Laal Singh Chaddha

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 août 2022
[ Sortie avancée : Jeudi 11 août 2022 ]

SUCCINCTEMENT.
Laal Singh Chaddha, un homme simple dont le parcours extraordinaire change la vie de ceux et celles qui l’entourent.

CRITIQUE.
★★★

texte
Élie Castiel

Une question

de

concepts culturels

Bien entendu, il y a des réalisateurs comme Sanjay Leela Bhansali ou encore mieux, Anurag Kashyap qui, eux, ont réussi à atteindre l’ADN analytique des critiques occidentaux.

Pour la très grande partie des films bollywoodiens, l’Occident a énormément de difficulté à saisir les paramètres et les niveaux culturels d’une civilisation millénaire qui se vit, encore aujourd’hui, à travers ses traditions ancestrales, des compromis avec la modernité, des façons de vivre impossible à s’en débarrasser, des rapports avec la vie et la mort particuliers; des particularités que l’industrie Bollywood tente de reproduire en la remettant chaque fois en question. Mais la plupart du temps avec le facteur « émotion », devenu dans notre concept de vie une notion « taboue ». Au cinéma, pire encore.

Le fameux Metascore (sorte de Bible pour certains accros) a attribué un faible 44 % à Laal Singh Chaddha, très libre adaptation du Forrest Gump tant élogié de Robert Zemeckis.

Un rappel quand même important : pour une grande partie de la critique indienne occidentalisée, Bollywood n’est pas une si belle vitrine aux yeux du monde. Ils suivent la même méthode que leurs coreligionnaires étrangers. On soulignera que, par ailleurs, Bollywood s’occidentalise de plus en plus. Dommage.

D’une part, IndieWire (80 %) mentionne que le film d’Avait Chandan est  « A faithful adaptation that still finds the space to lean into specific cultural influences, deep history, and lovely visuals. », tandis que le Austin Chronicle (30 %( suggère que Laal Singh Chaddha demeure « Between the neutered and uninspired adaptation, the direction that seems satisfied relying on shots that already exist rather than building something new, and the gobsmaking, borderline offensive portrayal of the lead character by Khan… Laal Singh Chaddha is a big miss. »

Les deux mots clé dans cette phrase « offensive portrayal », ayant causé un tohu-bohu dans l’industrie bollywoodienne. Des recherches dans Google vous aideront à saisir l’ampleur de ce petit drame interne à l’industrie.

Et si finalement, ils « voulaient s’épouser… »

Au contraire, le jeu d’Amir Khan se renouvelle de scène en scène. Dès l’instant où dans train, il raconte son vécu à une foule intéressée par son histoire. Le concept de l’oralité est ainsi établi, sincère, parfois survolté, inventant des situations et des personnages selon comment travaille son cerveau. Et Khan participe à ce jeu entre le réel et le filmé, entre la condition mentale du personnage et le désir de normalité. Par ailleurs, ces flashbacks permettent une petit histoire des événements politiques survenus en Inde, comme l’assassinat d’Indira Ghandi. Cette partie est cependant maladroitement servie.

Certes que des personnages secondaires pourraient être mieux développés, mais l’ensemble, tout en reconnaissant qu’il s’agit de l’adaptation libre (et non pas une reproduction) d’un classique-culture américain, insiste (et c’est tant mieux) pour conserver les valeurs culturelles indiennes tout en les remettant en cause, notamment sur la question des femmes – Kareena Kapoor par toujours convaincante.

Et dans la finale, la boucle est bouclée de façon majestueuse, fidèle à une certaine tradition. Après le très beau Secret Superstar (2017), Advait Chandan réussit malgré tout un petit tour de force avec ce second long métrage.

Qu’importe, le film mise sur l’émotion et sur ce chapitre, ça fonctionne du moment où on se laisse emporter par ce sentiment si éloigné, aujourd’hui, de notre quotidien. C’est un atout propre à Bollywood, parfois manipulateur, tantôt fonctionnel. On peut également compter sur la direction photo de Satyajit Pande (du très beau Dangal / Wrestling Competition, de Nitesh Tiwari, toujours avec Aamir Khan) et sur l’inimitable contribution de Pritam à la direction musicale.

Comme plusieurs films bollywoodiens, Laal Singh Chaddha est un mélange d’éléments filmiques qui, par le biais d’un message social, contribue, ne serait-ce que subrepticement, à bousculer les valeurs conservatrices de la majorité des Indiens. Si les Occidentaux arrivent à saisir cette dynamique, ces films peuvent être perçus différemment.

Et dans la finale, la boucle est bouclée de façon majestueuse, fidèle à une certaine tradition. Après le très beau Secret Superstar (2017), Advait Chandan réussit malgré tout un petit tour de force avec ce second long métrage.

N’eût été de son adaptation d’un film important du cinéma américain et du fait que la Paramount est, en partie, notamment en Europe, associée à la distribution, les quelques critiques des États-Unis auraient ignoré le film.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Advait Chandan

Scénario
Atul Kulkari
D’après la scénario de Eric Roth
pour Forrest Gump, de Robert Zemeckis

Direction photo
Satyajit Pande

Montage
Hermanti Sarkar

Musique
Pritam

Advait Chandan.
Adapter en demeurant
fidèle à une certaine tradition.

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Inde

Année : 2021 – Durée : 2 h 39 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.

Laal Singh Chaddah

Dist. [ Contact ] @
[ Incendo Media ]

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]