Kuttey
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 janvier 2023
Par une nuit pluvieuse dans la banlieue de Mumbai, trois bandes ennemies se croisent et mènent une lutte serrée.
CRITIQUE.
★★★ ½
Début honorable dans le long métrage pour l’Indien Aasmaan Bhardwaj,
fils de Vishal Bhardwaj, lui-même impliqué dans la production de Kuttey.
Un film qui, dès le début, affiche ses attributs en termes d’écriture, de
mise en scène et d’originalité dans la bande-son, signée Vishal Bhardwaj.
texte
Élie Castiel
Pour un film de l’industrie Bollywood, Kuttey s’impose par la pertinence de sa proposition, éviter les récits qui s’étirent en longueur, se limitant à moins que 120 minutes, véritable bravoure. Mais plus ça, il y a un état d’esprit. Aasmaan Vishal ne veut compter que sur lui, laissant libre cours à son imagination, réinventant les règles, les codes de la mise en scène traditionnel.
Quitte à désemparer le spectateur. Effectivement, dans le déroulement presque totalement irrespectueux de l’horizontalité, le jeune cinéaste nous perd intentionnellement.
Chiens
de
paille
Du coup, des personnages venus d’en ne sait où se présentent, comme ça, à l’improviste. Et puis, munie d’un courage qui lui sied à merveille, Bhardwaj nous reconduit à bon port, pour nous égarer de nouveau. Ces multiples va-et-vient entre la logique – à un moment donné, il sera question de cette notion philosophique qui implique la « raison » et l’incohérence. Les personnages, tous des acteurs et actrices exceptionnels à ce jeu des chats et des souris.
Mais plus que tout, Kuttey est un film d’anti-héros. Tous et toutes ont quelque chose (ou plusieurs choses) à se reprocher. On pourrait dire « Un pour soi, tous pour personne… », comme si dans ce monde de trafic de drogue, de corruption, de flics qui ne croient plus au système, de faux-héros qui, à la toute fin, réalise que… En un mot, des « chiens de paille », des boucs émissaires aussi bien pour les uns que pour les autres.
Ce héros est campé par Arjun Kapoor, valeur sûre à Bollywood, se servant de son physique, pas nécessairement de top-model, mais jouissant d’une virilité incontestable qui ne l’empêche pas de, du coup, de montrer son côté vulnérable.
Et cette volonté, presque comme une profession de foi pour Aasmaan Bhardwaj : inventer une nouvelle forme narrative, à la fois séduisante et désorganisée, tout en divertissant le commun des mortels, même si celui-ci n’est pas toujours prêt à assumer la différence.
Coup de chapeau à l’élégante Tabu, qui a commencé sa carrière au début des années 80 et campe ici un rôle de policière aux idées (ou plutôt, idéaux) bien arrêtées. Elle est toujours aussi amoureuse de la caméra qui la film avec une profusion débordante.
Non pas un film « grand public » malgré les nombreux rebondissements; au contraire, un récit qui donne à réfléchir sur les codes secrets de la scénarisation (ici, volontairement tordue), la mise en scène qui se perd et se retrouve, s’invente des paramètres tout en les déconstruisant sans cesse et cet amour inconditionnel du cinéma.
Et cette volonté, presque comme une profession de foi pour Aasmaan Bhardwaj : inventer une nouvelle forme narrative, à la fois séduisante et désorganisée, tout en divertissant le commun des mortels, même si celui-ci n’est pas toujours prêt à assumer la différence.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Aasmaan Bhardwaj
Scénario
Aasmaan Bhardwaj
Vishal Bhardwaj
Images : Farhad Ahmed Dehlvi
Montage : A. Sreekar Prasad
Musique : Vishal Bhardwaj
Genre(s)
Action
Origine(s)
Inde
Année : 2022 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.
Dogs
Dist. [ Contact ] @
[ Vishal Bhardwaj Films ]
Diffusion @
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]