Made in Bangladesh
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vendredi 5 juin 2020
SUCCINCTEMENT
Le combat d’une jeune ouvrière dans un atelier de production à Dacca pour monter un syndicat.
INÉDIT
EN SALLE
texte
Élie Castiel
★★★★
À mesure que le temps passe, on constate de plus en plus que le XXIe siècle sera, dans le domaine du cinéma, intrinsèquement femme. Nonobstant tous les #MeeToo de ce monde, le combat se poursuit ailleurs dans plusieurs autres domaines de la vie sociale et politique, sans compter les rapports à reconstruire ou dans certains cas déconstruire entre les femmes et les hommes.
Bangladesh, un des ses nombreux endroits du monde en Asie où des ateliers de production visent à fournir des produits de consommation à des compagnies étrangères. Attitude tiers-mondiste oblige, ces ouvrières, la grande partie, des femmes, sont exploitées. Ateliers insalubres, conditions d’hygiène discutables, systèmes de ventilation désuets, risque d’incendies… C’est là l’idée de base du capitalisme sauvage.
Une femme sous influence
À Dacca, dont il est question dans Made in Bangladesh, Shimu, jeune femme de 23 ans dont la mari ne travaille pas, est employée dans une de ces manufactures où l’état délabré de l’endroit s’ajoute aux bruits des aérateurs d’un autre âge et aux crépitements de vieilles machines à coudre de marques différentes. Et de l’autorité des dirigeants-hommes dont la délicatesse et le bon soin des employées n’est pas monnaie courante. En somme, l’exploitation à haute tension.
Troisième long métrage de Rubaiyat Hossain, une des rares femmes-cinéastes au Bangladesh, après les contestataires et sociopolitiques Under Construction (2005) et Meherjaan (2011), signe ici une œuvre lumineuse, emportée par le désir de changement. Mais sans larmoiement, sans apitoiement, déjouant les règles d’un Bollywood pas si lointain pour prôner un cinéma interventionniste, mais loin du militantisme pesant et tendancieux des années 1970, 80 et même 90. Féministe, sans doute pas, mais touchée par la grâce d’être femme et de rendre justice à un système de valeurs imparfait.
Rikita Nandini Shimu joue le rôle de Shimu, celle par qui le changement arrive, avec autant de délicatesse, de subtilité et, avec le temps, de pugnacité exubérante qui la place au rang des gagnantes. Elle éclate dans sa beauté aussi innocente que sauvage.
La mise en scène de Hossain, proche du documentaire, évite le côté sensasonnaliste de bas étage, filme l’essentiel, s’en tient au sujet dont il est question. Elle bénéficie par ailleurs de la direction photo aventureuse de Sabine Lancelin qui se glisse dans les endroits les plus inattendus avec une curiosité agréablement maladive et le montage magnifiquement structuré de Sujan Mahmud et Raphaëlle Martin-Holger.
Monter un syndicat est le but de Shimu même si elle doit faire face à la corruption des patrons et d’un gouvernement aussi déliquescent. Si elle y parvient, c’est bel et bien que les choses se transforment, même si pour cela, il faudra sans doute attendre encore longtemps.
NOTE
Les fonds amassés dans la vente des billets virtuels servira à soutenir la programmation des salles indépendantes du pays, dont le Cinéma du Parc, et qu’elles puissent rouvrir sur des bases solides. Cinémas participants :
Human Rights Watch Film Festival (Toronto, ON)
The Vancity (Vancouver, BC)
Cinéma du Parc (Montréal, QC)
Calgary International Film Festival (Calgary, AB)
Art Gallery of Hamilton (Hamilton, ON)
City Cinema (Charlottetown, PEI)
Civic Theatre (Nelson, BC)
Hyland Cinema (London, ON)
Sudbury Indie Cinema (Sudbury, ON)
Metro Cinema (Edmonton, AB)
Countryfest Community Cinema (Dauphin, MB)
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Rubaiyat Hossain
Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Bangladesh
Année : 2019 – Durée : 1 h 35 min
Langue(s)
V.o. : bengali; s.-t.a.
The Women Behind the Label
Shimu [ titre de travail ]
Dist. @
Films We Like
[ En collaboration avec le Cinéma du Parc
& In association with Hollywood Suite ]
Classement
Non classé
Diffusion virtuelle au Québec @
Cinéma du Parc
[ Cinéma en ligne ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]