Hôtel Silence

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 29 mars 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
En proie à une crise existentielle, Jean décide de se rendre dans un pays détruit par la guerre afin, croit-il, de se retrouver, mais rien ne se passe comme prévu.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

 

Exil indicible

 

Léa Pool, l’éternelle exilée malgré son statut, ici comme à l’étranger, de cinéaste reconnue, récompensée, encensée par la critique aussi bien que le public.
Justement, parce que c’est de l’ailleurs, de l’errance, de cette disposition à quitter son lieu originel pour s’implanter dans un autre part inconnu. Se refaire soi-même et sa propre Histoire.

Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait choisi le roman de l’Islandaise Auður Ava Ólafsdótir pour renouer avec ses thèmes de prédilection qui font partie intégrantes de son ADN. Mais aussi, et sans doute, surtout, le cinéma de Pool, et ici, plus que jamais, est un lieu de passages provisoires, de ces pas parmi la foule qui promettent, mais ne promettent rien en fin de compte.

Et si recommencer était du royaume du possible ?

C’est un cinéma de sensations, d’états d’âme, de liens avec le passé, de remorts, de peur, de souffrances et surtout de mal-de-vivre. Jean ou la fuite vers l’ailleurs pour se débarrasser de son problème existentiel. Et ce regard, dans la maison de retraite, jeté à sa mère, qui semble avoir bien compris.

Un cinéma aussi de la conscience qui, par un mouvement lucide de la mise en scène, s’illustre à l’écran vertigineusement. Et jamais sans observer de près ce que signifie le mot « émotion », non pas celle des larmoyants incessants, mais de celle qui étouffe notre cœur intérieurement et qui se laisse deviner.

Un récit dans ce film, pas nécessairement. Une écriture scénaristique qui relève de l’indicible, de la simplicité comme elle doit être, d’une attitude presque zen des choses.

Le film est volontairement chargé parcimonieusement d’émotion dans un lieu imprécis conquis par la guerre, car nous l’avons bien compris ; dans tous les conflits d’aujourd’hui, tous les pays finissent par se ressembler, n’offrant que l’exil comme pièce de rechange.

Nous sommes dans un pays ravagé par la guerre où la survie est une question de « croire encore ». Une histoire d’amour qui aurait pu s’établir entre Jean, l’exilé (très bon Sébastien Ricard, visage cinégénique par excellence) et Kristina (toujours efficace et magnifiquement belle Irène Jacob, qu’on aurait voulu voir plus souvent). Mais il ne s’agit pas de cela. C’est de l’errance temporaire, le temps de se ressourcer dont il est question. Pour repartir à zéro.

Dans un autre ordre d’idée, force est de souligner que le cinéma de Léa Pool est celui d’un Québec universel, entré dans la communauté des nations, un cinéma qui s’exporte grâce à son universalisme inconditionnel.

Le film est volontairement chargé parcimonieusement d’émotion dans un lieu imprécis conquis par la guerre, car nous l’avons bien compris ; dans tous les conflits d’aujourd’hui, tous les pays finissent par se ressembler, n’offrant que l’exil comme pièce de rechange.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Léa Pool

Scénario : Léa Pool ; d’après le roman Ör  (Flèche), d’Auđur Avan Ólafsdótir | Direction photo : Denis Jutzeler | Montage : Michel Arcand | Musique : Mario Barkovic.

Genre(s) : Drame psychologique | Origine(s) : Canada / Suisse | Année : 2023 | Durée : 1 h 40 min | Langue(s) : V.o. : français ; s.-t.a. > Hotel Silence.

Léa Pool

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale
[ Louise Productions ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien

 Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]