Les Olympiades

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 15 avril 2022

SUCCINCTEMENT.
Paris 13e, quartier des Olympiades. Emilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux.

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★ ★ ★

texte
Élie Castiel

Contes

im)moraux

Faut-il être adepte de la bande dessinée d’Adrian Tomine pour adhérer à ce film atypique de Jacques Audiard, toujours aussi jeune à 70 printemps, dérogeant de son corpus habituel pour se rapprocher d’un Rohmer-âge d’or ou encore d’un (Louis) Garrel trop souvent captif de sa logorrhée sentimentale ?

Chassés-croisés qui finissent par se réaliser, plus sexuels que sentimentaux, ou encore les deux. Le regard : au féminin ; rien de nouveau, donc, dans le paysage du cinéma hexagonal qu’on peut, à la rigueur, considérer, selon le cas, de misogyne, la femme toujours atteinte de cette obsession démesurée pour la surenchère affective.

Les Olympiades, ce territoire parisien particulier aux habitations de la nouvelle modernité, donc branché même si, économiquement, on n’arrive pas toujours à souscrire. Mais dans l’Hexagone, tout est rhétorique, éloquence, verbe, paroles qui réussissent à convaincre et savoir conjuguer le verbe « aimer » et se permettre certaines extravagances immobilières, quitte à…

Audiard (fils bien sûr) du magnifique The Sisters Brothers / Les frères Sisters (2018), un autre écart bienvenu de sa filmographie classique, se permet d’explorer ce genre maintes fois appliqué par les auteurs mentionnés. Aucune envie d’imiter; au contraire, déconstruire en quelque sorte les nouvelles de Tomine dont il question pour en déduire les contours les plus passionnants.

Une certaine anatomie du désir.
Elles le regardent. Il regarde ailleurs, mais qui?

Il peut quand même compter sur deux autres plumes, celles-ci féminines, d’une part, Léa Mysius, scénariste-réalisatrice, dont l’excellent Ava (2017) et Céline Sciamma, du très beau Petite maman (2021). Le résultat : un film trop écrit, sans laisser nulle place à l’improviste, voire même l’inattendu. Mais une mise en scène ludiquement embrouillée qui s’adapte néanmoins à tous ces tours de passe-passe qui consistent à redéfinir autant l’espace que les situations.

Paris, à partir d’une terrasse, lorsque deux êtres sont là regardant l’horizon où la Eifel assume sa majesté, ou se regardant pour raconter l’amour, les relations, les rapports hommes-femmes, n’est plus une ville extraordinaire, mais le « conteur » d’un espace particulier qui défie les autres grandes villes du monde. Et d’où jaillit un humanisme difficile à expliquer.

Et dans le concret, encore une fois, pour l’Homme, contrôle, raisonnement, clarté, sexe lorsqu’il le faut, même si c’est souvent; pour la Femme, elle peut être attirée par lui ou par une autre femme. Paris 13e, quartier des Olympiades. Emilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux.

Paris, à partir d’une terrasse, lorsque deux êtres sont là regardant l’horizon où la Eifel assume sa majesté, ou se regardant pour raconter l’amour, les relations, les rapports hommes-femmes, n’est plus une ville extraordinaire, mais le « conteur » d’un espace particulier qui défie les autres grandes villes du monde. Et d’où jaillit un humanisme difficile à expliquer.

Mais Les Olympiades, c’est surtout le trajet singulier d’un septuagénaire, qui se travestit pour la circonstance, dans l’univers particulier de l’amour chez les nouvelles générations. Les trentenaires, peut-être à peine un peu plus, l’âge où tout explose et on est prêt à tout sacrifier pour achever un certain équilibre sentimental ou sexuel. En fait, se saisir corporellement, se fondre dans l’autre. Pour ensuite parler de l’amour. Tout le contraire des autres générations. Sans doute que les vertus imprudentes des nouvelles technologies (Internet en tête) y sont pour quelque chose.

Le désir domine les corps et l’espace, et tous les comédiennes et comédiens participent à son appel.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jacques Audiard

Scénario
Jacques Audiard
Léa Mysius
Céline Sciamma
D’après les nouvelles d’Adrian Tomine
Amber Sweet, Killing and Dying
Summer Blonde & Hawaiian Gataway

Direction photo
Paul Guilhaume

Montage
Juliette Welfging

Musique
Rone

Jacques Audiard.
Que se passe-t-il devant?

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 45 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-.t.a.

Paris, 13th District

Dist. [ Contact ] @
MK2 | Mile End

Classement
Interdit aux moins de 16 ans
[ Érotisme ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]