A Simple Wedding

SORTIE
dvd

Vendredi 5 juin 2020

SUCCINCTEMENT
Une jeune femme américano-iranienne dans la trentaine, libre et moderne, résiste au souhait de ses parents de la voir mariée.

INÉDIT
EN SALLE

texte
Élie Castiel

★★★

Une chose est claire à Hollywood : certains groupes ethniques s’emparent lentement de l’industrie du cinéma, subrepticement, sans trop de bruit, pour affirmer leur intégration, voire même dans certains cas, leur assimilation, à une Amérique soi-disant accueillante. Les Asiatiques l’ont fait il y a quelque temps avec Crazy Rich Asians (2018) de Jon M. Chu. Un succès inattendu. Ces nouveaux jeunes réalisateurs ne feront pas comme d’autres, importés, tel que Ang Lee (Brokeback Mountain / Souvenirs de Brokeback Mountain (2005) ou autres consorts privilégiés.

L’intégration…

  mais pas au nom de l’assimilation

À son actif, deux épisodes de téléséries et quatre sujets courts avant de se lancer dans l’aventure d’un premier long métrage. L’américano-iranienne Sara Zandieh assume sa condition de femme émancipée, de réalisatrice à part entière dans une industrie, en général, masculine, blanche et hétérosexuelle. D’où un scénario, certes convenu, mais qui dépasse les lois de la gravité en imposant certains personnages dont l’orientation sexuelle se définit en zones grises. Et trêve de plaisanterie, elle normalise cette condition en humanisant avec une confiance aveugle des protagonistes qui nous ressemblent et nous rassemblent malgré les obstacles. Zandieh semble très bien connaître le milieu qu’elle expose avec un goût détonnant de l’humour et du bon goût.

La comédie romantique suit les codes de la narration classique, format tabou par les temps qui courent, se permet des moment d’émotion pour plaire à la majorité et, mine de rien, prend totalement en charge sa condition de film mainstream.

Elle est musulmane et bien entendu, hétéro, mais ouverte d’esprit. Il est peut-être non-croyant, mais né chrétien et pas certain de son orientation sexuelle (son père a laissé sa mère pour un homme), même si plus proche de la femme.  Une mission ardue pour Nousha (très talentueuse Tara Grammy) qui essaiera, sans agressivité tout de même et espérant le pire, de l’attirer dans son camp. Besoin du scénario oblige, on devine la suite.

Mais A Simple Wedding est aussi un film d’acteurs où Shoreh Aghdashloo (remarquée dans The Promise de Terry George et quelques autres productions internationales) montre jusqu’à quel point elle entame un dialogue amoureux avec la caméra de Ziv Berkovich, originaire du Kazhastan – même directeur photo que dans l’excellent Golden Voices (Kolot Reka’a) de l’Israélo-russe Evgeny Ruman. La musique de Nima Fakhara anime cet ensemble d’individus de milieux différents qui tentent de cohabiter en usant d’une dose d’humour et d’américanitudes oscillant entre le bon sens et l’excès.

Chose certaine, l’idée de la réalisatrice n’est pas de montrer la culture iranienne en Amérique dans son ensemble, mais de donner un aperçu de ce qu’elle peut être. Dans un sens, elle semble privilégier l’intégration, sans nécessairement l’assimilation, notamment dans l’intime, le privé.

Comme c’est le cas de la majeure partie des mariages mixtes entre ceux issus de la diaspora et les insulaires, les mariages seront célébrés selon la tradition des nouveaux venus. Comme quoi, même dans l’intégration, les traditions persistent. C’est là une simple constatation.

Quant à la mise en scène de Zandieh, les codes de la comédie romantique demeurent aux beau fixe, fidèle à l’attente des spectateurs, provoquant par-ci par là quelques ramifications bienvenues, sans vraiment battre en brèche les fondements du genre. On soulignera une petite pierre, voire même un simple caillou lancé contre le patriarcat qui, de plus en plus, ne cesse de battre de l’aile un peu partout en Occident.

Chose certaine, l’idée de la réalisatrice n’est pas de montrer la culture iranienne en Amérique dans son ensemble, mais de donner un aperçu de ce qu’elle peut être. Dans un sens, elle semble privilégier l’intégration, sans nécessairement l’assimilation, notamment dans l’intime, le privé.

Mais en fin de compte,  malgré tout, Nousha n’a-t-elle pas épouser les rudiments de la rectitude? À moins que…

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sara Zandieh

Genre(s)
Comédie romantique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 28 min

Langue(s)
V.o. : anglais, farsi; s.-t.a.
A Simple Wedding

Dist. @
[ Blue Box Entertainment – États-Unis ]

Classement
G
[ États-Unis ]

En DVD @
Amazon et autres points de vente

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]