Les feuilles mortes

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 1er décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

Brève

rencontre

Contre la solitude, le cinéma, peut-être seulement cinéma. Et lorsqu’on est à deux, encore une fois, le cinéma.

Quoi de mieux, lorsque le récit suppose une variation utopiste de la vie. L’amour malgré tous les inconvénients, malgré un salaire de misère autant pour elle que pour lui.

Plus qu’un film sentimental, Les feuilles mortes est un film sur le cinéma – toutes ces affiches qui rappellent qu’il fut un temps où… – Ces références renvoient aux films que ces deux âmes seules iront voir, comme Brief Encounter (Brève rencontre), le très beau film de David Lean, ou encore Le mépris, pour certains le meilleur de Jean-Luc Godard, ou bien Rocco et ses frères (Rocco et i suoi fratelli), l’un des plus beaux de Luchino Visconti. Des films d’amour où les relations se compliquent au gré du temps et des situations.

Ici, entre Ansa (elle) et Holappa (lui), campés par deux excellents comédiens, Alma Pöysti (elle) et Jussi Vatanen (lui), totalement engagés dans des rôles non pas de composition, mais jouant la carte de la distanciation, mais assez pour qu’on puisse voir en eux une flamme qui ne brille pas trop, mais juste ce qu’il faut pour voir que le courant passe. Il y a quelque chose de Bressonien dans leur jeu d’interprétation, comme pris dans une distanciation quasi épidermique.

Lieu idéal pour un rendez-vous

Jamais Kaurismäki n’aura atteint sa cible de prédilection, l’art qu’il professe. Le cinéma, puis rien. Car il contient tout ce que la vie procure. Et c’est avec un sentiment de plénitude qu’il réunit deux êtres à la recherche de l’âme sœur. Jansa est un femme pleine de maturité. En général, les femmes le sont plus que les homme; Holappa, comme plusieurs de sa condition, se perd dans la boisson contrer ses ennuis et sa solitude. Sans oublier les nuits du Karaoke qui unissent provisoirement ces passagers de l’absence d’amour.

Lui qui, en premier lieu aussi, n’est pas prêt à ce qu’on lui dise quoi faire. Orgueil de mâle. Un thème romantique que certains cinéastes auraient traité à l’eau de rose, mais sous la houlette kaurismäkienne se permet des touches poétiques, des récits anecdotiques qui passent à une vitesse émanant quasiment du rituel.

En poursuivant les anachronismes, les défis amoureux et planifiant de plein gré une finale magnifiquement orchestrée, Aki Kaurismäki participe de cette volonté de croire encore en quelque chose de meilleur.

Et cette volonté  de la part du réalisateur de diriger les comédiens en leur sommant d’allier mélancolie, un peu de tristesse, un vague à l’âme inexplicable beaucoup plus que du spleen de circonstance. Ce n’est pas la première fois que Kaurismäki parle d’amour. Ces films en sont auréolés, même si c’est sans excès. Et un lieu, une Helsinki presque de studio, bâtie sur mesure pour les besoins d’une histoire d’amour, ici, inhabituelle. Le cadrage carré, les couleurs aux tons automnales virant sur le brun, parfois diaphane, les plans souvent fixes, tous ces éléments filmiques participent de ce mouvement de correspondances qui propulsent les personnages autant que les spectateurs dans des zones grises.

Kaurismäki revendique cette proposition puisque originale, propre à lui, parfois laissant penser que dans son vécu, il a pu avoir des sensations ou se trouver dans des situations comme dans le cas des protagonistes.

Les chansons, d’origines diverses, souvent italiennes, mais chantées en finlandais, sauf dans le cas d’un Carlos Gardel, en espagnol, Arrabal amargo, un classique du genre, se situent en dyschronie avec les nouvelles à la radio (un poste d’un autre âge). On parle du conflit russo-ukrainien et de Volodymyr Zelensky.

En poursuivant les anachronismes, les défis amoureux et planifiant de plein gré une finale magnifiquement orchestrée, Aki Kaurismäki participe de cette volonté de croire encore en quelque chose de meilleur.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Aki Kaurismäki

Scénario
Aki Kaurismäki
Direction photo
Timo Salminan

Montage
Samu Heikilä
Musique
[ Chansons d’origines diverses ]

Genre
Drame sentimental

Origines
Finlande / Allemagne
Année : 2023 – Durée : 1 h 21 min

Aki Kaurismäki

Langue
V.o. : finlandais; s.-t.f. ou s.-t.a.

Fallen Leaves
Kuolleet lehdet

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ FilmsWeLike ]

Diffusion @
Cinéma du Musée 
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa Général

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]