive –  pose sérieusement le problème de la transposition à l’écran d’oeuvres théâtrales. Comment arriver à reconstruire un univers bien ancré dans un espace limité et inerte dans un autre aux milles possibilités?

Couloirs interminables d’école secondaire. Intérieurs cossus où le malheur se joint à la résilience (un peu trop rapide pour les parents de Connor – particulièrement Amy Adams, forçant la note); les personnages s’avouant vaincus devant la proposition du scénariste Steven Levenson, plus apte à réinventer l’œuvre originale que de s’appuyer sur des détails importants.

Brad Platt joue le rôle d’un adolescent de 17 ans perdu dans sa timidité qui l’oblige à presque déformer son dos, courbé jusqu’à le rendre bizarre dans ce corridor-passage d’école qui ressemble plus à une cour de récréation.

 Entre Evan (droite) et Connor (gauche), une possible relation intime poussée sans doute par
ce partage d’angoisses communes. Dans les yeux des scénaristes, motus. Bien trop risqué.

 

La timidité rend parfois désagréable, c’est comme ça, et c’est le cas de cet Evan, non seulement replié sur lui-même, mais faisant preuve d’un nombrilisme exacerbé. Délaissant un peu de côté les drames de la classe ouvrière, plus rassembleur et faisant souvent preuve de considérations collectives, la bourgeoisie américaine est vue ici comme faisant partie d’un univers clos à partir duquel le reste du monde serait absent – vêtements des étudiantes et étudiants, propreté de l’établissement scolaire, vie étudiante quasi immaculée… – bien entendu, impossible d’éviter les cellulaires, ces monstrueuses pièces à conviction qui ont fait de la vie privée une utopie irréconciliable.

Même la fin, heureusement filtrée de zones grises (c’est bien comme ça) nous rend compte d’un état des lieux d’une certaine Amérique : replis sur soi, problèmes familiaux malgré les conforts atteints, millénariaux qui semblent se diriger vers un inconnu plus incertain que libérateur. Mais surtout, rapport freudien à l’existence hérité de leurs parents.

La mise en scène reste bancale, l’interprétation obsessive, la proposition déjantée par tant de considérations, la plupart maladroitement imbriquées.

La faute à qui? les Baby-Boomers, trop peureux de vieillir, leurs enfants, le plus souvent élevés dans une fausse liberté et un refus presque catégorique, dans certaines familles ou groupements familiaux, de remplacer le discours sociopolitique par un rapport à la psychanalyse, voir même thérapeutique, de sa propre condition. Moi et rien d’autre.

La mise en scène reste bancale, l’interprétation obsessive, la proposition déjantée par tant de considérations, la plupart maladroitement imbriquées. Et non pas dommage, car la proposition tient sur cette idée du miroir sur soi-même, quitte à oublier les autres ou inventer des histoires, comme c’est le cas de l’adolescent Evan, malgré les conséquences que cet acte peut avoir sur les autres, particulièrement en cette pandémie incurable des nouvelles technologies.

Et puis, entre Evan et Connor, une possible relation intime poussée sans doute par ce partage d’angoisses communes. Dans les yeux des scénaristes, motus. Bien trop risqué.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Stephen Chbosky

Scénario
Steven Levenson

D’après sa comédie musicale

Direction photo
Brandon Trost

Montage
Anne McCabe

Musique
Justin Paul

Dan Power

Genre(s)
Drame musical

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 2 h 11 min

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Cher Evan Hansen

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures Canada

Classement
Visa Général

En salle(s) @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]