Les tricheurs

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 août 2022

SUCCINCTEMENT.
Florence, Hubert et André se sont donné rendez-vous pour une ronde de golf par un bel après-midi d’été. Les deux premiers forment un couple, André est un ami proche et un partenaire d’affaires d’Hubert. Arrive alors Michel, un golfeur solitaire au charisme particulier.

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.
★★★★

texte
Élie Castiel

En 2019, Mont Foster, son premier long métrage, nous avait séduit par son écriture ciselée, rappelant comme nous le mentionnons, le cinéma d’Alain Jessua. Cette fois-ci, une nouvelle plume dans la scénarisation du second opus, Les tricheurs. Une plume acerbe, pince-sans-rire, jouant avec la langue comme s’il s’agissait d’un combat entre la logique et le non-sens, entre ce qui étonne et qui laisse faussement indifférent, puisque le film joue souvent avec la notion du double : émotion-insensibilité, énigme-découverte, sexe-sexualité (qui ne veut pas nécessairement dire la même chose). Dans l’ensemble, ce qui paraît comme une absence de pathos, sauf celui du cinéma : tourner dans un lieu quasi-unique (excepté pour quelques retours en arrière ou plutôt brefs moments parallèles pour illustrer tels ou tels propos).

Règlement(s)

de

comptes

Un jeu à quatre par le biais d’un partie de golf, peu ordinaire, véritable prétexte à un règlement de comptes – on ne dira pas grand-chose, sauf qu’il est en partie question d’une maison pour personnes âgées – on arrête là. Trois hommes au mi-temps de l’âge et une femme, belle, sculpturale, qui a décidé d’avoir la même liberté de jeu (dans tous les sens du terme) qu’eux.

Dans un genre d’exercice qui rappelle le cinéma d’un Wes Anderson, pour son côté absurde ou encore d’un Roy Andersson, mais tout de même moins toxique, bien que… Godbout philosophe, à leur instar, avec un brin d’espièglerie entre les mots de la tendresse ordinaire et ceux du constat social.

Comment régler ses différents!?

Mais Godbout demeure intègre. Ses références à ces deux cinéastes ne sont pas des calques, mais des clins-d’œil, tant par la portée de la mise en scène, folle, ludique, teintée d’une étrange sensation d’absence en même temps que par ces fausses idées que rien ne se passe dans cette étrange « partie de compagne » inusitée où les personnages, bien que réels, bâtissent un jeu de correspondances et de champs/contrechamps qui les situent dans un non-lieu, un endroit neutre, pire encore un espace idyllique serein où tout peut arriver.

Le quatuor dont il est question : Hubert (très efficace Benoît Gouin), André (excellent Steve Laplante, jouant la carte des divers registres), Michel (Alexandre Goyette, entre l’air candide et la révolte intérieure) et Florence (Christine Beaulieu – découvrir son jeu est en soi une énigme insoluble tant la comédienne s’emploie de façon brillante à brouiller les pistes).  Et soulignons la présence de Sébastien René (rôle de Sepp), dans une prestation inégalée.

Louis Godbout explore son côté homme-de-pensée sans trop de démonstration, sur la pointe des pieds malgré les apparences, laissant intentionnellement le soin aux spectateurs de s’interroger sur leur présent taciturne. Le cinéma québécois est ainsi à l’ère de l’universalité, jouissivement différent dans ses propres termes.

La fin nous laisse pantois et établit admirablement bien les rapports sociaux de notre civilisation occidentale contemporaine. Sans trop dévoiler, entre les vrais et les faux sentiments, entre l’attrait du sexe et le néant, entre la responsabilité sociale et l’inconscience sans doute non préméditée.

Ce récit contemporain, faisant allusion, notamment par ses dialogues, à l’incommunicabilité ambiante, est pourtant réhabilité par l’extraordinaire bande sonore de Jean Massicotte et Guy Bernier, notamment pour leurs sonorités hindoues (sitar, tablas).

Louis Godbout explore son côté homme-de-pensée sans trop de démonstration, sur la pointe des pieds malgré les apparences, laissant intentionnellement le soin aux spectateurs de s’interroger sur leur présent taciturne. Le cinéma québécois est ainsi à l’ère de l’universalité, jouissivement différent dans ses propres termes.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Louis Godbout

Scénario
Louis Godbout

Direction photo
Jean-François Lord

Montage
Claude Palardy

Musique
Jean Massicotte
Guy Bernier

Réalisateur : Louis Godbout
Essayer chaque fois une nouvelle méthode.

Genre(s)
Comédie noire

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2022 – Durée : 1 h 33 min

Langue(s)
V.o. : français

Les tricheurs

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]